▲ We are Grounders Pt.2 (Event)

Elle avait eu tort. Elle s'était lourdement trompée sur le fait qu'elle pourrait résister à la douleur qui l'étouffait. Elle s'était lourdement trompée sur l'identité de l'inconnue des bois qui s'avérait être finalement le chef ennemi. Il n'y avait plus aucun doute là-dessus. La femme des bois surplombait tout le monde, même les guerriers qui continuaient à amener des prisonniers. Son allure n'avait plus rien de la douceur que Clarke avait connue deux soirs plus tôt. Les deux jeunes femmes se retrouvaient dans la même forêt, mais dans un tout autre contexte. Les mâchoires serrées, Clarke ne pouvait quitter la native du regard. Elles ne s'étaient jamais vraiment présentées l'une à l'autre. Clarke avait espéré pouvoir le faire un jour, mais jamais de cette façon-là. Son cœur rata un battement, la faisant légèrement sursauter, alors qu'elle repensait aux images qu'elle avait osé rêver. Son esprit avait créé tout un mécanisme pour la faire souffrir. Peut-être même qu'il avait pressenti le drame et avait voulu torturer Clarke. Que ce soit le cas ou non, un sentiment d'injustice poignarda Clarke en pleine poitrine. Jamais rien ne se passait comme prévu. Pas même une chose aussi simple que la rencontre d'une inconnue spéciale. Clarke s'était répétée, pour se rassurer, que, peut-être, cette native de la forêt habitait dans un petit village paisible, menait une vie des plus ordinaires qui aurait impressionné Clarke et son passé qui ne connaissait pas la Terre. Mais ça, Clarke n'y avait pas le droit. Elle avait toujours beaucoup trop espéré. Avec ses parents. Avec son futur sur l'Arche. Avec Finn sur Terre. Avec la rencontre d'une native pacifique. Pacifique ? Clarke laissa s'échapper un rire nerveux qui passa à peine le tissu coincé entre ses lèvres. Ce n'était pas comme ça que Clarke avait rêvé d'être tue par la femme des bois.

Une larme s'écoula le long de sa joue. Clarke ne baissa pas le regard pour autant. Ses mâchoires étaient si crispées que Clarke s'en mordait les joues jusqu'au sang. Si la douleur morale avait été la seule, ça aurait peut-être été plus simple de résister aux larmes. Mais la cheville tordue de Clarke la faisait terriblement souffrir et, à genoux dans la terre, Clarke n'avait d'autre choix que de s'appuyer légèrement sur ses deux chevilles pour tenir en équilibre tandis que ses genoux s'enfonçaient dans la boue. Elle avait l'impression que son pied enflait, sa cheville embrasée lançait ses flammes le long de sa jambe. Clarke n'était pas certaine de pouvoir supporter la douleur longtemps. Les larmes lui brouillaient déjà la vue, ses joues trempées par le mélange de celles-ci et de sueur. Depuis son retour de son périple la veille, Clarke n'avait pu réellement se reposer. Tout s'était enchaîné vite. Elle avait dû prendre des décisions rapidement et, au final, elle et les autres délinquants se retrouvaient dans cette situation. Quel genre de leader était-elle si elle ne parvenait pas à prendre une décision juste ? Peu importe ce qu'elle décidait, tout finissait toujours mal. Pour preuve, elle se trouvait aux pieds du chef ennemi. De la fille des bois, dont la vue tourmentait plus Clarke qu'elle ne voudrait l'admettre. Elle avait échoué, et le peu de sentiments positifs qu'elle avait laissé naître à l'égard de cette native avait disparu en un regard. De tous les natifs qui les avaient attaqués, Clarke n'en avait jamais méprisé aucun. Ils étaient l'ennemi, il n'y avait pas besoin de les mépriser, ils étaient dépréciés par définition et nul autre sentiment à leur égard n'était utile. Mais pas cette fois. Pour la première fois, Clarke commençait à ressentir de la haine à l'égard d'un étranger. Quelqu'un qu'elle connaissait à peine, mais à qui elle avait été obligée de faire confiance pour survivre. Ça n'aurait été qu'un moment, mais ça aurait suffi à lui donner espoir. Et à présent, cet espoir n'était plus.