(kachina) • same blood.

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La veille, Yara avait à peine franchit les portes de Polis qu'elle avait été arrêtée et emmenée au Commandant. Elle avait été qualifiée de traître à son sang parce qu'elle refusait l'entrainement pour un future Conclave. Mais la Heda avait été bienveillante envers elle. Elles avaient même fait un duel amical où Yara était sortie victorieuse. Elle s'était proposée comme assassin et espionne pour elle. Ses talents d'observation allaient être utile. Aujourd'hui, la Commandante avait quittée Polis pour se rendre à Ton DC et la jeune natblida se préparait à partir aussi de son côté. Mais alors qu'elle venait de troquer un objet contre un autre à une marchande, une silhouette attirait son regard argenté. C'était une femme à la chevelure claire, sa beauté était inégalable. Elle était saluée par tout le monde. Yara se rendait vers les écuries lorsqu'elle croisa le chemin d'un homme. Le visage peint de blanc, plusieurs fourrures d'animaux inconnue en ces lieux tempérés. Yara s'apprêtait à monter sur son cheval gris puis partir mais elle eut un mauvais pressentiment. Personne ne porte des peintures s'il n'y a pas de raison valable. La natblida se mit alors à suivre la silhouette. Elle ne le lâchait pas des yeux. L'homme semblait se diriger vers la blonde. La main contre le pommeau de son épée fine, Yara restait proche, quand elle remarquait qu'il avait un geste hostile, elle ne réfléchie pas puis mit sa capuche sur sa tête pour ne pas être repérée si elle saignait. Ce fut comme un coup de vent, Yara était passée entre l'assassin et la blonde. D'un geste rapide, elle avait tué l'assaillant qui tombait sur le sol en gardant son arme dans la main. Une arme Azgeda.

« Yu gonplei ste odon, Azgedakru. » Déclare t-elle sans émotions sur le visage. Le regard de Yara croisait celui de la femme aux cheveux aussi argentés que ses yeux l'étaient. Yara commençait déjà à repartir alors que les gardes arrivaient pour savoir ce qu'il venait de se passer.

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Pourquoi tenter de tuer l'ambassadrice ? Que faisait un Azgeda ici ? Pourquoi ? Comment ? Yara ne s'était pas poser la question parce que cela semblait évident. Depuis le départ de Heda, les portes de Polis étaient moins gardées. Non pas par relâchement mais plus car il y avait du travail. Il était donc aisé d'entrer dans la ville. Quand au pourquoi, tout simplement parce que Azgeda cherchait à faire régner la peur et le chaos. C'était ce qu'ils semblaient vouloir. Yara rangea sa propre dague dans le fourreau de sa ceinture. L'homme n'avait pas eut le temps de l'attaquer, heureusement. Yara ne voulait pas que la nature de son sang de nuit ne soit révélé. Quatre personnes le savait et cela se devait d'être suffisant. Yara ne souhaitait pas être rejetée. La blonde la retînt par le bras ce qui l'a fit tourner la tête avec un air interrogatif dans son regard argenté.

« Trop de sang a été versé à mes yeux. » Déclare Yara d'un air impassible en dégageant gentiment son bras de la main de la jeune femme. La dénommée Urmen qu'elle avait rencontré plus tôt lui avait rappelé que le contacte physique n'était pas une bonne chose pour Yara. Elle devait rester méfiante peu importe la personne. « Vous n'avez pas à me remercier. » Yara baisse sa capuche pour dévoiler son visage puisqu'elle ne saignait pas. Quelque chose chez cette personne l'intriguait. Peut-être la douceur de son regard ou de son visage. Peut-être sa longue chevelure dorée. Yara l'ignore, mais il y a quelque chose qui l'intrigue. Son corbeau géant est posé un peu plus loin, pour une fois qu'il ne lui donne pas d'indice ou quoi que ce soit... Elle en trouvait ça même étrange. Il se contentait d'être calme comme si Yara était pile là où elle devait l'être.

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La jeune femme semblait insister à remercier Yara et elle joua consciemment ou inconsciemment sur la politesse de la Natblida, qui ne pouvait plus se défiler. Le respect était l'une des choses les plus importantes à ses yeux. Comme à son habitude, elle croisait ses bras dans son dos. Et comme d'habitude, elle se présenta "venant de l'ombre". Elle n'avait aucun clan, aucune famille, ses plus loin souvenirs étaient d'avoir été emportée par des gens. Son passé cherchait sans doute à la protéger en se faisant oublier. Et moins les gens en savaient sur elle, mieux c'était. Parce qu'il était inutile de connaître véritablement une personne comme Yara. Les gardes de Polis s'occupaient déjà de ramasser le corps de l'Azgeda.

« Yara kom de Trikova. » (Yara de l'ombre).

Yara eut un léger sursaut lorsque l'ambassadrice dirigea sa main vers son pendentif. A ses yeux, c'était la seule chose de valeur qu'elle possédait. Et dieu seul sait qu'elle a défendu ce bijoux bec et ongle. Elle avait finit par oublier pourquoi, avec le temps. « Je ne sais pas. Je l'ai depuis longtemps. Enfin, je pense l'avoir toujours eu. Je crois... » L'intonation de sa voix était devenue faiblarde. Perdue. En quoi cela était important ? C'était juste un bijou. Elle décroisa les bras nerveusement.

