So many questions... I need answers! [Abby]

Je trouvais mon idée complètement dingue. Tout comme l'explication qu'ils nous avaient donné sur le départ de cette navette. Mais j'avais l'impression qu'on nous baladait pour mieux nous endormir... Sans que je comprenne pourquoi, d'ailleurs.

Alors, j'avais commencé a faire plus attention a ce qu'il se passait dans l'arche. Aux gens plus "haut placé" et je sentais que je touchais quelque chose du doigt, sans pouvoir mettre un nom dessus. Au bout de quelques jours, je perdais patience. Tout le monde connaissait les rumeurs, mais vraies réponses!? Wick y allait bon train avec ses suppositions mais ça ne m'aidait pas. Sans compter que, la dernière fois, on m'avait à nouveau fait dégager quand j'avais voulu rendre visite a Finn. Qu'est ce qu'il se passait a la fin?!

"Une épidémie", c'était quoi encore cette nouvelle invention pour m'éloigner de mon petit ami? Combien de temps ça allait prendre? Quel genre d'"épidémie" c'était? Est ce qu'il fallait que je m'inquiète? Pourquoi a ce moment la cette fichue nacelle s'était soit disant "décrochée involontairement"? Pourquoi j'avais l'impression qu'on l'avait bien plus aidé qu'on voulait nous faire croire?

C'était frustrant toutes ces questions et gonflant de voir que personne ne semblait avoir de réponses. Bien sur chacun y allait de son petit commentaire, moi la première... Mais au bout d'un moment ça devenait plutôt chiant. Les nacelles n'avaient jamais eu de problèmes jusque la, nous vérifions chaque semaines toutes les petites failles extérieurs. Je savais mieux que quiconque ou se situait les problèmes. Bon, peut être pas sur le bout des doigts non plus, mais en tout cas mieux que Jaha qui se contentait de rester dans son bureau.! Et c'était lui qui informait la population de ce "problème technique" (même pas sûre qu'il ait posé la question a un tech' ou un ingé)?! Ça me faisait bien rire! Surtout que, bien entendu, il nous mettait légèrement au passage la responsabilité de ce problème (indirectement, mais quand même!)... Enfin ça c'était une autre histoire.

J'avais cherché a contacter quelqu'un qui aurait pu m'aider a en apprendre plus, mais je me prenais plus de refus qu'autre chose. Sachant que ça allait être compliqué de m'incruster dans la salle de contrôle ou de surveillance l'air de rien, je décidais de tenter une autre approche. C'était pas Wick qui allait m'aider a en savoir plus de toute façon. Et l'ambiance commençait a me rendre folle.

Après ma dernière heure de travail, j’abandonnais mes collègues pour aller fouiner discrètement dans les couloirs. Le regard appuyé d'un de mes collègues au moment ou je les abandonnais ne réussit pas a me faire changer d'avis.

Quelques gardes patrouillaient, comme toujours, mais je savais que si je restais quelques minutes adossée pas loin de la porte je ne devrais pas avoir de problèmes. Qu'est ce qu'il pouvait bien me dire de toute façon? De dégager de la? Je n'aurais qu'a attendre quelques minutes pour revenir après.
Et puis, j'avais quand même le droit de rester dans les couloirs si ça me chantais! Finn me disait toujours que j'avais tendance a trop l'ouvrir et que ça risquerait de m'apporter des problèmes. Et depuis son absence, j'avais essayer de tenir ma promesse. Mais y'avait des limites et ma patience avait été plus qu'atteinte.

Comme par exemple la, tout de suite, j'avais bien envie d'aller taper a la porte en hurlant "qu'est ce que c'est tout ce bordel?!". Mais on était sur l'arche. Et faire ce tapage signerait sans doute mon arrêt de mort.
Je soufflais tout en fixant la porte. Les gardes étaient passés devant moi sans me regarder... Pourtant je n'étais pas loin de la salle de contrôle, ça aurait pu être louche. Enfin, j'allais pas me plaindre d'avoir la paix et d'avoir croisé des gardes pas très intelligents. Maintenant, fallait juste espérer que ça soit bien le Docteur Griffin qui sorte de la et rapidement. Sinon j'étais bonne pour attendre des années dans ce couloir pourri.

