Au fur et à mesure qu'il lui en disait un peu plus sur lui, sur son clan, sur leur façon de faire et de voir les choses, Dylan se disait qu'il y avait tellement à apprendre sur eux. Elle se demandait si elle ne devrait pas être prise de remords, de parler de cette façon avec l'un des natifs, car jusque là, chacune de leur rencontre avec eux s'est retrouvée être un vrai désastre pour son peuple. Mais elle ne l'expliquait pas. Pourquoi au fond d'elle, elle adorait être là, à le regarder, à l'écouter? Pourquoi n'avait-elle plus peur, et pensait même, qu'elle pouvait lui faire confiance? C'en était plus qu'étrange. Et surtout, elle se disait que quiconque dans son camp, ne serait pas d'accord qu'elle le fasse. Mais elle en oublia son peuple, au moins l'espace de quelques secondes, pour se concentrer sur lui. La commandante? Elle se demandait bien qui elle pouvait être et espérait une chose, qu'elle soit aussi intelligente que lui pour voir qu'il y avait possibilité d'une alliance.
- Alors on va croiser les doigts pour qu'elle ne décide pas de nous exterminer. Et de faire que nous soyons ennemis.
Elle voyait très bien que le ciel commençait à perdre de son éclat, que la nuit commençait à pointer son nez. Elle savait aussi que c'était risqué de trainer hors du camp la nuit. Mais avait-elle réellement envie de partir? Elle n'en savait rien. Au début, elle avait souhaité qu'une chose, qu'il la laisse partir, et là, elle se surprenait à vouloir le contraire. Elle souhaitait rester là, et l'écouter, une fois de plus en apprendre un peu plus. Mais était-ce seulement raisonnable. Quand il avait posé sa main sur sa joue, elle n'avait pas réussi à bouger pour s'extirper. Non pas qu'il l'en avait empêchée, mais parce qu'elle n'en avait pas envie. Elle s'en voulait un peu. Parce que sur l'Arche, elle avait quelqu'un, et qu'ici, elle se surprit à apprécier le contact d'un autre. Bien sûr, on ne pouvait pas dire que ce qu'il avait fait l'avait rendue coupable de quoi que ce soit, mais pour elle, apprécier rien que ce tout petit geste, n'était pas normal. Pourtant, c'était bien réel.
- On nous déconseille de rester hors du camp la nuit... Il faudrait que je rentre....
Il le fallait oui. Sinon, elle savait qu'elle ne rentrerait peut-être pas de la nuit. Car elle pouvait parler des heures quand elle était absorbée, et bien souvent, elle ne voyait pas le temps passer. Et là, elle se sentait absorbée dans son regard.
Elle n'avait pas relevé lorsqu'il lui avait dit que s'il avait voulu la raccompagner, ce ne serait certainement pas son peuple qui l'en empêcherait, et qu'il savait se faire discret quand il le voulait. Il est vrai qu'elle ne l'avait pas vu arriver et elle ne l'expliquait pas car peu de temps avant, elle avait regardé partout. Mais elle se disait qu'il avait toujours vécu sur cette planète et qu'il avait appris à se faire le plus discret possible pour sa propre sécurité. Et elle pouvait reconnaitre qu'il était doué. Elle lui fit un signe de tête affirmatif.
- Non je ne suis pas un Trikru, je suis un Boudalan. Ai laik Yuma Hedakru kom Boudalan. Dans ta langue ça voudrait dire, je suis Yuma chef du clan des Boudalan.
Dans sa tête, elle se remémorait ce qu'il lui avait dit, essayant de répéter sa langue, mais elle l'aait trouvé bien trop compliquée. Elle avait été étonné d'apprendre qu'il était en fait un chef de clan, alors qu'il n'y ressemblait pas. Il avait l'air trop pacifiste pour être un chef de clan. Mais bon, elle débarquait ici, et elle ne connaissait personne. Seuls les Trikru étaient connus et ce n'était sans doute pas leur gentillesse qui faisait leur notoriété. Voilà peut-être pourquoi elle était étonné de ce Yuma. Son prénom se repassait en boucle dans sa tête mais elle en fit abstraction.
