La faim chasse le loup hors du bois - Pete

la faim chasse le loup hors du bois

Perséphone & Pete

〔Vous partez cet après-midi, Sergent Lane. 〕 Son ordre fut bref, rapide, décidé, personne n'avait moyen de le faire changer d'avis. Emerson avait émis l'idée d'envoyer mon groupe à l'extérieur afin de partir à la recherche d'un natif qui traînait beaucoup trop près des voies de ventilation du Mont Weather. Personne ne sait comment il avait réussi à éviter le brouillard d'acide et là n'était pas la préoccupation première, visiblement. Il fallait espérer qu'il soit seul et que d'autres ne l'aient pas suivi. S'il nous tendait une embuscade et qu'ils se trouvaient être plus d'un, voilà que nos vies seraient mis en grand danger.

J'avais alors regroupé tous les soldats de ma section et je n'avais pas loupé de contacter Soldat Dezba. Nous avions beau être amis depuis l'enfance -il était une des rares personnes à me supporter avec les Kowalski à l'époque- je me devais de garder avec lui une distance professionnelle, depuis qu'il avait été engagé dans ma section. Le point positif était que nous nous connaissions plus que bien et l'entente était bonne. Il était de confiance et plus que tout un excellent tireur d'élite, réputé pour ne jamais louper sa cible.
Treize heures. L'heure du départ approchait à grand pas. Dans le vestiaire proche de la porte de sortie, j'étais en train de me vêtir des combinaisons anti-radiation de camouflage qui nous seraient d'une grande aide afin de se fondre dans le décors sylvestre. J'avais appris à dompter mon stress, mais pas ma réjouissance de remettre le nez à l'extérieur. J'en désirais toujours plus. Ces derniers jours, je voulais me débarrasser de ma combinaison afin de sentir le vent caresser mon visage, mes cheveux, sentir toutes les odeurs librement. Je voulais tout laisser tomber et m'évader, tout simplement. Mais je n'étais pas folle. Je savais que je n'y survivrais pas. Alors je me contentais de ce que j'avais, en me disant que la plupart des habitants du Mont, eux, n'avaient jamais mis un seul pied à l'extérieur.
C'est une fois prête, équipée de ma combinaison verte-kaki et de mon arme, que je retrouvais mon équipe dans le sas de décontamination, dernière étape avant d'enfin pouvoir sortir. Je constatai rapidement que toute ma section était présente, nous étions six en me comptant. Pete était là d'ailleurs. Je les reconnaissais tout juste à travers les reflets des lunettes de protection de leurs casques. 〔L'objectif de la mission est le suivant: arrêter le natif errant autour des bouches d'aération mort ou vif.〕 Je lançai un regard à chaque membre de l'équipe, tandis qu'une porte hermétique se refermait derrière nous et que la plus grand d'elle commençait à dévoiler l'extérieur. 〔N'oubliez pas de vérifier l'état de votre combinaison. Quand tout le monde sera fait, nous pourrons partir.〕

(c) DΛNDELION

Des petits cris de nourrisson me fait sortir du sommeil, je baille à m'en décrocher la mâchoire puis passe une main dans mes cheveux. Des doigts froids se posent sur mon torse nu et le très joli visage d'Ariel émerge des couvertures. Je lui sourie en caressant sa joue du bout des doigts, elle me demande:

- Tu veux bien aller lui donner son biberon ?

Je hoche la tête et lui met mes couvertures sur la tête en riant un peu. Dans la cuisine je glisse un biberon de lait dans le chauffe-biberon puis je vais dans la chambre du petit. Je le tire du lit et le prend dans mes bras puis retourne dans la cuisine. Un cri provenant de ma chambre retentit suivit d'un hurlement étranglé, je me rue dans la pièce pour y trouver Ariel le corps recouvert de sang et un natif. Il se jette sur le bébé et moi et nous tombons tout les trois à la renverse.

L'alarme stridente de mon réveil me tire du lit en sursaut. Je regarde autour de moi, personne juste un pauvre type veuf dans sa chambre trop grande pour lui tout seul. Avant de partir travaillé je passe par la salle de bain et la cuisine. J'attache l'alliance d'Ariel et la mienne à ma chaine puis la glisse autour de mon cou avant de visser sur ma tête ma casquette de garde.