Je regardais les gens passer dans le couloir, même si y'en avait pas des masses a chaque fois ils se retournaient sur moi. Je haussais un sourcil agacée, sans pour autant leur dire de passer leur chemin. Attendre n'était pas vraiment quelque chose que j'aimais faire... Et rester la a glander dans le couloir me soulait. Heureusement la porte commençait enfin a s'ouvrir. Je me redressais, prête a me diriger d'un pas rapide vers la personne qui allait en sortir. Mais... Pas tant que je ne savais pas qui sortait de la. Si c'était le vice chancelier, j'avais aucune chance pour avoir des réponses.
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Abby posa ses coudes sur le rebord du panneau de contrôle devant elle et plongea sa tête entre ses mains. La jeune femme prit une profonde inspiration et tenta de reprendre un minimum de contrôle sur son corps. La faim, la fatigue et toutes les émotions par lesquelles elle était passée suite à son arrestation commençaient à se faire sentir. Sa tête lui tournait légèrement et elle avait de plus en plus de mal à cacher le tremblement de ses mains.

La conseillère pouvait sentir les regards inquiets que lui jetaient régulièrement Callie et Jackson, mais pour le moment aucun d’eux n’avait encore oser lui faire de remarque. Du moins jusqu’à maintenant.

En effet, Abby sentit une main bienveillante se poser sur son épaule et elle ne fut pas surprise de découvrir sa meilleure amie à ses côtés lorsqu’elle releva la tête.

« Tu devrais faire une pause, » lui conseilla la jeune femme en lui frottant affectueusement le dos.

La conseillère secoua négativement la tête et reporta automatiquement son regard sur les constantes de Clarke.

« Non ça va, » répondit-elle en croisant les bras sur sa poitrine afin de se redonner un minimum de constance.

« Tu ne seras plus en mesure d’aider ces enfants si tu ne prends pas un minimum soin de toi. Accorde-toi au moins une demie-heure, je te promets de venir te chercher si quelque chose évolue, » insista Callie très sérieusement.

Abby laissa échapper un profond soupir puis acquiesça légèrement en se mordillant la lèvre inférieure. Au fond d’elle, la jeune femme savait parfaitement qu’elle ne pourrait pas continuer ainsi. Il fallait au moins qu’elle s’hydrate si elle ne voulait pas faire un malaise. Inconsciente elle ne serait effectivement plus d’aucune utilité. Un verre d’eau et une gélule de vitamine devraient faire l’affaire pour les douze prochaines heures.

« D’accord, » accepta-t-elle finalement à contre cœur, tout en sachant que la demie-heure se transformerait en moins de dix minutes.

La conseillère s’éloigna en direction du SAS et tapota le code afin d’ouvrir les portes. Abby jeta un dernier coup d’œil au profil de Clarke puis quitta la salle de surveillance de la Terre.

A peine avait-elle fait quelques pas dans le couloir qu’une silhouette appuyée contre le mur attira son attention. La jeune femme fronça les sourcils. Que pouvait bien attendre cette jeune fille ? Elle ne faisait clairement pas partie du personnel autorisé et n’avait donc aucune raison d’être ici.

« Vous attendez quelqu’un ? », lui demanda-t-elle en s’arrêtant à sa hauteur après avoir jeté un bref coup d'oeil aux gardes qui ne semblaient pas s'offusquer outre mesure de la présence de la jeune fille.

Fallait croire que c'était mon jour de chance! La personne qui avait ouvert la porte était celle que je voulais voir. Pas besoin de signaler ma présence, puisqu'elle s'était avancée d'elle même vers moi. Je jetais un rapide regard vers les gardes qui nous ignoraient royalement. Ils devaient sans doute être à l'ouest pour ne pas m'avoir vu. Enfin, le docteur semblait bien plus fatiguée qu'eux et elle, elle me voyait... Le niveau pour le recrutement de gardien à sacrément baissé, faut croire.

