New class - Josh

Ces couloirs se ressemblaient tous. Clarke avait étudié le labyrinthe que formait le Mont Weather et avait annoté un maximum d'informations sur le plan du lieu grâce aux crayons et feutres de la mallette que le président Dante Wallace lui avait offert. Elle continuait de s'enfoncer toujours plus loin dans les couloirs à la recherche d'une éventuelle sortie. Deux jours s'étaient écoulés depuis son réveil et elle ne faisait toujours pas confiance à ces gens, aussi gentils et accueillants qu'ils pussent paraître. Ils étaient peut-être trop gentils, c'est pour ça que Clarke ne parvenait pas à les croire quand ils lui assuraient qu'ils étaient en sécurité ici.

Pourquoi avoir recueilli des étrangers sans demander aucune contrepartie ? Clarke ne se voyait pas passer sa vie ici gratuitement. Elle avait bien compris que rien n'était jamais gratuit, même les actes coûtaient cher. Elle s'arrêta à l'angle de deux murs. Elle entendait des voix d'enfants. Elle passa sa tête dans le couloir suivant et abandonna la discrétion lorsqu'un garçon la dépassa. Il ne s'agissait que d'enfants. Une école au sein du Mont ? Evidemment. Comment Clarke avait-t-elle pu ne pas y penser ? Il y avait bien eu une école sur l'Arche. Il fallait bien éduquer les jeunes. Elle emprunta le couloir d'où venaient les enfants. Il y avait bien trois autres couloirs à suivre avant de déboucher sur un couloir orné de portes assez espacées. La première était ouverte. La seconde aussi. La troisième était fermée. Clarke avança jusqu'à la troisième, des silhouettes d'adultes dans les deux premières salles ne faisant absolument pas attention à elle. Elle savait être discrète, mais surtout, personne ne s'attendait à ce qu'elle se trouve ici, près des salles de classe. Elle écouta à la troisième porte, la plus au fond. Quelques bruits, rien d'alarmant. Elle entendit une porte se fermer. La première, la plus en avant du couloir. Un homme quittait sa salle sans prendre la peine de regarder de l'autre côté, vers le fond du couloir où Clarke se tenait en silence. Quand il eut disparu du couloir, Clarke écouta encore une fois devant cette troisième porte fermée. Il y avait quelqu'un à l'intérieur. Elle en était certaine. Une autre porte se ferma de l'extérieur. La deuxième. Clarke ne prit pas plus de risque d'être découverte et poussa sur la poignée de la porte qui s'ouvrit. Elle la ferma derrière elle. La personne qui se trouvait derrière était peut-être inoffensive. Ou alors Clarke venait de faire une énorme boulette. Dans tous les cas, elle verrait ce qui se cachait dans cette salle.

Joshua. L'homme, qui avait guidé Clarke dans les couloirs du bunker deux jours plus tôt, se tenait dans la salle. Il ne portait aucun uniforme. Une chemise blanche, un pantalon simple. Il paraissait moins prétentieux ici, plus décontracté, plus sympathique. Mais l'était-il vraiment ?
- Joshua, le salua-t-elle sans grandes manières, je ne vous voyais pas maître d'école.
Après l'avoir détaillé, elle dessina la pièce du regard. Une salle de classe colorée, parsemée de dessins d'enfants, d'un alphabet géant sur le mur du fond, et d'une quinzaine de tables et chaises. Une salle banale en somme, pourtant si étonnante ! Sur l'Arche, les salles de classe n'étaient pas autant décorées. Depuis son arrivée sur Terre, Clarke ne pensait pas revoir un jour une salle de cours. Et pourtant, il y avait ce lieu. Ce lieu duquel Clarke devait s'échapper au plus vite. Son regard retomba sur Josh et elle nota le collier qu'il portait au cou. Une carte pendait contre son torse. Un badge d'accès. La clé qui ouvrait toutes les portes. Clarke devait s'en emparer. Et elle doutait de pouvoir simplement demander.

