Adventure of a Lifetime [Abby]

Adventure of a Lifetime [Abby]

Faire l’état du matériel. C’était bien une chose qu’il détestait par-dessus tout. Ce n’était pas tant la réserve bien rangé qui le dérangeait mais plutôt le fait qu’à la fin de son travail, la pièce devrait se retrouver dans le même état voir peut-être même un peu mieux rangé. C’était mal barré avec lui. Autant il pouvait être méticuleux avec son matériel de travail, son sac médical était toujours prêt à être utilisé mais avec le reste c’était une autre histoire. Nash avait le plus grand mal à laisser une pièce bien rangée dans le même état. Il était admiratif de ce genre de personnes capable de tout bien ranger. Lui laissait toujours un petit quelque chose pour plus tard, même sans le faire exprès.

Après un grand soupir destiné à trouver un peu de courage, l’infirmier se lança à l’assaut des différentes étagères. Le bloc note en main, le stylo dans l’autre le voilà à compter le nombre de boites de médicaments voir pour certains médicaments très rares, le nombre de cachets disponibles. Il rayait l’une après l’autre les différentes lignes du précédent inventaire pour y inscrire les nouvelles quantités. Les réserves fondaient à vue d’œil. Ce n’était pas bon, pas bon du tout et pourtant tout était rationné.

Prenant son mal en patience, le jeune homme continua ce travail harassant et ennuyant. Peu à peu la motivation déclina, surtout en remarquant qu’il venait à peine de terminer une étagère et qu’il en restait d’autres. Surtout ne pas se dire que tout cela serait vain et qu’il faudrait recommencer dans une semaine. Trop tard. L’idée faisait déjà son chemin dans son esprit. Accroupi pour pouvoir compter le nombre de poches de sang prêtes à l’emploi, Nash multipliait les soupirs. L’ouverture de la porte de la réserve fut prise pour pour son salut.

« Hey Clipton ! Tu me remplaces ? J'en peux plus !» dit-il sans lui adresser un regard.

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Une voix sèche tonna. Ça c’était sûr, ce n’était pas Clipton. Il n’avait pas cette froideur dans la voix ni même ce timbre aigu. Il n’eut pas le temps de finir de se retourner que son nouvel interlocuteur déclina son identité. Pas de bol, le voilà qui venait de se faire reprendre par le Docteur Griffin. Hors ce n’était pas juste son chef mais aussi la dirigeante, la plus haute autorité dans cette base. Super. Bon ça c’était fait. Maintenant le jeune homme lui faisait face, des poches de sang du groupe O dans les mains.

« Désolée, Docteur Griffin » marmonna-t-il pour s’excuser même s’il n’en pensait pas grand-chose. Après tout, ce n’était pas comme s’il avait balancé une insulte au nouveau venu ou une blague cochonne. S’il ne s’était pas retourné, c’était aussi parce qu’il était en plein travail. Nash ne se tournait pas non plus les pouces depuis plusieurs minutes, voir peut-être même heures pour rien. La Boss était d’ailleurs en train de parcourir les différentes étagères du regard. Il la laissa faire et en profita pour ranger ce qu’il avait dans les mains au bon endroit. La fiche d’inventaire fut discrètement attrapée pour la mettre hors de vue, la plaquant contre sa cuisse pour qu’elle ne puisse pas y accéder.

« On est mal barré… Docteur Griffin. » Il y eut quelques instants de suspense avant qu’il n’ajoute le rôle de son interlocutrice. Il détestait ces rapports avec la hiérarchie mais pas le choix, là il devait faire avec et essayait de se rattraper un peu. Autant la brosser dans le sens des poils pour espérer sortir de là. Nash croisa le regard de la Chef et développa ses propos. « Nos ressources sont déjà bien entamées… Il va falloir rationner drastiquement. »

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Nash n’appréciait pas de la voir observer les stocks. Il se sentait mal de ne pas avoir achevé sa tâche comme un enfant pris en flagrant délit. L’homme baissa la tête, passant nerveusement une main derrière sa nuque tout en évitant soigneument son regard. N’ayant pas terminé l’inventaire, il ne pouvait répondre correctement aux questions de la Conseillère. L’infirmier trouva une échappatoire en se déplaçant de quelques pas à la recherche d’une étagère encore bien fournie. Heureusement pour lui, il y avait encore.

« On a encore pas mal de bandages, des antibiotiques… Côté sang, on manque que du type S mais on a peu de donneurs… On devrait peut-être faire un appel pour avoir davantage de stocks. Ça peut toujours servir.»

