Visite de routine... ou presque ! [Abigail]

 

Déjà un mois ! Un mois que ma mère était morte d'une crise cardiaque. Et ça faisait un mois que je fuyais par tous les moyens. Je tentais de penser à autre chose en multipliant les conneries.

J'avais évité la visite annuelle de routine à la station médicale avec le docteur Griffin. Tous les ans je devais passée une visite de contrôle depuis que j'avais eu une opération du coeur alors que je n'avais que 3 ans. Mais il m'était plus d'une fois d'atterrir à la station médicale pour d'autre raison, genre parce que je m'étais casser un bras ou autre.

Mais là j'évitais consciencieusement d'aller à la station médicale pour ne pas me retrouver face au docteur Griffin. Je savais que trop bien qu'elle souhaiterait que l'on parle de la mort de ma mère et je n'avais surtout pas envie d'y penser, ni d'en parler.

Sauf que voilà, rien ne se passe comme on le voudrait. Et c'était vraiment le cas aujourd'hui. J'étais avec plusieurs copain à faire des conneries, comme d'habitude pour pas changer. On s'était fait comme un parcours du combattant dans un couloir et à vouloir faire les cons, à courir dans comme des dingues, ben c'est à ce moment là que des accidents arrivent.

J'étais entrain de faire le parcours, à courir comme une dingue que je percutais quelqu'un qui entrait dans le couloir et passant par dessus une caisse, je retombais mal et me cassais le bas de la jambe. Mon os casser, avec le bout pointu, ressortant bizarrement de mon pantalon. Je criais juste un instant de douleur avant de serrer les dents. Je détestais montrer mes faiblesses, et encore plus devant potes.

On m'avait emmené à la station médicale et j'attendais patiemment sur l'un des lits. Je savais que j'allais avoir le droit à la visite du docteur Griffin.

 

Bon c'est vrai, j'aurais peut-être du faire plus attention, en même temps quand on s'éclatait comme je le faisais avec mes potes, mais les accidents arrivaient. Et c'était arrivé plus d'une fois qu'il m'arrive un accident. Cette fois-ci n'était qu'une fois de plus. Sauf que moi qui cherchais à éviter le docteur Griffin, ben j'allais me retrouver avec elle. En même temps je venais de me faire une fracture ouverte, donc il était certain que j'étais encore obligé d'aller à la station médicale.

En même temps c'était une habitude pour moi d'aller à la station médicale. Déjà parce que j'étais obligé d'avoir une visite de contrôle tous les ans depuis mon opération du coeur, mais aussi parce que j'avais une fâcheuse tendance à faire des conneries et me blesser régulièrement. J'en avais tellement l'habitude que je faisait tout pour ne pas montrer que j'avais mal. Je ne voulais pas que l'on voit mes faiblesses. Je refusais que l'on pense que j'étais faible.

J'étais à peine arrivé dans la station médiacle et j'avais à peine été mise sur le lit que déjà je vis le docteur Griffin arrivé. Je détournais le regard, ne regardant pas la femme que j'évitais depuis un moment.

- On s'était fait un parcours dans un des couloirs de notre station avec mes potes ! Sauf qu'un couillon s'est foutu sur ma route quand je courrais dans le parcours résultat je me retrouve encore ici !

Bon c'est vrai j'avais parlé peut-être un peu trop de façon agressive. Mais j'avais aucune envie de me trouver ici et vu l'état de ma jambe j'allais surement devoir revenir ici plusieurs fois. Mais en plus je pourrais plus courir pendant un moment ce qui me saoulait déjà à l'avance.

 

Le docteur Griffin semblait amusé de la situation et elle me taquina même en me disant qu'elle espérait que l'autre aurait au moins un bleu. Vu comment je lui étais rentrée dedans, je ne doutais pas qu'il allait avoir un joli hématome. Elle regarda ma jambe et je l'écoutais m'en parler, me doutant que ce ne serait pas une partie de plaisir ce qui m'attendait. Un plâtre... j'en n'avais l'habitude et il m'en fallait plus pour m'arrêter.

- Pas de souci ! Faite comme vous voulez !