Clarke se retrouva devant un public très loin d'être majeur. Les deux autres salles de classe étant vides, Clarke s'était attendue à ce que celle-ci le soit aussi. Et pourtant, elle venait d'entrer sans permission dans une salle remplie d'enfants. Elle les regarda un instant avant de ramener son regard sur Joshua. Il avait l'air heureux de la revoir. Que cachait-il encore ? Les gestes de premiers secours. Voilà qu'il l'interrogeait là-dessus. Elle les connaissait, bien évidemment. Elle était simplement surprise de se retrouver assistante de l'un des hommes de main du Mont Weather. Elle cacha son hésitation par un regard perçant à l'adresse de Joshua. Ses lèvres s'étiraient en un sourire charmeur qui ne laisseraient pas Clarke indifférente dans un autre contexte. Sans le fixer, elle nota encore une fois le badge dans son champ de vision. Elle allait jouer le jeu, sans savoir où mènerait cette partie.
- Eh bien, Joshua, si vous vous écrouliez soudainement, la connaissance des premiers secours me permettrait de vous sauver la vie. Autrement, je ne pourrais rien faire d'autre que d'appeler à l'aide en vain, tout en vous regardant mourir.
Elle exagérait peut-être un peu, mais des enfants l'écoutaient, et elle voulait qu'ils comprennent que la leçon d'aujourd'hui n'était pas un jeu pour eux. Sans les bons gestes, Clarke n'aurait pu sauver autant de personnes, et ils se seraient ajoutés à la liste des défunts qui s'agrandissait terriblement de jour en jour.

Elle s'approcha de Joshua, dont la veste de Sergent gisait un peu plus loin sur la chaise. De près, elle remarqua l'éclat glacé de ses yeux, qui n'avaient pourtant rien de menaçant. Au contraire, ils paraissaient amusés, au fond, de trouver Clarke ici. La jeune femme le défia discrètement du regard, comme si elle lui disait en face 'Vas-y, à ton tour.', puis se détacha pour observer la classe qui les fixait, attendant impatiemment la suite. Clarke savait plus ou moins s'y prendre avec les enfants. Elle avait eu l'occasion d'en ausculter pendant sa formation et avait appris à lire dans leur regard pour réagir correctement. Elle aimait leur compagnie, car ils ne se souciaient pas des grands soucis et avaient une bonne raison pour ça, contrairement à d'autres adultes. Ils avaient leur monde, leurs idées, leur manière de penser qui pouvait s'avérer brillante. Pour cette raison, Clarke ne se trouvait pas mal à l'aise face à eux. Or, en arrivant, elle avait pu lire dans le comportement du sergent une certaine gêne qui, tout de même quelque peu adoucie depuis l'arrivée de Clarke, était encore présente.
- Alors, sergent ? Par quoi voulez-vous commencer ?
Elle avait un ton légèrement sarcastique, qui cachait une pointe de défi. Clarke avait bien entendu les propos de Joshua l'autre jour. Il avait voulu la revoir, et elle était là. L'homme, aussi charmant qu'il puisse paraître, aurait besoin de bien plus pour impressionner la cheffe des Cent qui avait encore son objectif dans un coin de la tête.