La question du doc me fit sourire en coin. Ouais. Vous. C'était peut être un peu trop direct, mais bon j'allais pas parler tranquillement alors que mon petit ami et certains de mes potes étaient sans doute en danger. Je croisais les bras, essayant de ne pas m'énerver tout de suite. Parce que toutes ces rumeurs avaient fini par me faire imaginer les pires choses et j'avais envie de connaitre enfin la vérité. C'est a propos de la quarantaine et du virus dans la prison...

Un de mes collègues m'avait dit que c'était contagieux, d’où la quarantaine. Je trouvais ça un peu gros. Finn m'avait plus ou moins raconté ce qu'il s'y passait. Et ils avaient l'air bien plus cloitrés que ce qu'on pourrait croire. Alors une épidémie la dedans? C'était du pipeau, c'est clair. J'ai des amis la bas et... J'aurais voulu avoir des nouvelles. Mon ton s'était plus radouci, en partie parce que lui hurler dessus en la secouant n'était pas le mode le plus facile pour obtenir des réponses.

C'était elle la médecin et une des membres du conseil, elle savait forcément quelque chose. J'espérais juste qu'elle ne m'envoie pas bouler comme les autres parce que j'allais devoir mettre en place mon système D : passer par les conduits d'aérations. Les gens ne se rendent pas compte a quel point c'est facile d'observer sans se faire prendre la dedans.

Je réfléchissais tout en essayant d’être la plus clair possible. Si j'oubliais des détails j'étais bonne pour attendre des heures devant cette porte, a nouveau. Alors, avant qu'elle ne commence a me répondre, j'enchainais. La dernière fois que j'ai voulu aller les voir, les conduits n'étaient pas fermés... Si y'avait une épidémie vous n'auriez pas dû plutôt fermer circulation d'air? C'est vrai que c'était un détail qui m'avait fait réfléchir assez souvent. Celui la et celui de la navette. Un départ en catastrophe qui ne causait pas de dommages était utopique.

Mes cours d'histoires étaient peut être loin, mais je me souvenais encore très bien de la période "épidémie" dans un des chapitres. Notre prof nous avait bassiné sur cette histoire, il nous avait aussi expliqué les systèmes qui avaient été mise en place pour ne pas réduire la colonie au néant. Et quelques années plus tard j'avais bossé sur des réparation dans ces mêmes conduits. D’où le fait que j'avais rapidement compris que c'était un lieu pratique pour écouter des conversations.
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Si Abby se souvenait avoir déjà croisé la jeune femme, elle n’aurait su dire qui elle était ni de quelle station elle était originaire. D’ailleurs lorsqu’elle lui répondit que c’était elle qu’elle cherchait, la conseillère ne put s’empêcher d’arquer un sourcil, surprise. L’espace d’une seconde, Abby pensa que l’inconnue souhaitait une consultation et elle s’apprêta à lui dire qu’elle n’était pas de garde aujourd’hui, mais elle n’en eu pas le temps.

La jeune femme lui révéla le motif de sa présence et Abby se sentit prit de court. Elle s’efforça de garder un visage de marbre et se contenta d’acquiescer aux propos de l’inconnue. Cependant, la dernière remarque concernant les conduits d’aération la fit sourire intérieurement. Clairement, cette jeune fille avait de la suite dans les idées, la conseillère se devait donc d’être prudente.

« Malheureusement, je ne peux rien dire pour le moment, mais sachez que le virus ne se transmet pas par l’air, c’est pour ça que les conduits sont ouverts, » répondit-elle en s’efforçant de se montrer convaincante.

Si Abby s’était opposée à l’envoi des cent délinquants sur terre, elle était en revanche d’accord avec le conseil sur la question de la confidentialité de ce programme. Si les gens venaient à apprendre que leurs enfants avaient été envoyés à une mort certaine, une révolte allait éclater à coup sûr.

Thelonius venait à peine de se faire tirer dessus et personne ne savait pour le moment s’il s’agissait d’une tentative de coup d’état ou d’un acte plus personnel. L’annonce du départ des cent risquait de leur coûter cher à tous, d’autant plus que personne n’était encore en mesure de savoir si la Terre était ou non redevenue viable et Abby était plus que bien placée pour savoir que l’incertitude était pire que tout.

