Au détour de mes secrets - Wakiza

Cette journée remonte à bien des années aujourd'hui. Je savais que je n'allais pas pouvoir cacher mon problème bien longtemps au seul ami que j'avais. Je connaissais Wakiza depuis quelques temps, et toujours nos rencontres se faisaient dans le secret. Personne n'était au courant que nous nous voyions. Moi, je disais à Zaltana que j'allais me balader dans les bois autour de la maison. Elle ne pouvait pas me refuser cela. Et Wakiza... Eh bien... Je ne savais pas ce qu'il trouvait comme excuse. Mais mine de rien, j'étais heureuse de nos petites retrouvailles dans le dos de tout le monde. Même si durant tout ce temps, je lui avais caché ma malformation... Je ne voulais pas qu'il la découvre. J'avais peur de sa réaction, en sachant que je n'étais pas normale. Alors, je lui racontais des bobards. Je disais que j'avais mal à la jambe, que je me l'étais cassée et que je ne pouvais pas la bouger. Mais là, depuis le temps, elle devait largement être rétablie... Il finirait bien par se douter de quelque chose. Je ne doutais pas que ça arriverait aujourd'hui.

J'avais quinze ans. C'était il y a cinq ans. Je n'avais pas encore Akiyan, mon loup, pour se balader avec moi dans les montagnes. J'avais juste ma canne en bois de chêne, que ma mère adoptive m'avait confectionnée et que je ne lâchais jamais. Enfin, presque du moins. Néanmoins, je préférais l'emporter quand je partais pour des marches de plusieurs kilomètres. J'avais l'habitude, j'étais née ainsi. Mais je devais avouer que c'était loin d'être confortable et que j'enviais tous ces gens qui, eux, pouvaient se mouvoir aisément.
Alors je pris le sentier sinueux aux abords des falaises, des crevasses et des pics vertigineux afin de me rendre à l'endroit où nous allions nous retrouver. Notre endroit. C'était devenu notre petite habitude. Régulièrement on s'y retrouvait, toujours aux mêmes jours et aux mêmes heures. Pour être sûr de ne pas se louper. Et même si l'autre finissait par ne jamais arriver, on prenait le temps d'apprécier le lieu. Qui était d'une beauté à couper le souffle.
Après quelques heures d'une marche longue et éprouvante, je finis par y arriver. C'était un point de vue superbe, comme jamais je n'en avais vu auparavant à Boudalan. Il offrait une vue sur la Falaise Bleue du clan homonyme et voisin ainsi que les forêts à perte de vue de Trikru au Nord. C'était superbe. En cette journée ensoleillée de printemps qui plus est, les arbres en contre-bas étaient décorés de multiples feuilles aux verts plus uniques les un que les autres. Essoufflée, je me rendis compte que j'étais la première sur place. Alors je m'assis sur une pierre, que nous avions disposée ensemble face à l'horizon, attendant patiemment l'arrivée de mon ami tant attendu.