Songes Pt.2 w/Clarke

Clarke n'existait pas. Elle était là, mais elle n'existait pas. Elle s'était formée en même temps que le décors forestier : les lignes étaient apparues, d'abord noires, grises, blanches, puis se nuançant peu à peu de milliers de couleurs. Le vert et le bleu ressortaient le plus au bord du petit ruisseau qui serait familier à Clarke si elle avait été là pour de vrai. Il aurait fait naître en elle tout un tas d'émotions contradictoires. De la nostalgie, peut-être, alors que cet endroit était un souvenir récent, autant pour elle que pour la femme des bois, Lexa, qui elle-même pouvait commencer à découvrir le décors que son esprit avait recréé pour elle. De la peine, ensuite, car autant Clarke que Lexa avait dû quitter cet endroit paisible pour retourner aux responsabilités qui les contraignaient à une vie de solitude et d'angoisse. De la peur. La peur que tout s'arrête encore une fois, si vite, si tôt. Lexa croirait-elle à un rêve ?

Le halo de Clarke la rejoignit, s'asseyant à ses côtés au bord du ruisseau. Elle prit sa main et la déposa dans l'eau pour lui faire ressentir l'eau douce et fraîche du matin. Le soleil se cachait encore derrière les arbres, incapable de voir les deux femmes cachées au milieu de la forêt. L'aube promettait une longue journée, de nombreuses heures libres, une vie entière pour un rêve. Clarke relâcha la main de Lexa. La sensation de l'eau était l'une des plus réelles. De quoi rendre l'illusion le plus crédible possible.
Clarke était là, près du ruisseau avec Lexa, comme si elles ne s'y étaient jamais quittées. Comme si elles y avaient toujours été. Elle lui offrit un sourire léger, calme, et plus elle observait le visage de Lexa, plus son sourire s'attendrissait. L'eau de ce ruisseau était peut-être miraculeuse, ou était-ce seulement une prouesse du rêve...

C'était facile de se retrouver en rêve. Il suffisait de fermer les yeux. Clarke était apparue en une seconde dans l'esprit de Lexa, et un sourire était né aussitôt. Cela trahissait peut-être la Clarke réelle, qui n'aurait pas réagi comme ça si elle avait vraiment été là. La Clarke réelle se sentait bien trop trahie, blessée, pour se contenter de sourire à la femme des bois et de lui prendre la main. Car si c'était aussi facile dans la réalité, elles n'auraient jamais eu à se séparer en premier lieu. Les yeux de Clarke se promenèrent dans l'eau claire du ruisseau. Les deux reflets s'y affichaient, et on pouvait voir au travers les lèvres de Lexa bouger. Ces retrouvailles avaient été une évidence. Lexa avait voulu la revoir, et elle rêvait maintenant d'elle. C'était facile de se retrouver en rêve. Il suffisait de fermer les yeux. Et de faire en sorte que le rêve ne tourne pas en cauchemar. La main de Clarke venait de glisser hors de celle de Lexa pour s'extirper de l'eau.

Le regard de Clake se promena au fond des eaux. Son sourire s'effaça doucement alors qu'elle semblait se perdre dans des pensées inexistantes. Son halo n'existait que par Lexa et elle pouvait disparaître en un instant.
- Je suis là tant que tu le veux, répondit-elle.
Seule Lexa pouvait décider de l'issue de ce rêve, si encore elle savait se montrer lucide. Autrement, son esprit transformerait le rêve à sa guise. Dans les deux cas, Clarke serait là, au bord du ruisseau, pour un moment. Un rêve comme celui-ci ne se terminait jamais rapidement. Comme pour le rappeler à Lexa, la main de Clarke plongea dans l'eau et lui envoya quelques gouttes d'eau fraîche au visage. De quoi rafraîchir la mémoire de la femme des bois sur les circonstances de leur séparation quelques jours auparavant.

Les mots traversèrent le halo de Clarke. Cette excuse existait quelque part, comme si elle pouvait atteindre Clarke, comme si celle-ci pouvait vraiment répondre. Comme si tout pourrait être réglé aujourd'hui au ruisseau. Ce moment était comme un renouveau, une remise à zéro, qui disparaîtrait aussitôt Lexa réveillée.
- Nous faisons tous des erreurs, répondit la voix calme de Clarke, je te pardonne.
C'était peut-être le plus horrible. Un pardon direct, tant attendu, pourtant irréel. Il était improbable que cette scène se rejoue dans la réalité. Clarke Griffin avait un caractère bien trempé, ce que Lexa avait pu noter dès la première rencontre, et il apparaissait évident qu'elle ne pardonnait pas aisément. Ce rêve était si loin de la réalité qu'il pourrait être difficile de croire que c'était Clarke, là, près du ruisseau. Si la Clarke du rêve devenait peu à peu comme la Clarke réelle, le songe pourrait vite tourner en cauchemar. Mais ce songe, tel qu'il était maintenant, n'était qu'un mensonge. Clarke était trop douce, trop gentille, trop conciliante, pour être réelle.