La conseillère savait par expérience que la plupart de ces jeunes auraient été éjectés à leur majorité, surtout en ces temps catastrophique, cependant elle savait également que chaque parents s’accrochaient désespérément à l’espoir que le conseil gracierait leur enfant. Tous réussissaient à tenir avec cette pensée et leur apprendre que la chair de leur sang leur avait été enlevée sans qu’ils n’aient eu la possibilité de leur dire adieu ne serait pas toléré. L’insurrection était aux portes de l’Arche.

« Mademoiselle... ? », lui demanda-t-elle afin de savoir à qui elle avait affaire.

Mouais. Finalement, moi qui pensais qu'elle aurait pu m'en dire plus et enfin être totalement sûre qu'il n'y avait pas de problèmes... Voila qu'elle me baratinait elle aussi. A croire que tout le conseil avait été briefé pour qu'aucunes vraies infos ne fuite. Il y avait quelque chose qui se tramait, maintenant j'en était persuadée.

Si le virus ne semblait pas complètement nocif, pourquoi nous avait on refusé complètement tout accès? Comme si avoir des contacts avec les prisonniers pouvaient compromettre quelque chose... Et puis, malgré moi je ne pouvais m’empêcher de penser aussi a cette histoire de navette. Il y avait un lien entre les deux. Ou du moins, ces deux histoires étaient en lien avec les décisions du conseil.

Je réfléchissais, sachant que c'était probablement le seul moment que j'aurais pour avoir des réponses. Il ne fallait pas le gâcher en poussant trop loin dans mes questions. Je savais, par expérience, que poser la bonne question pouvait braquer. Surtout dans cette situation tendue. Même si on ne savait pas vraiment ce qu'il se passait, impossible de ne pas passer à coté de cette ambiance électrique...

Reyes. Raven Reyes. dis je tout en me demandant si je pouvais lui poser cette autre question, qui me brulait les lèvres. Elle était membre du conseil, c'était sûr qu'elle savait bien plus de choses que moi. Ma question sur l'état de santé des prisonnier était normale, après tout, elle était médecin. Mais pour le reste, peut être que ce n'était pas vraiment une bonne idée.

Je décidais de continuer mes questions sur des choses que le doc pouvait répondre plus facilement, laissant mes interrogations sur ce départ précipité de navette pour plus tard...

On m'a dit qu'il fallait attendre 2 mois avant d'entrer en contact avec eux. Pourquoi autant de temps, si le virus ne semble pas si nocif? Surtout qu'on avait d'autres moyens pour rester en contact, comme les interphones. Mais visiblement les gardes avaient oublié ce détail. Ou ne voulaient simplement pas qu'on parle avec les prisonniers tout court...

Mais bon, peut être que je me trompais et qu'il y avait une bonne raison derrière tout ça? Peut être que ce virus se transmettait par les ondes de l'interphone qui sait, hein? Je me baffais intérieurement, ce n'était pas le moment de sortir une réplique bien placée. Cette femme restait supérieur a moi, elle ne réagirait pas comme certains de mes collègues.
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Abby acquiesça en entendant la jeune femme se présenter. Il lui semblait avoir déjà entendu son nom quelque part, ou bien, elle l’avait simplement lu sur un dossier. La conseillère chercha un instant dans sa mémoire en fronçant légèrement les sourcils et crut finalement se souvenir de quelque chose.

« Vous êtes de la station Mecha ? La nouvelle mécanicienne en gravité zéro ? », lui demanda-t-elle sur un ton totalement neutre.

Abby se souvenait avoir entendu parler de son dossier pour un souffle au cœur ou quelque chose de la sorte, elle n’en était plus tout à fait certaine. Il y avait de toute façon bien longtemps que la conseillère ne s’occupait plus des tests médicaux basiques. Être à la tête de l’équipe médicale et membre du conseil ne lui laissait plus vraiement de temps pour traiter des examens de routine.

Face à l’insistance de la jeune femme, Abby croisa les bras sur sa poitrine et la toisa légèrement. Certes, la conseillère pouvait parfaitement comprendre son inquiétude, cependant, en tant que membre du conseil, elle savait que ce genre de question pouvaient coûter cher. Il n’avait jamais été bon de poser trop de questions sur l’Arche et encore moins depuis ces derniers temps. Malheureusement, Abby ne pouvait décemment pas mettre en garde la mécanicienne au risque d’aiguiser encore d’avantage sa curiosité.