- Qu'entends-tu par ils sont tous comme moi ? - Et bien.... Je veux dire, aussi.... Pacifiste.
Car s'il y avait un clan près duquel se rapprocher pour se sentir un peu plus en sécurité, son clan à elle aurait peut-être tout à y gagner. Mais peut-être que lui seul était comme ça, et envers elle seulement. Elle se surprenait à apprécier cette éventualité, de se sentir un peu plus privilégiée. Mais elle se disait que c'était impossible et quand bien même cela aurait été le cas, comment aurait-elle pu réagir face à ça? Elle ne pouvait pas nier que de le voir si près d'elle faisait accélérer son coeur, alors même qu'elle ne le connaissait pas et qu'il lui avait fait peur au début.
Elle resta appuyée contre cet arbre, mais bizarrement, elle ne voulait plus partir, elle voulait rester là, autant qu'il le faudrait. Elle souhaitait en apprendre plus sur lui, sur qui il était et surtout, elle voulait savoir pourquoi il ne lui avait rien fait. Car elle ne le savait toujours pas. Mais elle n'avait plus peur. Etrangement, elle voulait le croire lorsqu'il lui avait affirmé qu'il ne voulait pas lui faire de mal. Alors elle ne bougea pas, ne se soucia pas de la nuit qui allait tomber, de son collègue qui avait disparu dans la foret. Sans doute était-il rentré, et la croyait morte. Tout ce qui l'importait à cet instant, était cet étrange Yuma qui se tenait devant elle.
- Je n'ai pas besoin de te relâcher, tu es libre de tes mouvements. Tu n'es pas ma prisonnière ! Il était vrai qu'il ne la tenait pas à proprement parlé, mais sa seule présence suffisait à ce qu'elle se sente encerclée, coincée. Elle ignorait si c'était ce qu'il dégageait ou bien son physique beaucoup plus imposant qu'elle. Elle semblait bien plus petite à côté de lui, et bien plus frêle. Elle ne faisait clairement pas le poids. Elle continuait de poser ses yeux sur lui, l'analysant, sur toutes les parties qu'elle pouvait voir de son corps. Elle remarquait un semblant de bout de tatouage dans son cou, mais ne chercha pas en voir un peu plus, au risque de s'attirer ses foudres ou bien sa moquerie. Car il semblait pas mal se moquer d'elle, jeune étrangère qui débarque dans ce monde hostile.
- Tu ne peux pas rentrer seul Skaigada. Il ne faut pas être seule dans cette forêt. Un trikru aurait pu te tomber dessus et il n'hésiterait pas à te tuer.
Parce que je pense pas que mon peuple accepte que quelqu'un comme toi me raccompagne jusque là bas.
Elle se permit de lancer un sourire, à l'idée qu'il mette un seul pieds près de son campement. Elle sait que les siens seraient prêts à tout pour protéger l'un des leurs, sans même savoir s'il serait venu en paix ou non. Car ici, la sécurité a un prix malheureusement.
D'où es-tu si tu n'es pas un Trikru?
Elle se demandait ce que les siens avaient de différents avec les Trikru, ceux qui n'hésitaient pas à les tuer parce qu'ils avaient envahi leur terre. Déjà, ils semblaient beaucoup plus pacifistes, à moins que ce ne soit que lui qui soit comme ça, auquel cas, il pourrait être intéressant qu'elle ne l'imaginait.
- Est-ce qu'ils sont tous comme toi dans ton clan?
Il avait rit à ce qu'elle venait de lui dire, comme s'il savait qu'elle bluffait pour essayer de gagner un peu de temps ou même le décourager de lui faire quoi que ce soit. Dylan ne savait pas si ça marchait mais au moins, elle serait peut-être déjà morte depuis quelques minutes si elle ne tentait rien. Du moins, c'est ce qu'elle se disait.