Quelques minutes plus tard, je lis mon ordre de service: mission avec la section intervention extérieure dirigée par le sergent Lane. Je connais Perséphone depuis que je suis gosse, elle est l'une de mes rares amies depuis la mort de ma femme. Et depuis que j'ai intégrer sa section, elle est ma supérieure ce qui facilite notre entente sur le terrain. Direction les "vestiaires", sur place la plupart des membres de l'équipe sont déjà présent. J'enfile la combinaison nous permettant de survivre au dehors lorsqu'un des soldats m'interpelle:

- Hé Dezba, tu te balades encore avec ton petit collier comme un toutou ?

Je serre les poings pour ne pas lui défoncer le crâne à coup de crosse puis me tourne vers lui.

- Et toi, le sang de natif m'a l'air d'avoir bien soigné ta blessure mais en revanche il t'a rendu plus con que tu ne l'es déjà. Ferme-là crétin.

Mon intégration récente à l'équipe de Lane à encore du mal à passer auprès de certain. Je termine de m'habiller lorsque Perséphone arrive et nous donne l'objectif de mission. Je hoche la tête, simple trouvé le natif, buter le natif. Et espérer que ça ne soit pas une embuscade. J'attrape mon fusil à lunette puis le vérifie en murmurant pour me concentrer:

- Une fournée, deux fournées, piécettes et p'tites monnaies.

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Perséphone & Pete

Comme à chaque fois, je ne voulais pas louper une seule miette de la vision extérieur. Alors dès que l'immense porte commença à s'ouvrir, je tournai mon regard vers le monde. D'abord éblouie par tant de lumière, je cachai mon visage du dos de ma main et sortit. Je clignai des yeux plusieurs fois avant que ma vue ne soit habituée. Nous vivions toujours si loin sous terre, sous aucune lumière naturelle, que de sortir nous faisait toujours cet effet là. Pourtant, ce jour-là, le ciel était couvert d'épais nuages clairs. J'avais néanmoins appris qu'ils n'annonçaient pas la pluie et c'était tant mieux. Le sol était couvert de fleurs naissantes en ce début de printemps et la terre était humide des giboulées de cette période de transition. Les oiseaux chantaient autour de nous et je vis même quelques insectes virevolter. Un frisson me parcourut. C'était si beau. Je sortais toujours par le même endroit et pourtant, je le redécouvrais à chaque fois. Chaque jour était différent sur Terre. Sur cette planète si belle qui ne cessait de m'éblouir. Je n'arrivais pas à m'habituer à tout cela.
Je lançai un regard dans mon dos. Tout l'équipe était dehors également. Je checkai rapidement ma combinaison afin de voir si aucune fuite n'était apparente, mais visiblement tout fonctionnait par le mieux. C'était des mesures de précaution qu'ils ne valaient mieux pas éviter. Je posai un regard lourd de sens sur mes coéquipiers. 〔 Soyez sérieux. 〕 rappelai-je. Oui car je savais que Pete n'était pas le bienvenu dans l'équipe. Les mecs se montraient jaloux de son talent apparent. Et je détestais lorsqu'ils se permettaient des remarques incongrues à son sujet, par simple jalousie de leur part. Mon ordre était dur et clair, il n'y avait pas intérêt à désobéir. Nous devions nous concentrer au mieux sur la mission afin de la régler sans désagrément. 〔 Le natif a été aperçu sur la façade nord-est du Mont. C'est là que nous nous rendons. 〕 A mon poignet, une montre digitale à localisation GPS qui m'indiquait la route à emprunter. C'est d'un bon pas que je me mis en marche, suivie de mon équipe. Je déclarai à l'attention de l'oreillette intégrée à mon casque, qui me reliait directement au Mont. 〔 Ici Sergent Lane. Nous partons en direction du point GPS. Terminé. 〕 Suivant les flancs du Mont Weather, nous quittâmes la clairière tandis que la lourde porte se refermait derrière nous. Nous nous enfonçâmes dans les bois dans un rythme soutenu et surtout le plus silencieusement possible. Mon regard balayait cette forêt qui recelait bien des dangers. Ne sait-on jamais si un Natif rôdait aux alentours, il serait tout à fait à même de percer nos combinaisons à l'aide de flèches, caché dans la cime d'un arbre. Je savais que mon équipe était également aux aguets et qu'ils n'hésiteraient pas à me prévenir si un danger approcherait.