« Tout simplement parce que nous ne voulons prendre aucun risque. Vous me semblez assez intelligente pour comprendre que dans un lieu clos tel que l’Arche le moindre virus peut faire des ravages. », lui répondit-elle un peu plus sèchement pour lui faire implicitement comprendre que ses questions n’étaient pas les bienvenues.

Intérieurement Abby ne put s’empêcher de penser que la jeune femme avait bien fait de venir la questionner elle et non pas un autre membre du conseil. Tout le monde était sur les nerfs et Kane ne manquerait certainement pas de faire arrêter toute personne qui pourrait éventrer le secret concernant les cent.

« Vous allez devoir prendre votre mal en patience, j’en ai bien peur. », ajouta-t-elle avant de jeter un bref coup d’œil par dessus son épaule afin de s’assurer que personne ne s’intéressait de trop près à leur conversation.

J'arquais un sourcil, étonnée de voir qu'elle semblait me connaitre. Pas qu'on soit tous totalement inconnus sur l'arche, bien sur! Même si on était nombreux, on s'était tous, plus ou moins, vu au moins une fois. Et puis, si ça n'avait pas été le cas, les rumeurs allaient très vite dans le coin. Pas besoin de connaitre tout le monde.
Mais bon, j'étais une mécanicienne parmi d'autres... Même si j'étais une de celle qui avait fait le meilleur score au test d'admission depuis sa création, je ne pensais pas être si reconnue par un membre du conseil. Suivait il mon parcours de près? Devais je me méfier?

C'est ça. Dis je avec un sourire en coin. Pas besoin d'en rajouter plus, elle savait l'essentiel.

Maintenant, il allait être difficile de ne pas se faire repérer vu que la docteur savait qui j'étais. Raison de plus pour aller trainer dans les conduits et ne pas se faire voir... Puisqu'apparemment, elle ne semblait pas "chaude" a l'idée de tout raconter. Ce qui me fit encore plus douter.

Pourquoi ne pas rassurer le peuple plutôt que de les laisser paniquer avec toutes ces rumeurs? Bien que, pour la plupart c'était le départ de la navette qui les inquiétaient. Personnellement, c'était les deux choses qui m'intriguais. Mais le cas de mes amis était plus important.

Je hochais la tête suite a ce qu'elle venait de dire. Bien sur que je connaissais les risques! Mais ça ne m’empêchait pas de trouver ça suspect. Et puis, elle semblait être beaucoup sur la défensive, ce qui me laissait perplexe. Je comprenais que la situation pouvait être stressante, mais ce n'était pas la peine d’être désagréable non plus. Néanmoins, j'avais saisit le message : ce n'était pas la peine d'insister. Si je voulais des réponses il fallait juste patienter. Et ce n'était pas quelque chose que j'aimais faire.

Super... Murmurais je plus pour moi même qu'autre chose.

J'allais devoir attendre. Me faire encore tout un tas de scénarios pas possible avant d'avoir des réponses. Je préférais encore savoir que des gens étaient morts (et leurs noms, par la même occasion), plutôt que d'attendre dans le brouillard le plus complet. Il n'y a rien de plus agaçant que d’être mis a l'écart.
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« Je suis désolée, » souffla-t-elle sincèrement, avec un sourire triste.

Oui, Abby Griffin était sincèrement désolée de ne pas avoir été capable de contrer le conseil. De ne pas avoir été en mesure d’éviter que cent adolescents ne soient envoyés sur Terre pour une mission suicide. De ne pas avoir été en mesure de protéger son propre peuple des dérives inhumaines que certains membres du conseil semblaient vouloir imposer sans aucun état d’âme.

Face à cette jeune femme, Abby ne pouvait s’empêcher de penser à la douleur que toutes les familles maintenues dans l’ignorance allaient ressentir lorsqu’il ne serait plus possible de cacher la vérité. Le conseil n’avait pas encore tranché sur cette question, mais la conseillère doutait fort que les citoyens de l’Arche seraient mis au courant de cette mission suicide si celle-ci venait à échouer.