- Je n'ai aucune intention de te faire du mal !
Les yeux qu'il posait sur elle étaient vraiment troublants, et Dylan ne pouvait s'empêcher de le fixer. En un instant, elle voulait croire que la phrase qu'il venait de lui dire était vraie, qu'il ne voulait pas lui faire du mal, et qu'il ne la toucherait pas. Mais elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance, à lui, qui était si différent. Enfin, pas totalement quand on y regarde.
- Je ne venais simplement que voir votre campement, Skaigada ! Je ne suis pas chef de ce territoire, je n'ai aucun droit ici donc aucun message à passer à ton chef !
Il avait porté sa main vers son visage, et Dylan avait pendant quelques secondes, retenu sa respiration, dans l'attente d'un quelconque geste. Mais il ne fit rien de plus, rien de plus que ce geste là. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, et elle n'en déchiffra pas la raison. Etait-ce la peur, ou l'adrénaline? Ou bien lui? La seule éventualité qu'elle éméttait ne l'enchantait pas des masses, mais elle reconnaissait qu'elle était possible. Comment cet homme devant elle pouvait être si doux avec elle, alors que leurs nations étaient ennemies. Qu'il soit chef ou non de ce territoire?
Après tout, les siens n'avaient pas réellement de problème avec les autres clans que Trikru. Pourquoi? Par simple curiosité?
- Vous allez me relâcher alors...
Elle posa son regard sur lui et ne le lâcha pas. Elle voulait lui montrer que derrière sa peur, elle pouvait se montrer courageuse et déterminée. Là en l’occurrence, elle souhaitait qu'il la libère et qu'elle puisse rentrer chez elle. Au fil des secondes où elle le regardait, elle analysait un peu plus cet homme devant elle, sa façon de s'habiller, sa carrure, sa façon de se tenir. Il ne semblait pas être en bas de la pyramide niveau hiérarchie, il avait une bonne prestance. Elle se trompait peut-être, mais elle espérait que ce ne soit pas le cas. Car un chef pourrait décider ou non, de ne pas entrer en guerre avec son peuple.
Au fur et à mesure que ses pas la conduisaient vers elle, Dylan reculait, cherchant à s'écarter au plus de cet homme. Malheureusement pour elle, à ne pas vouloir lacher des yeux ce natif, elle en oublia de regarder derrière elle pour voir s'il n'y avait aucun obstacle à sa tentative de fuite. Il lui avait dit ne pas savoir de qui elle voulait parler quand elle avait énoncé son collègue disparu mais elle ne savait pas si elle devait le croire ou non.
- Crois-tu Skaigada que j'ai peur ? Ton campement est loin et si je désirais te tué, tu serais déjà morte !
Elle était prise au piège, lui devant elle, se rapprochant de plus en plus, et un arbre dans son dos, l'empêchant d'aller plus loin. Ses bras le long de son corps, elle vint toucher du bout des doigts l'arbre qui la retenait prisonnière, et essaya d'en faire le tour. Malheureusement pour elle, le natif s'était rapproché encore d'elle, jusqu'à venir sentir son cou comme un dérangé pourrait le faire.
- Tu sens la peur !
C'a n'avait rien de très surprenant, car elle avait réellement peur. Elle se demandait bien ce qu'il allait bien lui faire car elle était seule ici sans défense. Elle pouvait se montrer courageuse, mais elle n'expliquait pas pourquoi ici, devant cet homme, elle restait immobile, et n'essayait pas de prendre le dessus sur lui. Elle sursauta lorsqu'il vint toucher sa peau et déposer ses doigts sur son menton. Ce contact ne la mettait pas en confiance, elle se demandait pourquoi il faisait ça et ce qu'il avait prévu. S'il avait des amis qui étaient dans le coin et qui attendaient l'occasion de se joindre à la fête, ils devaient se délecter du paysage.
- Je peux faire ce que je veux de toi Skaigada ! Si je désirais te tuer, te torturer... personne ne pourrait m'en empêcher...