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Un coup d’œil auprès de ma bonbonne d'air m'apprend que j'ai plus de 10h d'oxygène devant moi. Au mieux, la mission ne durera qu'à peine deux petites heures. Au pire, 6 heures maxi. Je glisse l'immense casque qui scelle la combinaison sur ma tête puis y relie le tube d'oxygène. Au signal du Sergent, l'ensemble de l'équipe se présente à la porte blindé au niveau du sas pressurisé. Quelques secondes et pas suivant, nous nous retrouvons dehors aveuglé par la vive lumière du soleil. Comme à chaque fois que je suis à l'extérieur, un léger sourire nait sur mon visage mais disparaît très vite lorsque je ressers mon emprise sur mon fusil. A peine avons-nous franchît le parvis de la porte blindée que mes sens sont en alerte totale dans ce milieu hostile qu'est le monde extérieur.

Façade Nord-Est, par chance cette partie du moment n'avait presque pas de relief donc peu d'endroits comme des grottes ou autre cavernes permettant à d'autres natifs de se cacher dans l'attente d'une embuscade. Cependant, la forêt à proximité abritait d'autres dangers que des natifs. Une multitude de bêtes sauvages mutées après la guerre nucléaire peuple la forêt.

L'ensemble du groupe se met en route derrière Perséphone, suivant le signal GPS de son bracelet. Je garde un oeil sur le dos de la Sergent et l'autre à la recherche de tout mouvement suspect, mon doigt ne se desserrant pas de la gâchette du fusil. De temps à autres, je regarde à travers la lunette de mon fusil à la recherche du natif au cas où il se cacherait dans les arbres. Je me rappelle encore très bien la première fois que j'ai tué un natif avec la section extérieur, j'étais posté en hauteur à flanc de montagne. Je l'ai suivi avec ma lunette agrandissante pendant une bonne dizaine de minutes avant d'appuyer sur la détente. Le temps que le bruit de l'explosion provoqué par le tampon qui frappe la balle à pleine vitesse ne parvienne aux oreilles du natif, ce dernier se faisait transpercer le crâne de part en part dans une gerbe rouge.

Lorsque nous arrivons un peu avant la section Nord-Est, Lane nous fait signe de ralentir. Je resserre mon emprise sur mon arme, prêt à m'en servir sans hésiter un seul instant. Un tir, un mort. Voilà comment je résonne.

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Perséphone & Pete

J'essayais de ne pas me laisser happer par la beauté de la forêt et de rester concentrée sur ma mission. J'avais beau être allée des dizaines et des dizaines de fois sur Terre, je ne m'étais jamais habituée à cette magnificence, moi, pauvre femme tout droit sortie des Enfers. Un jour, je voudrais m'arrêter et prendre le temps de contempler ce monde qui s'offrait à moi. Découvrir les oiseaux, les fameux cerfs à deux têtes, sentir les odeurs de chaque fleur, goûter aux succulents fruits des arbres, bronzer sous le doux soleil d'été et faire des batailles de boules de neige en hiver. Je voulais me laisser bercer par ce bonheur qui me tendait les bras. Mais cet idéal était bien loin.
Nos bonbonnes d'air nous conféraient assez d'oxygène pour les prochaines heures. En revanche, le moindre trou dans la combinaison viendra à causer notre perte. J'avais déjà vu mourir trop des miens de cette manière terrible. Et bien souvent, nous étions trop loin et le temps que nous les ramenions au Mont, il était déjà trop tard. Même le sang de Natif ne pouvait plus rien y faire. Dans nos casques se trouvaient également une puce qui indiquait au poste de contrôle où nous nous trouvions et Emerson surveillait attentivement ces écrans. Il voulait s'assurer que l'on mène ses missions à bien. Mais depuis le temps, il avait appris à me faire confiance. Et ce n'était pas faute de persévérance... Il en fallu du temps avant qu'il me considère comme un réel atout.