Elle n'ajouta pas un mot, comme si rien ne comptait, comme si elle n'avait aucune amertume envers la femme des bois qui l'avait délaissée. La silhouette de Clarke ne bougeait pas. La fille du ciel n'en avait que l'apparence, elle était vide à l'intérieur. Ce pardon était un souhait exaucé. Au vu de la fausseté de ce dernier instant, il aurait peut-être été préférable de souhaiter la colère de Clarke. Car une fois le pardon donné, le halo n'avait plus rien à ajouter. Il ne pouvait qu'offrir sa présence calme, non moins lourde à cause de son manque soudain de réalisme et de sens.
Le pardon était donné, et maintenant ?

L'atmosphère était douce, chaleureuse. Une ambiance que Clarke aurait aimé connaître, mais qu'elle ne croyait plus connaître un jour. Il aurait été bien, même pour quelques minutes, que ce rêve puisse être partagé. Mais les rêves ne se partageaient pas, et Clarke était très loin de s'imaginer que Lexa pensait ainsi à elle en ce moment même. Au cœur de la montagne, la délinquante gribouillait à la faible lueur d'une lampe sur la carte donnée par le Président Dante Wallace. Elle cherchait à sortir, retrouver les siens, aider ses amis, éclaircir ce conflit avec les natifs. Peut-être en apprendre plus sur la cheffe ennemie. Loin de ce rêve, Clarke essayait de ne pas penser aux yeux verts qu'elle avait croisés au plus mauvais moment possible. Loin du ruisseau, loin du moment de paix qu'elles avaient vécu. Tout un espoir brisé en un instant. Et en quelque sorte, cette désillusion se métamorphosa en onde pour atteindre l'univers de ce rêve.

Cet univers alternatif où Clarke et Lexa étaient débarrassées du poids de leur fonction et pouvaient vivre simplement. Elles pouvaient être qui elles souhaitaient être, elles pouvaient ressentir sans culpabilité. Un univers voué à succomber sous le coup fatal de la réalité. Il y avait un souvenir marquant du ruisseau qui n'avait jamais quitté cet endroit. En un rayon de soleil, l'onde fugitive vint frapper le corps de Clarke, et le sourire de la jeune femme s'effaça avant qu'elle ne perde toute énergie et ne s'écroule dans le ruisseau. C'était un triste rappel de l'éphémérité des choses. Le chaos revenait sans cesse, brisant les plus belles créations de la nature, ne laissant derrière lui que des bribes de vie. Le souvenir jouait le rôle du chaos, tandis que l'imagination luttait pour son moment. Mais en cet instant, Clarke s'était effondrée dans l'eau, comme lors de cette rencontre qui avait tant chamboulé les deux femmes.

C'était comme si Clarke n'existait plus pour un moment. Elle avait disparue, son halo prenant une toute autre forme, pour revenir à elle un instant plus tard. Il n'avait fallu que d'une seconde pour que Clarke soit effacée de l'esprit de Lexa. Les souvenirs ne suffisaient plus. Clarke peinait à exister, disparue sous la faible marée du ruisseau. Comme un appel à l'aide, le souvenir sauta une étape et Clarke se leva, les mains de Lexa quittant son visage.
Le même désespoir de Clarke était dessiné sur la figure pâle du halo. La même douleur, le regard noyé de larmes. La même Clarke que Lexa avait rencontré ici quelques jours plus tôt. Une Clarke brisée, qui malgré l'aide fournie n'avait pas été apte à rentrer seule au camp.

Et cette nuit, dans ce rêve aux couleurs vives, cette Clarke morne reprenait le chemin de la même façon. Comment faire pour que ce rêve soit de nouveau heureux ? Il s'était assombri d'un coup, et attendait une occasion pour revenir à la lumière. Deux pas et Clarke était hors du ruisseau, empruntant exactement le même chemin que la véritable Clarke avait utilisé pour quitter les lieux, ce jour où Lexa avait été obligée de la laisser partir. Mais dans ce rêve, il n'y avait plus aucune obligation.