Les mains tâtonnant sur les différents rayons pour étayer ses propos et chercher des réponses.

« On va manquer d’aiguilles…Peut être que les ingénieurs peuvent nous fabriquer une machine pour ça ?! Et Nos réserves d’anti-inflammatoire et de morphine ont été bien attaqué avec l’arrivée des 100… Si une nouvelle vague de fièvre arrive… »

Ça risquait d’être très difficile à soigner étant donné les réserves actuelles. Hors sans soins, pas sûr que beaucoup aient les capacités de la surmonter vu leur état de faiblesse. Soigner sans posséder le matériel nécessaire était des plus rageants.

« Il nous faudrait trouver d’autres réserves… ou d'autres méthodes de soin. Les barbares doivent bien connaître quelques plantes...»

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Les natifs… Voilà la solution à leurs maux futurs. Leurs réserves ne seraient pas éternelles. Ils se rationneraient au maximum et tenteraient de synthétiser le nécessaire mais cela ne serait pas suffisant. Le danger était désormais omniprésent. Leur vie était mencée depuis qu’ils s’étaient écrasés sur Terre. Pour survivre, il devrait s’adapter à leur nouvel environnement. Abby semblait du même avis. Ils avaient besoin d’être en paix avec les Natifs pour pouvoir accéder à leur savoir notamment médical. Ils avaient dû développer des remèdes, des techniques de soin basés sur les propriétés indigènes pour pouvoir survivre autant de temps.

Malheureusement la diplomatie n’était pas dans ses compétences. Il n’était pas assez bien placé dans la hiérarchie de la base. Qui écouterait un simple infirmier ? Et de toute manière, il n’avait pas envie de faire partie des négociations et ses longues discussions. Une autre idée émergea dans son esprit. Il n’osa pas l’exprimer de suite continuant d’y réfléchir encore quelques secondes. Un petit blanc s’installa entre eux, chacun visiblement dans ses pensées. Nash finit par passer une main dans ses cheveux puis se massa nerveusement la nuque le ramenant un peu à la brusque réalité.

« On m’a parlé de bunkers. » Finit-il par lâcher attirant l’attention de la Docteur sur lui. Il hésitait entre continuer ou lâcher l’affaire. Il espérait qu’elle fasse le rapprochement mais visiblement il lui fallait expliciter ses pensées.

« J’aimerais bien y faire un tour, voir si on peut pas trouver quelques trousses de premiers soins… n’importe quoi qui pourrait nous aider. » Expliqua-t-il en croisant le regard d’Abby. « Avec votre autorisation, Chancelier. » C’était osé de sa part mais après tout s’il ne demandait rien, il ne lui arriverait rien. Autant tenter sa chance.

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» Un des 100. » Répliqua-t-il de suite ayant l’impression d’avoir lâché une espèce de bombes nucléaires. Il ne savait pas que l’existance de ses bunkers était une information si capitale. Lui n’y voyait là qu’un endroit où se mettre à l’abri et donc de trouver du matériel de premiers secours qui pouvait leur être utile. » Il n’a pas précisé où. » Il s’était presque senti obligé de l’ajouter. Après tout, Griffin devait disposer de bien meilleures sources que lui. Peut-être même qu’elle connaissait leur emplacement stratégique mais se devait de garder l’information secrète pour ne pas l’ébruiter.

La décision tomba. C’était un refus de la Chancelière quant à le laisser participer à de telles expéditions. Il s’y était attendu. C’était logique de la part de la responsable de ne pas vouloir envoyer un soignant au combat. Mais il ne comptait pas se laisser démonter si facilement.

Je sais me battre, Docteur. Je sais manier un fusil. » Répliqua-t-il essayant de démontrer au Docteur qu’il était plus qu’un simple soignant. Certes il n’aurait jamais le niveau d’un des membres de la garde mais c’était bien plus que certains.

» Bien sûr je n’irais pas seul. Je suis pas suicidaire. Il me faudrait quelques hommes pour m’escorter et ramener le matériel mais je pense que ça vaut le coup. » Le jeune homme dégluttit essayant de se reprendre. Après tout il avait face à lui le grand chef de la base, il lui fallait mettre de l’eau dans son vin pour ne pas non plus paraître vindicatif et menaçant. » Sachez que je serai prêt à y aller quand vous jugerez le moment opportun, Chancelière. »