Je regardais attentivement ma montre GPS et je voyais que nous nous rapprochions du point dangereusement. Nous étions désormais dans le secteur dans lequel le natif avait été aperçu. Je ralentis gentiment jusqu'à m'arrêter totalement. Je fis un signe de la main de faire de même à mon équipe qui m'obéit. Je me retournai et me retrouvai face à Pete, enfin, Soldat Dezba, qui couvrait mes arrières. Sans un mot, simplement à l'aide de gestes, je séparai l'équipe en trois duo et leur indiquai des directions à prendre. Le but étant, évidemment, de toujours rester visible pour le reste de l'équipe. Il s'agissait simplement de couvrir un maximum de terrain afin d'être certain de ne pas le laisser filer.
Je me retrouvai donc avec Dezba et je menai la route, les deux autres groupes à quelques mètres en parallèle, toujours dans mon champ de vision. Nous progressions lentement, armes en main, le regard scrutant les bois. Les natifs avaient l'habitude de progresser dans les bois et ils savaient se faire invisible. Il fallait donc avoir l'oeil afin de les repérer.

Nous prenions notre temps, beaucoup plus que toute à l'heure et tout à coup, je vis quelque chose filer dans le coin de mon regard. Je m'arrêtai net, murmurant dans l'oreillette à l'intention de mon groupe: 〔 Arrêtez-vous. 〕 Je pivotai sur mes pieds, doucement, mon arme prête à tirer, tenue fermement en main. Je fronçai les sourcils, car rien n'apparaissait dans mon champ de vision. Jusqu'à ce que je lève la tête et constate que deux hommes nous tenaient en joue avec des flèches, dans l'arbre au-dessus de nous. 〔 Natifs ! FEU ! 〕 Des flèches s'abattirent sur le groupe et les cinq natifs sautèrent des arbres où ils étaient cachés, décochant leurs épées. Ils ne se rendaient pas compte que le combat était perdu d'avance.

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Le petit groupe arrête sa progression puis la sergent Lane se retourner et sans un mot, nous divises en trois duos. Le crétin de tout à l'heure s'éloigne vers la gauche avec un autre gars et le deuxième duo parallèlement à nous à droite. Lorsque Perséphone nous fait signe d'avancer, les trois unités convergent en même temps. Je positionne mon arme en joue et avance en couvrant les arrières de ma supérieure hiérarchique, un doigt positionner sur la détente prêt à faire feu à tout moment. En arrivant à l'endroit où est censé se trouver le natif, il n'y a rien du tout. L'endroit est vide, seule une poignée de lapins déguerpissent dans leur terrier. Où est il ? Ma question ne tarde pas à trouver une réponse, la sergent pousse un cri d'alerte suivit par deux traits de flèches et les cris de guerres des natifs.

Braquant mon canon en direction de l'un des épéistes, je fais feu sans aucun remord. Une balle dans le ventre pour freiner sa progression et une deuxième dans la tête pour l'achever. Le cadavre se tortille quelques secondes avant de ne plus bouger, je tire à nouveau sur le natif suivant. Je lui colle une série de balles dans les jambes et sans un regard je pivote vers le troisième en laissant le précédent se vider de son sang. Une flèche passe à ras de ma tête, l'un des natifs se cache derrière un arbre et nous vise avec ses flèches. Je hurle à l'intention de tous:

- A couvert !

Sans attendre la réaction de Lane, je lui attrape le bras au moment où l'archer lui envoie un flèche qui la frôle de quelques millimètres seulement. Je la tire à couvert derrière un des reliefs en béton du Mont Weather. J'ignore si les quatre autres m'ont entendu et s'ils sont toujours en vie.