En même temps je pouvais pas vraiment aller contre sa décision. Elle était là pour nous soigner et on avait pas notre mot à dire. Je la regardais examiner ma jambe, mais je me doutais bien que j'allais avoir le droit à ma visite de contrôle maintenant que j'étais là et j'en eu la confirmation quand elle me dit qu'elle le ferait après s'être occuper de ma jambe. Je grimaçais un peu, j'en avais franchement pas envie. Et quand elle me parla de la raison du pourquoi j'étais pas venu et je détournais aussitôt le regard.

- Y a rien à dire !

Oui je faisais la dure, mais je n'avais pas envie d'en parler et de me mettre à pleurer car je savais que c'était ce qui arriverait. Je savais que quand je commencerais à parler de ma mère, je craquerais et je n'en avais pas envie. Je n'avais pas pleurer quand je l'avais perdu, ce n'était pas pour pleurer maintenant.

Je regardais le docteur Griffin entrain de découper la jambe de mon pantalon et je me doutais que le plus dur restait à venir. Comme je m'y attendais, quand elle remit l'os en place je douillais vraiment et je me mis à crier.

 

J'avais pas réussi à retenir un cri quand le docteur Griffin avait remis ma jambe en place. J'avais l'habitude, mais bon ça n'empêchait pas de faire toujours aussi mal à chaque fois. Je restais tranquille, regardant le docteur nettoyer la plaie et le sang séché avant de me recoudre.

J'étais un peu rassurée quand je vis que le docteur n'essayait pas de me questionner plus sur ma mère. Je sais très bien que personne ne comprenait que je n'en parle pas et que je n'exprime pas ce que je ressentais de l'avoir perdu. Je n'avais aucune envie de craquer, si je ne disais rien depuis sa mort c'est que je savais que je devais me débrouiller seule. Je ne pouvais plus compter sur personne et pleurer ni changerait rien.

Je regardais un instant la quinzaine de points que le docteur Griffin m'avait fait avant qu'ils ne soient cacher par un pansement. Comme toujours le docteur me dit de ne pas trop bouger et que j'en aurais pour un mois voir deux selon comment je guérissais. Intérieurement je me dis que de toute façon que je doive pas trop bouger ou pas, il faudra bien que je me débrouille. Plus question de compter sur ma mère comme ça m'arrivait avant quand je me retrouvais avec un plâtre.

J'eus un petit pincement au coeur en pensant à ça. Me souvenir de toutes les fois où ma mère prenait soin de moi et s'occupait de moi. M'aidant pour tout me déplacer, manger, comme simplement pour me laver. J'eus un peu les larmes aux yeux, mais je tentais de les cacher. Bien sur il y avait les parents à Lluvia qui prenait soin de moi depuis la mort de ma mère. Mais je ne voulais pas être un poids pour eux.

Le docteur Griffin me dit de ne pas faire de folie pour ne pas rallonger la période de mon plâtre, et si je voulais vite courir de nouveau dans l'Arche ce qui me fit rire.

- Je suis toujours sage ! ou presque...

Mais l'heure était venu au contrôle de routine, je savais que je devais y passer, pourtant ça ne m'enchanter pas. Je n'aimais pas spécialement que le docteur face une vérification pour voir si mon coeur allait toujours bien. J'avais bien compris depuis que j'étais toute jeune que la vie ne tenait qu'à un fil. J'avais été opéré à cause de ça et c'est justement pour ça que je profitais de la vie à fond. Je le comprenais encore plus depuis que ma mère était morte. Elle avait été fauché par dans la fleure de l'âge sans que personne ne s'y attende.

 

Le docteur commença son contrôle de routine et je ne dis rien, me laissant faire. J'avais l'habitude, tous les ans c'était la même chose. Tous les ans, j'avais le droit au même rituel. Elle écoutait les battement de mon coeur, vérifiant la moindre anomalie que pourrait avoir mon coeur. Mais depuis mon opération, il n'y avait jamais eu aucun problème. Pourtant ça ne l'empêchait pas de contrôler chaque année au cas où.

Comme toujours elle ramena la machine que j'avais tellement eu l'habitude de voir. Le docteur Griffin l'installa sur moi et comme toujours elle me dit de rester le plus calme et la plus détendu possible. Sauf que franchement j'étais très loin d'être calme depuis un mois. Non au contraire, j'étais stresser et triste, mais aussi en colère. Enfin plein de sentiments me parcourait depuis que ma mère était morte.