Il était évident que Clarke allait se retrouver impliquée dans ce cours improvisé. Elle ne regrettait cependant pas d'être entrée puisque cette aventure allait peut-être lui apporter de nouvelles informations sur ce lieu et ses habitants, et, qui sait, une porte de sortie. Les pages défilèrent sur l'ordinateur, Joshua décidant de passer directement aux premiers soins en cas d'arrêt cardiaque. Ben voyons, pensa Clarke, qui se doutait déjà de ce qui allait se produire. Il lui fut demandé de s'allonger sur le tapis au sol. Elle avait en quelque sorte appris ainsi, sur l'Arche, faisant d'elle une habituée de la démonstration. Elle s'exécuta, décidée à se prêter au jeu, et commença à expliquer les étapes d'un massage cardiaque réussi. Elle en vint rapidement à expliquer le principe du bouche à bouche, en se doutant bien que, au vu de l'air taquin de Joshua, elle allait certainement servir de mannequin. Elle ne réfléchit pas à cela. Elle s'était posée bien trop de questions par le passé et en avait toujours fini blessée. Aujourd'hui, elle avait une mission, mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas non plus en profiter. A vrai dire, elle s'en fichait. Elle avait déjà perdu le sens de la dignité, elle n'allait pas se poser aujourd'hui des questions élémentaires sur la morale. Elle devait s'échapper, mais elle n'y arriverait pas toute seule. Elle aurait besoin d'aide, volontaire ou non, et Joshua lui semblait être une belle proie. Belle, dans tous les sens du terme, puisque le jeune homme n'était pas déplaisant à regarder...
- Si vous preniez aussi longtemps en cas de crise, votre patient serait déjà mort, souligna Clarke.
Elle fut étonnée de se trouver d'étendue. Une quinzaine de regards d'enfants pesaient sur elle, pourtant elle n'en ressentait pas le poids. Elle avait été si mal en point les jours précédant son arrivée au Mont Weather qu'elle n'arrivait même plus à ressentir ne serait-ce qu'un infime sentiment de honte. Elle savait, pourtant, que cela reviendrait.

Elle sortirait du Mont bientôt. Elle en était convaincue. Elle devait partir d'ici, retrouver les siens, et elle le ferait. Seulement, dès qu'elle poserait le pied dehors, les souvenirs des semaines passées reviendraient et elle serait obligée de reprendre sur ses épaules toutes les responsabilités qu'elle avait laissées dans la boue. C'était la dernière chose de l'extérieur dont elle se souvenait, d'ailleurs. Son évanouissement dans la boue, sous le regard de la femme des bois. C'était ça, la honte. L'échec de sa stratégie, l'enlèvement des siens, la victoire de l'épuisement. Pour quel genre de leader passait-elle ?
Il n'y avait pas de règles. Son expérience le lui avait prouvé. Alors, peu importait ce qu'elle aurait à faire pour s'enfuir, Clarke le ferait. Et puis, qui sait, peut-être trouverait-elle en Joshua un allié.

Clarke pinça les lèvres, amusée par le comportement maladroit du sergent. La scène était certainement ridicule du point de vue des élèves. Si elle avait été une réelle victime, elle serait morte bien avant que Joshua relève son t-shirt. Il semblait qu'elle faisait son petit effet sur l'homme, et elle appréciait cela, puisque ça signifiait qu'elle avait le contrôle. Quand était-ce la dernière fois qu'elle avait réellement eu la situation entre les mains ? Tout dégénérait si vite, elle n'avait pu empêcher les dernières catastrophes. Aujourd'hui, c'était différent. Elle avait su mettre le Mont sans dessus dessous et pourrait recommencer en un instant. Dans un espace confiné, le jeu était plus simple. Et dans cette situation, alors que Joshua fixait ses lèvres, c'était encore plus simple. Clarke se contenta d'un petit sourire en coin et se redressa, attirant Joshua sur le tapis à sa place tandis qu'elle se mettait à genoux. Elle avait pris le rôle du sergent en un clin d'oeil.