Elle déglutit, et ne quittant pas ses yeux des siens, elle sentit son coeur s’accélérer. Ce n'était pas bon signe. Il était tellement calme dans sa façon de lui parler que ça ne pouvait pas être bon signe. Cela faisait si peu de temps qu'elle était là, et elle avait déjà trouver le moyen de tomber dans les bras d'un dégénéré, c'était tout elle. Lorsqu'elle le vit bouger pour amener sa bouche à son oreille, et qu'elle sentit son souffle contre sa peau, elle savait qu'il allait lui faire du mal. Mais il ne fit rien que parler.
- Tu as de la chance, je ne suis pas venu pour ça !
Elle ouvrit grand les yeux. Peut-être qu'il ne voulait pas lui faire tant de mal que ça? Peut-être qu'il souhaitait se servir d'elle, de sa peur pour transmettre un message à son camp, au chancelier. Elle espérait, car cla voudrait dire qu'il la laisserait partir sans lui faire de mal.
- Alors qu'est ce que vous voulez? Laissez moi partir! Si c'est pour transmettre un message, je le ferai. Mais vous n'y gagnerez rien à me faire du mal.
Dans ces moments là, elle souhaitait montrer qu'elle pouvait au minimum être plus intelligente qu'eux et surtout, éviter qu'il ne lui fasse du mal. Elle espérait juste que ça marche, et qu'il arrête de voir qu'elle était morte de peur.
Elle n'avait rien entendu, Jenson avait l'air de s'être volatilisé. Elle n'arrivait pas réellement à savoir ce qui était le plus plausible à la situation, l'avait-il abandonnée, ce qui ne l'étonnerait pas, s'était-il perdu ou bien avait-il été pris dans les tourments de sa soif d'aventure, et avait eu une mauvaise rencontre avec un piège ou bien un natif. Car on lui avait dit qu'ils n'étaient pas commodes, et qu'ils n'avaient aucune gêne à torturer leurs ennemis. Rien qu'à imaginer ce qu'il lui arriverait si elle venait à en rencontrer un, elle eut un frisson dans le dos.
- Tu es bien loin de ton campement Skaigada ! Que fais-tu donc seul ici ?
Elle sursauta tout en se retournant, et cria. Comment avait-il pu arriver aussi proche d'elle sans même qu'elle ne l'entende? Et pourquoi ne l'avait-il pas encore tuée? Elle fit quelques pas en arrière pour s'éloigner le plus possible de lui et et fuir. Mais sans doute était-il accompagné, et elle ne pourrait pas faire deux pas sans se faire tuer. Elle laissa ses yeux sur lui, pour ne pas louper un seul de ses gestes et essayer de prévoir ce qu'il comptait lui faire.
- Qu'avez vous fait de Jenson? Je veux le voir! Notre campement sait que nous sommes ici, ils vont venir et si vous nous faites du mal, ils vous tueront!
Elle savait que ce n'était pas vrai, mais lui non. Et puis, elle ne voulait pas mourir, ni même tomber entre leurs mains. Qui sait ce qu'ils avaient fait aux 100, ainsi qu'aux autres membres de l'Exodus qui étaient en forêt. Elle espérait qu'il ne leur soit rien arrivé et qu'ils soient rentrés sains et saufs au camp. Et si c'était le cas, elle espérait qu'ils remarquent leur absence et qu'ils viennent à leur recherche le plus vite possible.
Elle continuait de reculer, comme si la seule présence de cet homme habillé de fourrure lui faisait peur. Et c'était le cas. Il semblait fort, musclé et il pourrait lui briser les os rien qu'en la serrant s'il le souhaitait. Dylan ne savait pas pourquoi il ne lui avait encore rien fait, ce qu'il attendait, ce qu'il prévoyait. Elle avait peur, son rythme cardiaque s'accélérait de plus en plus et elle se contrôlait pour ne pas que son angoisse prenne le dessus sur elle. Il fallait qu'elle tienne pour ne pas être à sa merci.
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Mer 20 Sep - 13:01