Tandis que la véritable Clarke peinait à s'endormir, assaillie par les questions et les souvenirs, le halo au sein du rêve s'arrêta dans sa route. La main de Lexa venait de se refermer autour de son poignet, et le halo reprit des couleurs, s'illuminant pendant un instant comme s'il essayait d'envoyer ce moment-là à la jeune femme piégée au coeur de la montagne. Mais la magie n'existait pas, dans ce monde, et Clarke ne pouvait savoir que Lexa aurait voulu que les choses se fussent passées autrement. Ce qui se passait dans le rêve resterait dans le rêve. Exactement comme pour le rêve tourmenté de Clarke, Lexa ne saurait jamais que la jeune leader avait ainsi pensé d'elle. A moins qu'elles ne parviennent à outrepasser leurs fonctions pour parler vraiment, sans culpabilité. Mais pour le moment, il n'y avait que le halo de Clarke imaginé par Lexa, et c'était tout ce que celle-ci avait. La vraie Clarke existait bien, mais elle était hors de portée.

Rester. Lexa voulait qu'elle reste. Le souvenir voulait que Clarke quitte les lieux et s'effondre entre les arbres, mais la réaction de Lexa ici était toute autre. Cette dernière l'avait rattrapée et souhaitait la garder près d'elle. Clarke aurait voulu que ça se passe comme ça, Lexa voulait que son rêve se déroule ainsi. Alors, le halo laissa son poignet glisser dans la main de Lexa jusqu'à ce que leurs deux mains se rejoignent.
- Je ne vais nul part, déclara-t-elle. Tant que tu es là, je le serai aussi.
Elle lui sourit doucement, un petit sourire calmé par le contact de leurs mains. Le cauchemar se transformait en espoir. L'espoir de voir ce rêve se réaliser un jour.

Les bras de Lexa s'enroulèrent autour de Clarke dans une recherche désespérée de réconfort. Ce n'était pas pour Clarke qu'elle faisait cela, car Clarke n'était pas vraiment présente, mais pour se rassurer elle-même. Elle la tint fort contre elle, leurs bustes collés, et la tête de Clarke retomba sur son épaule tandis que sa main vint se perdre dans les tresses brunes. Clarke ne ressentait rien sous cette forme, elle agissait selon ce qui lui était dicté, et il lui était dit de garder la jeune femme tourmentée contre elle. Elle resta un long moment ainsi, tenant Lexa et non plus la Commandante qui avait disparue. Puis la brise joua avec leurs cheveux et Clarke repoussa doucement Lexa, sans lâcher la main tânée au creux de la sienne. Elle l'attira près du ruisseau et l'y fit s'asseoir. Assise cette fois, elle la reprit contre elle, son buste accueillant le dos de la brune. Le ruisseau s'écoulait calmement comme s'il comprenait l'atmosphère paisible de leur moment et souhaitait y participer.

Leurs mains entrelacées ne s'étaient pas quittées un seul instant que Clarke fit plonger le bout de leurs doigts dans l'eau tandis que son autre bras venait enrouler la taille de Lexa. Elle la colla contre elle, lui faisant office d'armure. Elle déposa sa tête sur l'épaule de la femme des bois et, dans un murmure, déclara :
- Je te protégerai, Lexa. Tu ne seras plus jamais seule.
Elle laissa sa tête appuyer légèrement sur l'épaule et ferma les yeux pour inciter la jeune femme à profiter de la sérénité du lieu. Elles ne risquaient rien ici. Dans ce rêve.

Clarke était accusée de mensonge, ou d'ignorance. Mais elle n'était qu'un rêve, elle ne pensait pas. Son esprit n'existait pas, puisque c'était Lexa qui la contrôlait. Lexa craignait peut-être de se voir trompée par sa propre illusion, un faux espoir douloureux au réveil. Il était normal de vouloir éviter de subir cela, mais le rêve n'était-il pas beau ainsi, comme il était ? Devait-on vraiment y ajouter des craintes quitte à prendre le risque de le faire tourner en cauchemar à nouveau ? Le halo ne bougea pas, faussant une réflexion, pour que sa réponse paraisse plus réelle à la femme des bois. La vraie Clarke n'aurait jamais dit une telle chose à Lexa, car elle n'était pas apte à se protéger elle-même, alors protéger quelqu'un d'autre, qui plus est une cheffe de guerre, paraissait être une tâche digne d'un guerrier. Clarke, elle, ne savait combattre. Elle avait l'esprit, mais pas le physique. On le voyait au premier regard. C'est pourquoi le halo répondit :
- Elle pourrait l'être, si tu la vois ainsi. Y vois-tu quelque chose de compliqué ? Elle resserra son étreinte, ses lèvres frôlant la mâchoire de Lexa, et ajouta en un murmure : Quand je te tiens ainsi, vois-tu un quelconque problème ?