Spoiler:

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Pourquoi elle se montrait aussi curieuse ? Yara se sentait gênée de n'avoir aucuns souvenirs. Elle portait ce bijoux depuis longtemps ne se souvenant pas des circonstances dans laquelle elle l'avait. Tout ce quelle savait, c'était qu'elle avait toujours protéger ce pendentif. Il devait avoir une signification, mais Yara l'ignorait. Plus l'ambassadrice la questionnait et la bousculait moralement, plus la jeune femme se sentait nerveuse. Frustrée de ne pas savoir répondre convenablement aux questions qui lui étaient posé. Les gens qu'elle avait rencontrée savaient généralement que la secouer ainsi n'était pas bon du tout.

« Parce que je ne m'en souviens pas ! » S'exclame t-elle. C'était bien la première fois qu'elle se retrouvait dans un état pareil. « Je ne me souviens pas de comment je l'ai eu, ni de qui il me vient ! » Yara range son pendentif sous le col de sa tunique grise, elle plonge un regard foudroyant dans les yeux de l'ambassadrice. « Je ne suis pas une voleuse ! Ce bijou est à moi, je l'ai toujours eut autour du cou ! » Yara était à deux doigts de regretter d'avoir sauver cette personne. Elle pouvait toujours l'empoisonner avec le joyau bleu d'Ouskejon et fuir. Mais elle combattait cette idée puis se retint droite. Le visage redevenu impassible. « Même après avoir été jetée dans le quartier des esclaves de Delphe... »

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Le regard argenté de Yara se baissa alors sur le collier que l'ambassadrice sort. Son visage se décompose en remarquant le même collier. Était-ce possible ? Celui de la hedakru était brillant quand au sien, il était salit. Yara ne l'avait jamais nettoyé ou poli. Elle arracha son propre collier pour le comparer à celui que portait la jeune femme. Était-ce une simple coïncidence ? Le même ours, les même pierres incrustées. Rare pouvait être une coïncidence et Yara elle-même ne croyait pas au hasard. Tant de bijoux étaient forgés, il était impossible d'avoir le même. Mais c'était le cas. La natblida se sentit effrayée par cela, si bien qu'elle recula d'un pas. Elle n'avait aucun mot sur le coup. Troublée par la scène. Elle aurait voulut partir en courant à ce stade. Yara n'avait jamais eut de comportement aussi étrange. Son pendentif ne l'avait jamais quitté.

« Oui. » Déclara t-elle la voix légèrement tremblante. Elle serrait son propre pendentif contre la paume de sa main. L'ambassadrice avait-elle des réponses aux questions que se posait Yara ? Elle l'espérait tout comme elle ne l'espérait pas. Yara avait choisit d'être personne à Delphe. Et le fait que cela puisse changer lui faisait peur. Mais la natblida n'abandonnerait pas.

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Yara commençait déjà à regretter sa politesse. Elle aurait dut partir comme l'ombre qu'elle était. Elle avait encore beaucoup à apprendre et plus le temps passait, plus elle désirait se rendre sur les terres de l'Ouskejonkru afin d'apprendre à devenir personne. Personne ou n'importe qui. Yara apprendrait sûrement à mentir, elle qui était trop honnête, trop gentille et pas assez méfiante. Elle suit alors la blonde jusqu'à une ambassade. Ambassade du Boudalankru visiblement. Son regard argenté sut repéré les indications. Elles descendent un escalier puis se retrouvent presque seule dans ce lieu joliment décoré. La blonde s'assied et fait porter à manger et à boire. La jeune natblida tentait de rester de marbre. Elle observa le liquide de son verre puis huma discrètement pour être certaine qu'il ne soit pas empoisonné. N'étant certaine de rien, elle préféra ne rien toucher. Hors de question de tomber dans le panneau.

Yara finit par s'asseoir. Elle ne reste là uniquement parce qu'elle souhaitait avoir des réponses. Son collier était identique à celui de cette femme et rien n'arrivait jamais au hasard. « Mon plus ancien souvenir... » Soupira doucement Yara en jouant avec le pendentif entre ses doigts. Toute sa vie elle avait tout fait pour oublier. Mais un souvenir n'a jamais voulut s'effacer. « Je me souvient sortir d'un bâtiment puis de courir. Je suis petite, alors je n'arrête pas de tomber au moindre obstacle. J'essaie de fuir quelque chose ou quelqu'un mais j'ai le sourire au lèvres. Puis soudainement, je me sens seule. C'est comme si j'étais sortie d'un endroit bondé pour me retrouver toute seule. C'est le trou noir.  » Je baisse le regard sur mon pendentif qui roule sur mes phalanges en racontant cette vision. Je pousse un soupire. « Après ça... C'est des éclats de voix partout. Un lieu différent. Quelqu'un me balance sur le sol poussiéreux. Je sais aujourd'hui que c'est dans le quartier des esclaves qu'on a jeté la gamine que j'étais.  »