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Perséphone & Pete

J'avais presque envie de soupirer et d'éclater de rire. Ce que les natifs pouvaient être naïfs parfois ! Se rendaient-ils compte qu'avec nos armes à feu, ils n'allaient jamais pouvoir nous arrêter à coups de flèches ? Cependant, il ne fallait de loin pas baisser sa garde. Car même si ces bâtons semblaient inoffensifs, ils restaient tranchants et un bien placé pouvait trouer notre combinaison voir nous achever sur le coup, si il était lancé au bon endroit, comme dans la gorge par exemple. Je restai donc aux aguets, mon arme en joue, prête à tirer sur quiconque natif s'apprêterait à me viser.
Les coups de feu pleuvent et les natifs s'écroulent sous leurs chocs. Pete ne manque aucune cible comme à son habitude. J'étais toujours épatée avec quelle précision il était capable de tirer. Et alors que j'étais occupée à vider mon chargeur sur l'un des assaillants, j'entendis mon coéquipier me crier de me mettre à couvert et heureusement qu'il me tira par le bras car une flèche me frôla de près, manquant à peine de déchirer ma combinaison. Pas le temps pour les remerciements, je me retourne sur le coup et descend ce petit con qui avait failli m'atteindre.

Tous les natifs sont au sol, baignant dans une flaque de sang naissante, et nos combinaisons sont tâchées de ce liquide rouge. J'entends des pas précipités et je vois un nouveau natif fuir à travers les bois. Aussitôt, je reconnais celui pour qui nous étions venus aujourd'hui, que j'avais aperçu plutôt sur les écrans de contrôle. Et alors que je m'apprêtai à lancer l'équipe à sa poursuite, je me rendis compte que nous n'étions par tous dans un bon état. Je découvris l'un des membres de mon équipe me faire signe comme quoi il avait un trou dans sa combinaison. Je remarquai à travers la visière de son casque que son corps commençait déjà à se couvrir de cloques. 〔 Ok, vous trois, dépêchez-vous de ramener Smith à l'infirmerie avant qu'il ne soit trop tard. Dezba et moi on s'occupe du dernier natif. Qu'est-ce que vous attendez ?! 〕 Aussitôt, ils se mirent en mouvement et se mirent à plusieurs pour porter le blesser. Je ne m'inquiétais d'abord pas pour lui, même si je tenais à chaque membre de ma section, car l'adrénaline présente dans mes veines étaient encore trop forte. Nous devions mener cette mission à bien. 〔 On a un blessé. Montgomery, Jackson et Atherton ramènent Smith qui a un trou sans sa combinaison. Soyez prêts à le soigner. Terminé. 〕expliquai-je à l'intention de l'oreillette dans mon casque. Puis, je me tournai vers le Soldat Dezba. 〔 Allez, dépêchons-nous ! 〕

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Une mare de sang s'écoulent autour des corps de quatre des natifs. Les trois miens sont emmêlés pêle-mêle sur le sol, je fronce le nez, j'avais usé de trop de balles sur le dernier. La prochaine fois je devrais faire mieux et anticiper encore plus à l'avance pour éviter une situation comme celle-ci. Un bruit de pas étouffé se fait entendre et une silhouette détale entre les arbres, l'un des natifs -certainement celui qui tirait des flèches- à survécu et prend la fuite, mue par un automatisme sans faille je braque mon arme sur lui et le prend en joue. Cependant le sergent m'en empêche, le crétin de Smith s'est fait troué la combinaison par une flèche native et son visage était déjà boursoufflé de cloques. Dans 10 minutes il serait mort s'il ne recevait pas des soins immédiats. Lane ordonne aux autres membres de l'escouade de le ramener à la base le plus rapidement possible. Elle ne m'a pas inclue, je comprend donc que la chasse au natif vient à peine de débuter.

Je vérifie l'état de ma propre combinaison puis le niveau de mon chargeur avant de la suivre dans la forêt. Des feuilles et branches écrabouillés nous offrent une piste à suivre, je presse le pas en apercevant une trainé de sang sur un buisson.

- Il est blessé et ne pourra pas aller loin, regardez comme son pas est lourd.

Je désigne une empreinte sur deux, plus profonde que l'autre. Il est certainement blessé à la jambe ou le mollet car il semble ne pas s'appuyer sur le pied gauche.

- Je pense que la balle n'est pas ressorti, il croira certainement que l'enlever lui permettra de se déplacer plus vite alors que cela l'handicapera que plus. La balle empêche son sang de se vider trop rapidement.