- De toute façon qu'est ce que ça peut faire. Peu importe les contrôles si on doit crever c'est pas votre machine qui l'empêchera. C'est pas elle qui empêche d'avoir une crise cardiaque ! Tout ça c'est inutile et ça sert à rien...

J'avais parlé avec colère, mais ce n'étais pas tout ce qu'il y avait en moi. Il y avait surtout beaucoup de tristesse et je sentais les larmes monter et embuer mes yeux.

 

Je m'étais mise en colère après le docteur Griffin, mais c'était plus une façon de me défendre qu'autre chose. Je sentais que j'étais à de doigt de craquer. J'étais à deux doigts de laisser mes larmes coulés et j'avais trop peur de me laisser aller et que ma tristesse m'emporte.

J'écoutais le docteur qui semblait s'excuser que l'appareil ne puisse pas aider plus que ça et ne préviens pas les crise cardiaques. Elle était désolée de n'avoir rien vu, de n'avoir vu aucun signe montrant que ma mère pouvait avoir une crise cardiaque. J'avais un pincement au coeur. Je tentais de retenir mes larmes mais je craquais petit à petit.

Le docteur Griffin me dit que si je le voulais elle pouvait arrêter la machine. Que ce serait mon choix, qu'elle n'irait pas contre ma volonté. Je tentais de ne pas pleurer et de reprendre un peu mon calme.

- Je suis là, alors autant continuer...

Même si je n'avais pas eu envie de venir faire mon contrôle, j'en avais besoin malgré tout et je le savais. Ma mère n'aurait pas voulu que je ne fasse pas mes contrôles et qu'il m'arrive quelque chose. Je regardais un instant le docteur Griffin avant de baisser de nouveau la tête.

- Pourquoi c'est arrivé ? Pourquoi elle m'a laissée ? ?

Une larme se mit à couler sur ma joue.

 

Elle continua les examens, mais au fond de moi je n'étais plus vraiment à m'occuper de ça. Non toute notre discussion me faisait réfléchir et surtout me perturbait. Toutes ces émotions que je cachais et que je gardais bien au fond de moi pour ne rien montrer, tout était entrain de resurgir et me broyer de l'intérieur. Je sentais que mon coeur me faisait mal mais pas d'une douleur à cause d'une maladie ou d'un problème. Non ma douleur était psychologique et pas physique. Pourtant ce n'est pas ce qui empêcha ma première larme de couler.

Le docteur Griffin était désolée de n'avoir rien pu faire, que ma mère m'est laissé seule. Mais aussi désolée de ne pas avoir pu prévoir ce qui lui est arrivée. Je sais pas pourquoi mais l'entendre me dire ça me faisait du bien, même si j'aurais voulu que ça se passe autrement et que j'aurais aimé qu'elle la sauve. J'avais envie de lui en vouloir mais elle n'y était pour rien si ma mère était morte.

Mais pour l'instant, j'étais là sur la table de la Med-station et je n'arrivais plus à retenir ma peine, mes larmes commençant à couler toute seule. La douleur et la souffrance que je gardais depuis un mois était entrain de ressortir d'un coup et de m'emporter. Moi qui faisait toujours la fière et qui ne laissais montrer aucune faiblesse, je me retrouvais à craquer totalement devant le docteur.

- C'est juste... injuste...

J'essayais de parler entre deux sanglots.

- Pourquoi elle est partie ?... Pourquoi elle m'a laissée seule ?... Maintenant... maintenant je n'ai plus personne... je compte plus pour personne...

 

ça y est, c'était officiel, j'avais craquer. J'étais officiellement entrain de chialer devant le docteur Griffin. à force de tout retenir et de tout cacher au fond de moi, il avait suffit d'une conversation un peu intensif avec le docteur pour que je craque complètement.

- Je sais même pas... qui est mon papa !

Je baissais la tête continuant de laisser mes larmes couler le long de mon visage.

- Elle n'a jamais... voulu m'en parler...

Oui elle avait raison, j'avais l'impression d'être abandonné. J'avais l'impression d'être seule et sans personne pour être là au près de moi. Comment j'allais faire maintenant qu'elle n'était plus là. J'avais bien essayer de me débrouiller pendant ce dernier mois. Mais maintenant ce serait tout le temps comme ça.