- Il faut vous montrer efficace, dit-elle aux enfants. Elle expliqua comment effectuer les insufflations et se pencha sur le sergent, repoussant doucement sa tête en arrière, pinçant son nez sans forcer, et prenant son menton entre ses doigts pour venir poser ses lèvres sur celles, entrouvertes, du sergent. Elle ne souffla pas, mais elle fut surprise du contact. Rien à voir avec Finn. Rien à voir avec la femme des bois. Ces lèvres avaient un goût de légèreté. Clarke ressentait une sorte de liberté : elle ne se sentait pas coupable. Elle n'avait pas l'impression de devoir quoi que ce soit à quelqu'un. Elle faisait ce qu'elle voulait, et personne n'était là pour remettre cela en question. Peut-être qu'elle trouverait une distraction, après tout, au cours de cette mission, comme une vengeance délicieuse à tous ceux qui avaient osé la tromper, la coincer dans des pièges impossibles à éviter. Mais elle était loin de toute l'hypocrisie du dehors qu'elle cherchait malgré tout à retrouver en souhaitant retourner auprès des siens. Pour l'instant, elle était bien libre de tout.
Elle se redressa, détachant ses lèvres de celles de l'homme après avoir effectué les deux insufflations.
- C'est comme ça qu'on fait, dit-elle aux enfants. Si vous faites comme nous vous avons montré aujourd'hui, votre patient aura toutes les chances d'être sauvé.
Elle baissa le regard et fixa le sergent un instant. Il n'y avait pas à dire, ce cours était une belle distraction dans la mission de Clarke.

Elle observa les élèves quitter la salle, parfaitement consciente de l'effet qu'elle avait sur Joshua. Il s'était empressé de vider la pièce, se débarrassant même de la professeure, tout ça pour proposer à Clarke un 'cours privé'. Elle voyait encore le fil qui entourait le coup du sergent, ce fil qui tenait en son bout un badge d'accès, la clé de sortie. Serait-ce mal de penser qu'il n'y avait pas que cela qui l'intéressait ? Elle qui réfléchissait toujours avec sa tête se trouvait dans une situation bien plus délicate. Elle avait laissé son coeur se faire écraser plusieurs fois depuis son arrivée sur Terre et n'avait pas été capable de prendre les bonnes décisions. En fait, rien de ce qu'elle avait fait lui paraissait juste. Elle avait été une mauvaise cheffe, et le serait probablement encore par la suite. Mais ce qui allait se passer ici n'avait rien à voir avec son rôle de leader, non ? Il ne s'agissait que d'un ras-le-bol, et possiblement aussi d'un plan d'évasion. Un mélange des deux. Un plan d'évasion fort plaisant. Oui, c'était ça, et rien de plus. Si Clarke était déjà une mauvaise leader, elle ne pouvait pas faire pire, alors peu importait ce qu'elle faisait ici pendant que les siens étaient en péril à l'extérieur. De toute façon, elle ne pourrait pas sortir plus vite. Etait-ce une bonne excuse ?

Oh, peu importait, tant pis. La Clarke jeune appréciait la légèreté et l'insouciance de l'homme en face d'elle. Plus les minutes s'écoulaient et plus elle se disait qu'il accepterait de l'aider si elle le lui demandait. Mais cela, elle ne pouvait pas le risquer. Clarke ne prenait pas très bien les refus, aussi elle essaierait d'abord de le trahir en lui volant son badge. Que pouvait-elle faire d'autre ? Eh voilà, le retour des questions. Le retour de la morale. Sa mère s'était-elle posée des questions de morale lorsqu'elle avait dénoncé son père ? Finn s'était-il posé une question de morale lorsqu'il avait couché avec elle quand bien même sa petite-amie essayait de le rejoindre sur Terre ? Et encore, cela, elle le lui avait pardonné... mais cette fille des bois. Cette inconnue que Clarke avait rencontré par hasard, ce hasard sadique qui avait décidé de se faire rencontrer les deux chefs ennemis dans le plus grand secret... cette inconnue s'était-elle posée des questions de morale lorsqu'elle avait laissée Clarke seule dans la forêt pour mieux l'enlevée ensuite ? C'était facile d'ordonner, fallait-il encore assumer les actes. Clarke serait bien obligée de la revoir un jour, et à ce moment-là elle aussi devra ignorer la morale.
La morale, autant l'ignorer dès maintenant. Elle sourit, du coin des lèvres, et rejoignit le sergent. Ses deux mains se portèrent au premier bouton de la chemise blanche du jeune homme qu'elle défit calmement, découvrant un peu plus le pendentif caché.
- Si les natifs étaient comme vous, la paix aurait déjà été faite, souligna Clarke.
Elle ignora les images de la forêt qui venaient titiller son esprit. En disant cela, elle n'avait pas voulu ramener le ruisseau ici. Elle en était loin, désormais, et espérait ne jamais avoir à y retourner. Elle voulait effacer les images. Pour empêcher les souvenirs de gagner, elle attrapa les deux pans de la chemise à moitié ouverte de Josh et l'attira à elle, ses lèvres se mêlant aux siennes avec confiance. Joshua avait un goût de liberté, et Clarke voulait se libérer de ses souvenirs.