Qu’allaient-ils leur dire alors ? Que le prétendu virus avait décimé tous les jeunes délinquants ? Qu’une défaillance technique avait provoqué le décès de tous les prisonniers ? De tels mensonges suffiraient-ils à cacher l’horrible vérité ?

A cet instant, Abby ne put s’empêcher d’en douter. Cette jeune mécanicienne qu’elle avait en face d’elle n’accepterait probablement jamais de croire à de telles balivernes et elle ne serait sans aucun doute pas la seule. En faisant le choix de sacrifier en secret cent enfants, le conseil avait peut-être finalement fait sans le réaliser le premier pas vers l’anéantissement de la race humaine.

« Vous ne devriez pas rester ici. Cette partie de l’Arche n’est autorisée qu’au personnel habilité, » ajouta-t-elle en jetant de nouveau un furtif coup d’œil en direction des gardes qui surveillaient l’entrée de la salle de contrôle.

« Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je suis attendue, » mentit-elle avant de lui adresser un signe de tête et de s’éloigner de quelque pas.

Lorsque l’adolescente se retrouva derrière elle, Abby se mordit la lèvre pour se retenir de soupirer. Elle détestait avoir à mentir de la sorte, mais pourtant en ayant accepté de ne rien dire au sujet de l’envoi des cent sur Terre, la conseillère s’était rendue complice de cet abominable projet. Que dirait Jake s’il pouvait la voir ? Qu’avait pensé Clarke lorsqu’elle s’était réveillée dans cette maudite navette ? Que penseront tous ces gens qui lui avaient fait confiance, le jour où ils sauront que comme tous les autres membres du conseil, elle les avait trahis ?

Pas autant que moi. Dis je, déçue.

Du conseil c'était celle qui avait l'air plus humaine. Peut être aussi parce qu'elle avait perdu toute sa famille et qu'elle savait ce que ça faisait. Je ne la connaissais pas personnellement, mais j'avais appris que son mari avait été exécuté et que sa fille faisait partit des prisonniers. C'était la raison pour laquelle j'avais préféré avoir affaire à elle plutôt qu'à Kane ou même un autre conseiller.

Je devais être plutôt rassurée de voir que ce virus n'avait pas l'air très virulent. Enfin, je le supposais... Si ça avait été le cas, la docteur ne serait pas la à papoter tranquillement avec moi. Elle serait dans l'espace prison pour aider à soigner les blessés. Surtout si ça avait été vraiment grave, non? Sa fille était la bas et même si je ne savais pas combien de temps il lui restait, je doutais que sa mère la laisse mourir sans rien faire. Toutes les mères n'étaient pas comme la mienne, après tout.

Oui, je sais. Je savais très bien que je n'étais pas vraiment autorisée a trainer dans ce couloir. Mais avec mon statut, j'avais plus de chance de traverser certains couloirs que d'autres personnes. Pour accéder plus facilement à certains endroits, nous avions du passer certaines fois par ces couloirs. Peut être était ce pour cela que les gardes n'avaient rien dit? En plus de la fatigue ou du stress. Enfin, j'avais eu de la chance il ne fallait pas trop pousser.

Ok. J'étais déçue et énervée contre moi même. Et contre ce système mal fichu qui ne nous permettait pas de parler ouvertement avec notre hiérarchie. Si j'avais pu lui dire le fond de ma pensée, si j'avais pu lui poser les vraies questions ou j'aurais pu avoir de vraies réponses je l'aurais fait. Mais nous étions sur l'arche et les secrets étaient main courante par ici.

Au fait! Dis je alors qu'elle s'éloignait. Si jamais vous avez des nouvelles... Je laissais ma phrase en suspend, lui faisait comprendre qu'elle pouvait me prévenir d'un changement quelconque. Mais bon, vu qu'elle faisait partit des gens haut placés je ne pouvais pas trop lui demander directement ces choses la. C'était un peu comme si je demandais un crédit à la bourse d'échange ou au marché noir. Ça me faisait sourire rien que d'y penser.
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