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L'ambassadrice paraissait plus douce d'un coup. Depuis qu'elles étaient descendu dans l'ambassade à vrai dire. Elle écoutait attentivement chaque mots, observait chaque détails. Yara avait ce besoin compulsif de devoir tout analyser. Elle lisait une sorte d'espoir dans le regard bleu de la jeune femme qui se rapprochait d'elle. Elle insistait pour avoir plus de détails mais Yara ne cherchait jamais à en avoir dans ses souvenirs. Dans tout ce qu'elle racontait, la natblida ne voyait rien qui lui rappelait quelque chose. Mais l'importance de ce pendentif... Il lui fallait bien plus de réponse que cela et pour cela, elle devait faire ce qu'elle s'interdisait de faire. Se souvenir. Face à la blonde et par respect pour elle, Yara soupira. Elle détestait cela et n'avait pas mis de barrières contre son passé pour un rien. Les yeux de Yara se ferment. Elle se concentrait au mieux. Les images derrière ses paupières étaient flous, mais elle faisait l'effort de recommencer encore et encore.

Revivre cette scène plusieurs fois. Se concentrer. Lisser sa vue. Obtenir des détails. Laisser les barrières s'ouvrir pour avoir plus d'informations. C'était complexe et ses yeux remuait sous ses paupières closes. Yara devait se souvenir. La scène recommençait une nouvelle fois dans sa tête mais avec plus de détails. Plus net. Le moindre détail comptait. Cela prit un certain temps. « Le ciel était gris, pas de vent mais une chaleur lourde. Il y avait de l'orage. D'autres enfants sont dehors et ils jouent. Il y a une entrée rocheuse. »  Yara fronce légèrement les sourcils et prend un temps de pause. « C'est un garde que je fuis. Je m'éloigne... » Soudainement Yara s'entend hurler alors que quelqu'un la saisie fermement. Du sang. Le garde. Ses propres cris. Elle rouvre les yeux, son visage démontre une grande peur sans même s'en apercevoir. Comme si elle avait fait face à la plus grande de ses peurs. Les mains tremblantes, elle dépose le collier sur la table puis se lève à en perdre l'équilibre. « Il vous appartient. Je ne souhaite plus le porter. » Sa voix est tremblante. Soudainement, Yara était devenue plus que nerveuse. Elle avait perdue son sang froid. Elle ne voulait plus se souvenir. Plus jamais.

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Yara se rassied alors, le regard affolé et la respiration presque coupée. Elle ne pouvait pas faire partit d'une famille aussi nombreuse. L'ambassadrice se trompait. Si elle avait toujours cherché dans le fond à retrouver tout cela, elle ne l'a jamais montré. Parce que pour elle il n'y a rien de plus terrifiant que d'avoir de la famille. Parce que cela signifierait qu'elle est quelqu'un alors qu'elle souhaite devenir personne. Cela signifiait également qu'elle aurait des personnes pour qui s'inquiéter. La mort de son mentor l'avait déjà affecté. Si elle se retrouvait responsable de la mort d'une personne de son sang, elle ne s'en remettrait jamais. Et on sait tous que c'est la première chose que l'on cherche sur un assassin et un espion. Yara regarde le pendentif dans le creux de sa main puis la trace d'une larme contre la joue de celle qui serait sa sœur.

« Les gens ne doivent rien savoir... Pas même Heda... » Murmure t-elle. Yara a envie de pleurer. Toutes ces années à se demander qui elle pouvait être en prétendant n'être qu'une ombre. Tant d'années à subir les horreurs des esclaves et à s'entrainer pour justement pouvoir un jour retrouver sa famille. Yara finit par plonger dans les bras de l'ambassadrice en pleurant. Des pleurs qu'elle n'avait jamais sortit. La pression en elle retombait et un poids se dégageait de ses épaules. « J'ai passé tellement de temps à imaginer... A me demander si j'étais vraiment seule... »

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Pour une fois dans sa vie, Yara se laissait aller. Elle tombait le masque et cela lui faisait du bien. Elle se rend compte que si cet Azgeda n'avait pas été là, elles ne se seraient sûrement jamais rencontrés. Elles se seraient peut-être croisées de nombreuses fois sans savoir qu'elles étaient de la même famille. Du même clan. Du même sang. Bien que le siens soir noir. Ses souvenirs lui revenaient petit à petit. « Je me souviens de toi, Kachina. » Yara se redresse avec un sourire aux lèvres et les yeux brillants d'un espoir qu'elle ne pensait jamais retrouver. « Je crois que je suis la seule des sœurs à être foncée de cheveux. Non ? »

Yara se souvenait de quelques noms et des chevelures. Elle revoyait les autres enfants avec les cheveux plus clairs qu'elle avec lesquels elle jouait. Kachina et Eyota. Yara se souvenait d'elles deux particulièrement. Pour quelle raison, elle ne le savait pas encore. La natblida se recule un peu pour se rasseoir. Yara baisse un peu les yeux. « C'est... C'est le clan Delphikru qui m'a enlevé... »