Clarke n'avait pas imaginé un seul instant que Joshua puisse être aussi innocent. Lui qui avait toujours l'air si confiant et si avenant à son égard se retrouvait maintenant maladroit et confus. Étonnamment, cela ne déplut pas à Clarke, car cela renforçait son contrôle sur la situation. Tout était si simple d'un coup, elle contrôlait tout, et personne - certainement pas Joshua - allait remettre cela en question. Ce dernier approfondit le baiser et elle répondit avec ferveur. Elle attaquait ses lèvres avec rage, se rendant compte au fur et à mesure du contact qu'elle connaissait aussi bien Joshua qu'elle connaissait Finn ou encore la fille des bois au moment où ses lèvres avaient rencontré les leurs. Il n'y avait absolument aucune différence. Aucune. C'était toujours la même histoire qui se répétait en boucle. Mais cette fois, Clarke avait la place de la traîtresse, car le moment viendrait où elle prendrait lâchement la fuite.

Ce moment n'était pas encore arrivé. Les mains du sergent glissaient dans son dos avec peine. Il ne savait pas s'y prendre. Clarke allait lui montrer. Tenant toujours fermement les pans de la chemise de l'homme, elle recula jusqu'à se trouver devant le tapis et pivota pour que Joshua soit dos à celui-ci. Elle fit glisser la chemise pour l'en débarrasser et la laissa tomber sur le sol, à droite du tapis. Elle repoussa le sergent jusqu'à le contraindre à s'asseoir au sol. A califourchon sur ses jambes, elle ôta son propre haut. Il n'y avait aucune signification dans cet acte. N'est-ce pas ? Clarke posa son haut à gauche, puis ôta le pendentif de Joshua, revenant aussitôt à l'attaque des lèvres du jeune homme. Elle posa le pendentif à gauche, sur son haut, et, sans détacher ses lèvres des siennes, elle dégrafa son soutien-gorge qu'elle déposa à gauche, sur le pendentif désormais caché.

Clarke s'approcha un peu plus de lui, commençant à être enivrée par le parfum masculin, jusqu'à ce que leurs torses nus se touchent. Clarke sentit son corps se réchauffer au contact de celui du sergent. C'était si simple. Peut-être même un peu trop. Elle ne l'avait même pas désiré aux premiers abords et pourtant, maintenant, elle ne pourrait faire machine arrière. Elle avait besoin de ce contact. Elle avait besoin d'avoir la preuve que ça pouvait être simple. Elle ne voulait plus se prendre la tête avec mille questions. Elle rompit le baiser, collant son front à celui de Joshua, et porta ses deux mains à la ceinture de l'homme pour la déboucler. Elle le repoussa doucement en arrière, glissant une main dans son cou, d'un geste qu'elle n'espérait pas trop mécanique.
- Ça va bien se passer, lui souffla-t-elle à l'oreille.
Car elle n'avait pas l'intention de perdre le contrôle de la situation. Et sur le tapis de cette salle de cours, elle abandonna la morale, sa raison apprenant à Joshua de nouveaux gestes de secours.