Elle resta immobile, son souffle calme, chaud, chatouillant la peau lisse de la femme des bois. Elle souleva leurs mains entrelacées, sans détourner le regard du profil de Lexa, et laissa ses doigts glisser entre les siens, sans jamais les lâcher, mais avec le doute que, peut-être, elle lâcherait cette main dans une fraction de seconde et les deux se sépareraient pour retomber de leur côté dans le ruisseau.
- Tu es Heda, reprit Clarke doucement mais avec une assurance nouvelle, tu détiens le contrôle. Si tu ne peux pas commander et aimer, alors... que contrôles-tu ? Clarke rapprocha encore un peu son visage jusqu'à ce que ses lèvres frôlent l'oreille de Lexa et sussurra en son creux : Es-tu faible au point de devoir rejeter ton humanité par peur des sentiments ?
Elle avait été douce et prévoyante, et désormais elle se montrait sûre d'elle. Que ce soit en rêve ou dans la réalité, Clarke parvenait toujours à ses fins.

Clarke écoutait sans comprendre. Elle ne pouvait pas réfléchir, elle ne pouvait que faire réfléchir, et c'était ce que Lexa faisait. La Commandante avait peur de tout perdre, car elle n'avait pas su allier sentiments et devoir par le passé. La perte d'une personne chère avait tu le coeur de Lexa. Pourtant, celui-ci hurlait pour qu'on le libère, qu'on le laisse ressentir et nouer ce lien merveilleux qui se développait lentement entre les deux femmes. Son coeur parlait et Lexa faisait tout pour l'étouffer, le noyer dans ce ruisseau pour qu'une fois partie elle soit débarrassée de ces sentiments qui, elle y croyait fortement, l'aurait rendue faible.
Mais qu'était Heda aujourd'hui ? Se sentait-elle plus forte en étant malheureuse ? Dans le ciel, le malheur rendait impuissant. Clarke avait failli abandonner quelques jours plus tôt, dans ce même lieu, car elle avait perdu espoir. A quoi bon continuer si tout n'était que destruction ?

Les deux cultures étaient différentes, mais les avis des deux jeunes femmes sur les sentiments se ressemblaient sur le fait qu'elles voulaient toutes les deux éviter de souffrir, et toutes les deux échouaient en essayant de combattre ce qui s'installait entre elles. Elles allaient devoir se revoir, en tant que chefs de clans, et ne pourraient couper à partager des moments.
- Les sentiments qui t'ont détruite... concernaient la perte de celle qui les avaient initiés, murmura Clarke, sans reculer d'un centimètre. Ses deux mains prises, elle repoussa une petite tresse brune rebelle du bout de son nez pour dégager l'oreille et être sûre que tout serait entendu. Mais si tu avais l'occasion d'avoir ces sentiments à nouveau ? De retrouver la puissance que tu ressentais... la force que cela t'offrait pour régner ?
Son pouce caressant le dos de la main de Lexa, Clarke fit ramener leurs mains contre le torse de la brune, l'enveloppant dans un cocon chaleureux et protecteur. Lexa croirait-elle encore que tout ceci la rendait faible ?

Clarke ne ressentit rien lorsque les lèvres de Lexa se posèrent sur les siennes. C'était à la limite du cruel, de priver Clarke de cet instant secret. Cet instant pendant lequel Lexa embrassait une Clarke qui n'existait pas. Elle trahissait son propre désir, qui se refléta en ce halo qui n'hésita pas à rendre le baiser. Un échange qui n'eut pas le temps d'être calme puisque Lexa déversa directement tous ses sentiments dans ce baiser passionné. La fille du ciel et la fille des bois se connaissaient encore trop peu pour être amoureuses l'une de l'autre, mais elles avaient pu sentir ce lien, cette accalmie. Elles se sentaient bien, l'une avec l'autre, en tant que jeunes femmes et non en tant que cheffes, et ressentaient toutes les deux cette attirance qui les troublaient.
Clarke entrelaça leurs doigts, refusant de laisser Lexa lui échapper d'un pouce. Elle la tenait entre ses bras comme une cage autour de sa proie coincée.