Je n'arrivais plus à arrêter de pleurer, mais chaque larme qui coulait me donnait l'impression de sentir mon coeur devenir peu à peu léger. Comme si le poids de ce mois écouler s'envolait petit à petit. Mais il allait falloir que je me ressaisisse, il allait falloir que j'arrête de pleurer et remettre mon masque dès que je sortirais d'ici.

Le docteur me dit qu'elle pensait que ma mère n'avait jamais voulu me laisser seule, que j'étais tout pour elle. Bien sûr ma mère m'aimait, et je l'aimais, mais jamais nous ne parlions vraiment de ce que l'on ressentait. Elle me dit ensuite que j'avais des amis qui tenaient à moi, et que je comptais pour eux et un petit sourire moqueur s'afficha sur mes lèvres.

Mes amis, bien sûr j'en avais, mais c'était surtout des copains de connerie. Des potes qui une fois nos connerie faites retournaient chez eux sans s'occuper de comment vivaient les autres.

- Mes potes... mes potes, ils ont leur vie ! Tout ce qui les intéresse c'est qu'on s'amuse ensemble, c'est tout !

Puis je pensais à Lluvia. Il n'y avait qu'elle qui comptait vraiment à mes yeux. Même si j'étais bien avec mes potes, je n'aurais jamais avec eux un lien fort comme celui que j'avais avec ma petite soeur de coeur.

- Il n'y a que ma petite soeur de coeur ! Ma petite Lluvia ! Je sais que je compte pour elle ! Et puis surement aussi pour ses parents...

Je passais ma main nerveusement sur ma nuque. Je ne parlais que rarement d'elle pourtant la petite fille était ma petite protégée et elle me donnait la force de me battre tous les jours depuis la mort de ma mère, même si ça m'empêchait pas de faire mes conneries.

- Mais ils ont leur vie, je veux pas être un poids pour eux !

 

Le docteur Griffin avait vraiment la sagesse et une façon à elle de m'apaiser alors que j'étais si en colère et que je ne voulais surtout pas venir la voir à la base. Mais finalement tout ça m'avais fait du bien.

Elle me dit que mon père ne voulait pas me voir et c'était fort possible, sinon pourquoi jamais il n'avait donné signe de vie. Et je ne comprenais pas pourquoi ma mère n'avait jamais voulu m'en parler, mais le docteur Griffin devoir avoir raison. Si ma mère n'avait pas voulu m'en parler c'est qu'elle avait ses raisons. Et puis maintenant il ne fallait pas que je repense à ça de toute façon il était trop tard pour changer ça.

Je vis le docteur sourire quand je lui parlais de Lluvia et elle me rassura, m'encourageant à aller parler aux parents de Lluvia si j'en avais besoin. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que je devrais aller vers eux pour ne pas me retrouver seule, mais ce n'était pas si simple à faire.

Enfin il ne me restait plus qu'à faire ça, car là pendant le temps que j'allais avoir mon plâtre, je n'aurais plus autant de facilité pour faire les choses toute seule.

Je fus presque soulagé que la machine s'arrête enfin. Je m'étais calmée heureusement et je finis de sécher les dernières larmes d'un revers de la main. Le sourire qu'elle me fit me fit comprendre que tout allait bien, et j'en eus la confirmation dans ses paroles. Comme toujours elle me fit une remarque sur ma jambe, me disant de pas faire de folie et je baissais la tête.

- Oui docteur Griffin !

Je m'asseyais sur le bord du lit, me préparant à descendre avant de me décider à parler d'une petite voix.

- Merci !

Je n'étais pas du genre à trop m'étaler sur les remerciements et tout, mais pour une fois, je le ressentais vraiment. Je la remerciais pour ce qu'elle avait fait. Même si je n'avais pas envie de parler de ma mère et que je n'avais pas envie de venir voir le docteur Griffin à cause de ça, je me sentais un peu mieux à l'intérieur de lui avoir parler.

J'attrapais finalement les béquilles qui avaient été posé à coté de mon lit et je descendis du lit. J'avais assez l'habitude d'en avoir pour savoir me débrouiller seule avec des béquilles. Je dis au revoir au docteur Griffin, repartant à la station Arrow. Ma prochaine destination : aller voir les parents de Lluvia pour leur demander de l'aide.