Sans attendre un commentaire de ma chef, je m'avance sur la piste du natif un doigt sur la gâchette. Je regrette de ne pas avoir emmener un couteau avec moi, dans un combat rapproché et en forêt il aurait était très utile. Cependant, je me savais plus qu'excellent au tir et cela me fait rarement défaut. Le natif n'est sûrement pas l'une de mes victimes sinon nous n'aurions pas à le pourchasser comme un chien enragé.

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Perséphone & Pete

Je n'attendis pas un instant de plus. Nous n'avions pas une seconde à perdre. Je fis signe à Dezba de me suivre tandis que le reste de l'équipe faisait chemin inverse. Je m'élançai à travers les bois dans un petit trot rapide et soutenu, suivie de près par mon coéquipier qui surveillait mes arrières. Avec lui, j'étais certaine d'être entre de bonnes mains. Il était réputé pour ne jamais louper sa cible. Si j'avais appris à tirer avec une arme et que je m'en sortais très bien, jamais je ne serais capable de le faire avec tant de précision.
Le natif n'est pas difficile à pister. Il a laissé dans son sillage des feuilles écrasées et des branches cassées. Je faillis ne pas m'arrêter sur un détail mais Pete le fit à ma place. Il constata le sang sur un buisson et je m'arrêtai afin d'observer la piste. En effet, un de ses pieds était bien plus marqué que l'autre. Sa progression devait être ralentie par sa douleur. Il ne pouvait pas aller loin, nous devions même être tout proche. 〔 Ne nous laissons pas distancer. 〕 Puis je repris le pas, toujours aussi rapide que toute à l'heure. Ce natif était notre mission. Je n'étais pas prête à échouer. J'avais quasiment toujours tout réussi et aujourd'hui n'allait pas être une des rares exceptions.

Tout à coup, la piste s'évapora. De flagrant elle devint invisible. Derrière ma visière, je fronçai les sourcils. Mettant mon arme en jour, sentant mon coeur s'accélérer, je balayai la forêt du regard. Plus rien à l'horizon. Il ne pouvait tout de même pas s'être... Envolé ? A cette idée, je levai les yeux au ciel. 〔 PETE ! ATTENTION ! 〕 criai-je. Le natif était sur une branche d'arbre nous surplombant. Il tenait une longue dague dans sa main et se trouvait juste au-dessus de Pete . Au moment propice de mon cri, il se laissa tomber et j'espérai que le soldat ait pu éviter l'attaque. D'ailleurs... Sous la pression, le professionnalisme avait cédé laissant place aux relations de long terme. Pete était un ami de toujours. Néanmoins, durant nos missions, nous gardions toujours des appellations plus professionnelles. Et là, je m'étais laissée emporter.

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La piste de sang frais se prolonge sur une dizaine de mètres avant de subitement disparaître. Je fronce les sourcils, posant un genou à terre j'observe la dernière goutte de sang et un peu plus loin les dernières empreintes de pas. Où diable a-t-il bien pu passer ? Soit il avait réussi à soigner sa blessure et à se terrer quelque part comme un animal blessé, soit les natifs avaient appris à voler. Le sergent me rejoint quelques secondes plus tard et fait la même constatation que moi. Soudain son cri brise le silence de la forêt et j'ai juste le temps de lever la tête pour apercevoir le natif me tomber dessus avec une dague à la main.

Si j'arrive à l'esquiver ce n'est que grâce à mes réflexes, je roule sur le côte au moment même où il abat sa lame sur le sol. Je n'ai pas le temps de me remettre sur mes appuis qu'il se jette sur moi et nous tombons dans la poussière dans un roulé-boulé. Le sergent Lane ne peut tirer de peur de me tuer sans le vouloir, je dois donc me débrouiller seul. Mon genou atterrit dans le ventre du natif et je bloque sa lame du mieux que je peux, il est bougrement fort malgré sa blessure.

Dans un ultime effort je lui arrache la lame et la retourne contre lui, je la plante sous sa mâchoire et ne lâche pas tant qu'il n'a pas rendu son dernier souffle. Ses yeux roulent dans ses orbites, de l'écume lui sort de la bouche et son corps continu de se débattre pendant quelques instants avant d'abandonner. Lorsque je ne sens plus son cœur battre je le repousse au loin en laissant la dague planté dans sa mâchoire.