Quand elle lâcha les lèvres de Lexa, elle ne recula pas son visage pour autant, laissant ses lèvres au bord de celles de la jeune femme envoûtée pour y déposer quelques mots :
- Tu pourrais avoir ça tous les jours, quand tu le souhaites.
Leurs lèvres se frôlèrent, puis Clarke recula légèrement son visage pour fouiller le regard émeraude de Lexa. Son regard laissait la liberté à Lexa de reprendre, de continuer.
- Que veux-tu, Lexa ? lui souffla-t-elle au bord des lèvres, les laissant se toucher un court instant.
Clarke n'était qu'un rêve, après tout, elle agissait selon les désirs et les craintes de Lexa, jouant avec jusqu'à en venir à bout.

La main de Lexa glissa sur le visage de Clarke, tirant une mèche de cheveux vers l'arrière et faisant s'étirer les lèvres de la blonde. Lexa se laissait inonder par ses sentiments tandis que le ruisseau ruisselait encore à leurs côtés. La commandante tenait Clarke du bout des doigts tandis qu'elle lui avait si aisément échapper au bout de leur rencontre réelle. Clarke était partie avec peine, abattue par la douleur, et Lexa l'avait laissée sans plus un mot. Mais ici, Clarke et Lexa se tenaient, et ni l'une ni l'autre était prête à lâcher. Ce rêve était un renouveau privé auquel seul Lexa pouvait assister, dont les souvenirs resteraient gravés dans la mémoire de la jolie brune. Et au contraire de ce que Lexa craignait, Clarke n'était pas prête de disparaître.

- Tu as si peur de me voir mourir que tu as peur de vivre, lui souffla Clarke, maintenant fermement son regard aimanté. La vision de Clarke était à la fois un tourment et une recherche de vérité. Pourquoi avoir peur du lendemain alors qu'elles pouvaient profiter d'aujourd'hui ? Souffrir maintenant, encore, sans avoir la certitude de survivre le jour suivant ? Un jour, Clarke, la vraie, montrera son point de vue à Lexa. Elle lui fera comprendre que la survie seule était futile. Après tout, survivre n'avait aucun but si c'était pour souffrir.
Clarke leva une main, lentement, pour la faire monter le long du buste de Lexa et la faire parvenir à son cou. Elle la laissa glisser sur la peau tânée et opta pour un baiser, ses lèvres encore proches de celles, claires, de la brune, mais recula au dernier moment.
- Si tu crains tant de souffrir... je peux partir maintenant, avant que ton coeur ne fasse le bon choix, susurra-t-elle.
Un refus, et Clarke disparaîtrait. Le rêve se terminerait ainsi.

Leurs lèvres se joignirent à nouveau, Lexa entamant un nouveau baiser. Elle devenait de plus en plus dépendante de l'aura de la blonde, et resserrait peu à peu son emprise sur elle. Elle voulait posséder quelqu'un qui avait disparu. Quelqu'un si loin, si inaccessible. La seule chance pour Lexa d'être auprès de Clarke était de la garder contre elle au bord de ce ruisseau virtuel. Clarke aurait aimé ressentir cette chaleur réconfortante à nouveau, cette chaleur douce qui cachait pourtant une grande force. Mais elle n'était pas prête de l'admettre, bien trop blessée, emplie de haine, pour laisser un moment tel que celui-ci arriver. Il apparaissait impossible qu'elles se revoient un jour pour de vrai au bord de ce ruisseau qui les avait accueillies la première fois. Il semblait encore moins probable que leurs lèvres se rencontrent à nouveau, cette fois avec une telle passion. Rien de ce rêve ne semblait possible. Et pourtant.

Clarke répondit. Elle rendit le baiser avec ardeur. Elle laissa Lexa la serrer contre elle, puisque celle-ci le voulait. Elle s'appuya contre elle, resserrant l'étau qui dans ce rêve les unifiait, dans la réalité les séparait. Elle s'appuya jusqu'à ce que les cheveux bruns traînent dans la terre humide. Ses mains quittèrent Lexa pour s'enfoncer dans la boue.
- Je peux partir, comme je peux rester, tandis que tu es là, à ton tour, dans la boue. Je pourrais te laisser là comme tu m'as laissée, l'autre nuit, me faire traîner dans la terre sale.
Elle baissa la tête, laissant ses lèvres frôler la joue droite de Lexa jusqu'à parvenir à son oreille.
- Donne-moi une bonne raison de rester.
Elle releva la tête, suffisamment pour percevoir chaque émotion dans les yeux de Lexa. Elle la fixait. Elle ordonnait une réponse honnête. Comme si c'était vrai.