Confession - Nathan

Ce soir. Il ne lui restait pas longtemps ici. Du moins, elle le souhaitait. Cette nuit, elle retrouverait Joshua à la bibliothèque. Il lui fournirait une arme, et elle s'évaderait dans la matinée. Elle ne remettrait jamais les pieds ici, c'est ce qu'elle avait promis à Joshua. Elle faisait beaucoup de promesses qu'elle n'était pas certaine de pouvoir tenir. En effet, si le Mont ne relâchait pas ses amis, elle serait obligée de venir les chercher elle-même, par la force s'il le fallait. Depuis quatre jours elle était enfermée ici et elle ne supportait plus la vue de ces couloirs confinés. Elle avait besoin de sortir, de respirer l'air frais, de vivre en plein air quitte à prendre la pluie, mais surtout, surtout, elle avait besoin de retrouver les siens au camp et de s'assurer qu'ils allaient bien. Elle ne savait pas si les natifs avaient mené une nouvelle attaque, et cela gonflait d'autant plus son impatience. Elle devait sortir. C'était devenu un besoin, et non plus un devoir.

Elle entra dans le dortoir après le dîner et aperçut Nathan. Un éclair traversa son esprit et elle réalisa qu'il fallait non seulement qu'elle prévienne les siens à l'extérieur, mais il fallait aussi qu'elle prévienne ses amis ici au sujet de son évasion. Elle ne pouvait pas laisser tous ses amis se demander où elle était passée. Il fallait au moins qu'elle avertisse quelqu'un. Et à quelques mètres d'elle se trouvait Nathan.
- Miller, l'interpella-t-elle en le rejoignant. Elle s'assit sur le lit en face de celui du jeune homme. Elle avait pris pour habitude de l'appeler par son nom de famille. Un jour, peut-être, lui donnerait-elle un surnom amical, mais ils étaient encore loin d'être aussi proches. Ils étaient soudés, tous les délinquants, depuis qu'ils avaient dû se battre ensemble contre les natifs. Cela dit, elle douta un instant. Devait-elle faire confiance à Miller ? Et s'il la dénonçait ? Elle ne pouvait pas risquer ça... mais elle ne pouvait laisser ses amis dans le noir non plus.
- J'ai quelque chose d'important à dire. Et que tu sois d'accord avec moi ou non, tu dois le garder pour toi. C'est très important, finit-elle.
Elle avait besoin de savoir qu'elle avait un véritable ami en Nathan. Quelqu'un en qui elle pouvait croire, et non un autre faux-semblant prêt à la trahir.

Bien sûr que Clarke allait faire quelque chose de stupide ! C'était ça ou ne rien faire, et ce second n'était pas une option. Nathan s'inquiétait pour elle, il ne comprenait pas que Clarke, de son côté, s'inquiétait pour eux tous. Elle avait eu la preuve que les Montagnards n'avaient pas que de bonnes intentions à leurs égards, et à partir du moment où elle ouvrirait la bouche, les délinquants deviendraient officiellement des prisonniers. C'est pourquoi Clarke ne comptait pas ouvrir la bouche. Du moins pas auprès des autorités du Mont. Elle comptait partir. Retrouver le camp et leur dire que certains d'entre eux étaient encore piégés au Mont Weather. Elle leur parlerait de ce nouvel ennemi capable de leur faire face d'un point de vue technologique. Et encore... elle le ferait si elle ne trouvait pas le camp détruit par les Natifs. Car elle n'avait aucune idée de comment s'était terminée la nuit pour les siens. A partir du moment où elle était tombée dans l'inconscience, tout lui avait échappé. Elle osait espérer que les siens étaient sains et saufs quelque part, car après tout ce qui était arrivé, Clarke avait compris que, pour continuer, il fallait garder espoir.