Était-ce normal pour Clarke de ne rien ressentir maintenant qu'elle était allongée dans les bras de Joshua, un moment après avoir passé avec lui un moment aussi intime ? Non pas qu'elle n'avait pas apprécié le moment en soit, mais il manquait quelque chose d'important. Quelque chose que Clarke avait voulu éviter et qui pourtant lui manquait terriblement : des sentiments. Elle n'avait pas pris le temps de bien connaître Joshua, car elle n'en avait pas le temps, et même si elle l'appréciait tout de même - ayant déjà aperçu des nuances de sa personnalité - elle ne pouvait clairement pas admettre l'aimer. Ce n'est pas comme ça que cela fonctionnait. Clarke ne voyait jamais clair dans ses sentiments, mais elle savait que ça n'était pas comme ça avec Joshua. Elle n'était pas amoureuse de lui aujourd'hui et ne le serait jamais puisqu'il était temps pour elle de disparaître. Elle se redressa, quittant les bras du garçon, et lui fit dos pour remettre ses vêtements. Elle prit soin de glisser le pendentif discrètement sous son t-shirt, le coinçant sous son soutien-gorge, avant de se lever pour enfiler ses bas.

- On se voit plus tard, adressa-t-elle au sergent avant de disparaître comme elle avait déjà prévu de le faire : avant qu'il ne se rende compte que le badge avait disparu. Elle traversa les couloirs et en rejoignit un qu'elle avait repéré sur le plan donné par Dante Wallace. Il était à accès privé, et elle utilisa enfin le badge volé pour y accéder. Elle traversa encore de nombreux couloirs à la hâte avant de déboucher sur une grande porte à double battant. Une affiche au mur déclarait les consignes de sécurité que Clarke décida d'ignorer. Ouvrir ces portes ne lui serait d'aucune conséquence. Elle devait rejoindre l'extérieur et elle avait l'occasion parfaite face à elle. Ce serait idiot de sa part de s'en priver. Une erreur de stratégie. Alors, sans plus attendre, elle commença à actionner l'ouverture manuelle de la porte.

Les sirènes chantaient et Clarke cherchait encore à ouvrir cette maudite porte. Un bouton devait l'attendre quelque pas dans une salle de contrôle proche. Clarke ne voyait que ça. Elle avait espéré une ouverture facile, mais elle avait vite vu cet espoir s'évaporer comme tous les autres. Elle regarda partout, passant le couloir au peigne fin. Rien. Bon sang ! Pourquoi les montagnards ne pouvaient-ils pas se contenter d'appuyer sur un simple bouton à côté d'une porte ? Sur l'Arche, c'était le cas. Même pour les éjections, c'était simple. Un gros bouton devant la porte. Adieu. Non. Clarke ne penserait pas à cela. Pas maintenant. Des gens en vie l'attendaient dehors, ils avaient besoin d'elle. Il n'était pas temps de pleurer les morts. Son père. Elle tourna la tête, s'éloigna de ses pensées funestes et tenta d'ouvrir toutes les portes qu'elle pouvait trouver. Elle n'eut pas beaucoup de temps. Pas assez. Un groupe armé débarqua et le badge fut arraché des mains de Clarke. Sa porte de sortie. Elle se débattit, mais deux gardes la maintenaient fermement. Ils n'eurent même pas besoin de menottes, se contentant de la traîner dans les couloirs. Clarke était abonné à ce genre de traitement.

Elle se trouva à nouveau dans le bureau du Président Dante Wallace. Il n'était pas si étonné de son comportement. Il avait vu la détermination de Clarke, il s'était douté de la tentative d'évasion de la jeune femme. Il avait voulu lui faire confiance. Maintenant, il allait devoir garder un oeil sur elle. Clarke répondit brièvement au vieil homme. Elle fut vite autorisée à retourner à ses quartiers. Ils allaient la surveiller de près, mais cela ne l'arrêterait pas. Elle trouverait un moyen de s'échapper. Elle trouvait toujours une solution. Ces montagnards n'empêcheraient pas la jeune femme d'aller retrouver les siens et d'obtenir la paix qui sauvera ces derniers. Clarke avait peut-être du mal à garder espoir, mais sa détermination ne faisait que croître. Bientôt, les couloirs bien trop colorés du Mont Weather ne seront pour elle qu'un souvenir lointain.