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Perséphone & Pete

Grâce à mon interpellation, mon coéquipier parvint à éviter le coup du natif enragé. Il était toujours blessé mais visiblement sa rage de vaincre dépassait toute douleur. Son arme acérée au poing, il émettait des grognements. Il était prêt à en découvre. Les peintures de guerre sur son visage à la peau foncée lui donnait un air terrifiant. J'avais l'habitude de voir les natifs à présent. Mais je devais avouer que celui-ci avait l'air particulièrement intimidant.
Alors que Pete esquivait l'attaque, le Natif se ruait déjà sur lui, poussant un cri, prêt à tuer l'homme sur-le-champ. Mon fusil en main, je m'apprêtai à lui tirer dessus mais il était bien trop rapide. Et bien trop proche de Pete. Je ne pouvais pas prendre le risque de le toucher. Car au-delà d'une blessure dont il se remettrait bien facilement si elle était bien placée, ce ne serait pas le cas de sa combinaison qui laisserait passer tout l'air radioactif. Et nous étions bien trop loin de l'entrée du Mont pour le ramener en vie. J'étais donc là, à observer le combat, impuissante. Je me tenais pourtant prête à intervenir dès qu'une ouverture se ferait. Tout se passait si vite, j'avais tout juste le temps d'analyser la situation que déjà le coup suivant se donnait. Et tout à coup, Pete désarma le natif et retourna sa propre arme contre son ennemi. Il planta la lame dans sa gorge. Un jet de sang jaillit tandis que le terrien mourrait dans un gargouillis atroce. Il tomba au sol, raide, son regard perdit toute rage de vaincre et se voila de la mort. Ce n'était de loin pas la première fois que j'assistais à une morte pareille. Et je savais qu'il s'agissait de légitime défense. Mais je n'y restais pas pour autant intouchable, au contraire... Je cachais cela derrière un masque impassible, car un Sergent ne pouvait pas se permettre de plaindre ses victimes.

Je m'approche de Pete tandis qu'il repoussait le corps sans vie. Je lui tendis une main forte, lui proposant ainsi de l'aide pour se relever. 〔 Vous allez bien ? Vous n'êtes pas blessé ? Vous n'avez aucun trou dans votre combinaison ? Il vaudrait mieux vérifier avant que le pire n'advienne. 〕 Le trou pouvait être minuscule et ne laisser passer qu'un filet d'air. Un mince filet déjà mortel... Je ne voulais pas perdre Pete aujourd'hui dans une mission stupide. De toute manière, cette dernière était achevée. Il valait mieux pour nous de retourner à la base avant que nous ne tombions sur une embuscade ou un autre groupe de natif. Ou tout simplement sur une bête sauvage qui rôdait dans les bois...

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Mon coeur bat tellement fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va s'échapper de mon corps. Mes poumons sont aussi vide que s'ils étaient desséchés avec un besoin insatiable d'eau. Je m'efforce de calmer ma respiration en fermant les yeux pour me concentrer. Lorsque je les ouvres de nouveau, le sergent se tient au dessus de moi et me tend une main, je l'empoigne pour me remettre sur pied. Suivant ses indications je vérifie que ma combinaison n'est pas perforé, je n'avais pas survécu à un corps à corps avec un natif tout ça pour mourir bêtement par radiation.

Quelques minutes plus tard, j'ai terminé l'inspection de ma combinaison avec aucun trou à déplorer. Soulagé je lève le pouce en l'air à l'intention de Lane.

- Je vais bien, sans doute quelques ecchymoses mais ma combinaison est un intacte sergent.

Mes yeux se posent sur le cadavre sanguinolent du natif, je m'agenouille à ses côtés puis le fouille. De toute manière, un mort n'avait plus besoin de ses biens. Sur lui il n'y a que de la viande séchée, des miettes et une carte grossièrement dessinée. Je fourre la carte dans l'une des poches latérale de ma combi puis me relève, l'arme au poing.

- Il vaudrait mieux que nous retournions à la base, sergent.

Je me tourne vers elle et attend son ordre de repli.

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