- Je vais partir, Nathan, et je veux que tu restes sur tes gardes.
C'était peut-être peu, de lui annoncer son départ ainsi. Elle était la seule, parmi les délinquants, à ne pas croire en l'accueil chaleureux de cette population. Comment y croire ? Elle avait demandé à sortir, ils avaient refusé, la piégeant au sein de ce bunker. Pourtant, si elle voulait aller mourir dehors, c'était son problème ! Certes, le Président craignait que Clarke aille raconter l'histoire du Mont à l'extérieur, mais pourquoi voudrait-elle attaquer un peuple inoffensif ? Elle ne le ferait que s'il n'était pas inoffensif. Et tout portait à croire qu'il ne l'était pas.
- Je vais m'enfuir. Je ne peux croire en les bonnes intentions du Président. J'ai besoin de savoir que tu peux veiller sur les autres, ici. Je sais que vous ne me croyez pas, et si vous voulez rester, je comprends. Mais faites attention à vous.
Elle voulait croire que Nathan était capable de garder les autres hors des problèmes. Elle ne voulait pas les abandonner ainsi, mais elle n'avait pas le choix. Il y avait plus en jeu qu'une histoire d'amitié.

Il était clair qu'il ne réussirait pas à la convaincre. Clarke s'était beaucoup fait remarquer ces derniers jours, et elle se disait que, au final, elle mettait plus en danger les délinquants en restant ici qu'en s'échappant. Sans elle, et en faisant mine basse, ils auraient une chance de rester sains et saufs jusqu'à l'arrivée des secours... s'il y avait bien des secours à ramener. Car Clarke était encore dans l'incertitude quant à la situation de son peuple. Ils n'avaient pas l'accès aux moyens de communication ici, mais Clarke avait pu voir que le Mont n'en manquait pas. Encore un indice pour prouver que les jeunes archéens n'étaient pas les bienvenus ici. Clarke avait tout demandé au Président : sortir du bunker, contacter son camp... rien n'y avait fait, elle n'en avait pas obtenu l'autorisation. Elle n'avait pas cru une seule seconde à son statut d'invitée, comment pouvait-elle y croire maintenant ? Elle était surveillée de près depuis ses frasques et, sans l'aide du sergent Remington, elle ne pourrait retenter une évasion aussi rapidement.

Elle ne savait que répondre à Nathan. Elle repassait en boucle dans sa tête tout ce qui lui semblait louche au sujet de cet endroit, et beaucoup de choses lui venaient, mais à part des dires d'une petite poignée d'habitants elle n'avait pas de preuves concrètes. Elle avait énormément de doutes sur ce qu'elle avait pu voir et entendre lors de ses promenades loin d'être innocentes. L'infirmerie la laissait perplexe. Elle avait remarqué quelque chose, un accès, une autre pièce derrière l'hôpital montagnard. Elle n'en était pas certaine, mais l'interdiction au public de se trouver ici sans surveillance lui donnait une presque certitude qu'un lourd secret était gardé au Niveau Trois. Si Clarke n'avait pas rencontré Joshua dans les couloirs de ce niveau mais un autre garde, elle aurait été dans de sacrés beaux draps et ne serait certainement pas en train de prévenir Nathan d'un danger.
- On ne nous dit pas tout, tenta-t-elle d'expliquer. Tu ne trouves pas ça étrange qu'on ne nous laisse ni sortir, ni essayer de contacter les nôtres ? Cette interdiction va au-delà de la sécurité du peuple. J'ai discuté avec certains habitants, dont des gardes, qui sont convaincus du fait que quelque chose de mauvais se trame aux niveaux inférieurs, mais ils sont aussi tenus dans le secret. A priori, seuls les plus hauts placés ont le droit de savoir... et tu sais où ce genre de comportement nous a mené sur l'Arche. Nous avons été utilisés en cobayes car le Conseil a gardé un secret trop longtemps. Il est hors de question que ça recommence ici...
Clarke déglutit. Elle avait un goût amer dans la bouche, un goût métallique qui lui rappelait l'odeur de sa cellule sur l'Arche. Clarke avait l'impression étouffante de n'avoir jamais quitté son statut de prisonnière. Ce dernier lui collait à la peau, même sur Terre.