(clarke) • way of peace.

Pendant ces dernières heures, Clarke avait fait son possible pour tenir debout et ne pas s'écrouler. Elle pensait se sentir plus apaisée une fois Anya partie de son côté, mais elle avait encore une native à ses côtés et le camp n'était pas encore en vue. Le chemin s'avérait long, Clarke craignait de s'effondrer à tout moment, mais elle ne voulait pas s'humilier encore une fois devant la native. Elle pouvait être forte, malgré les supplices que son corps avait subi ces derniers jours, notamment le jour précédant son réveil au Mont. Elle n'était pas habituée à faire autant d'exercice, la vie sur Terre s'étant annoncée plus difficile que prévu. Elle s'était trouvée un nouveau passe-temps pour la marche à pieds. Clarke aurait ri de cette pensée si, au même moment, Ankara ne s'était pas étalée dans la terre humide. Elle était brusquement tombée et Clarke comprit rapidement que la cause de la chute était le long pantalon montagnard qu'Ankara s'empressa de déchirer à moitié.

Clarke alla s'agenouiller à côté d'elle, autant pour elle-même que pour aider la native. S'asseoir, même un court moment, lui faisait le plus grand bien. Elle posa sa main sur le bras d'Ankara pour ne pas la surprendre. Le nez de la femme semblait bien amoché.
- J'étais formée en tant que soigneuse, de là où je viens, laisse-moi vérifier ton nez. Vu le choc, il pourrait être cassé.
Clarke faisait un pas de plus vers la paix. Cela commençait par une entente correcte entre les membres des deux peuples. Ankara s'était montrée plus motivée à faire la paix qu'Anya, mais avec quelques efforts, Anya verrait elle aussi la lumière blanche. Clarke n'avait qu'à espérer cela, car elle ne pouvait rien faire d'autre pour convaincre les natifs de mettre fin aux conflits.
Ankara avait proposé de faire une pause, ce que Clarke ne pouvait refuser. Elles avaient encore de la route à faire, et ni l'une ni l'autre n'avait la force de continuer ainsi plus longtemps.

Les deux femmes étaient fatiguées. Il n'y avait plus aucune honte à avoir à se montrer faible, car elles avaient déjà supporté plus que ce que leurs corps le pouvaient. Elles étaient à bout de force et toutes les deux plus ou moins blessées. Clarke n'avait rien de bien grave, elle avait été tenue prisonnière au Mont dans de meilleures conditions qu'Ankara. Mais cette dernière était dans un piètre état et sa récente chute n'arrangeait pas les choses.
Clarke tâta le contour du nez de la femme native et il ne lui fallut pas longtemps pour établir son diagnostique.
- Un petit os s'est déplacé, je vais remettre ton nez droit. Souffle un bon coup avant.
Elle décompta depuis trois et à un ses pouces repoussèrent le petit os pour le remetrre en place. Clarke serra elle-même les dents à la douleur qui devait se propager dans le visage de la native, mais cette douleur n'était que passagère, cela aurait été bien pire si l'os n'avait pas été remis en place.

Clarke regarda autour à la recherche de flammes. Elle se posa la même question qu'Ankara. Son peuple allait-il l'emprisonner ? Bien sûr, Ankara ne serait pas libre de se promener dans le camp... mais avec un peu de chance, elle ne serait pas complètement traitée comme une prisonnière. Elle commença à ramasser du bois pour faire un feu de camp. Elles allaient se reposer quelques temps.
- Tu seras sûrement surveillée, mais je vais faire de mon mieux pour que tu ne sois pas traitée comme une prisonnière.
Être prisonnier des Archéens. Clarke connaissait bien cela.
- J'étais moi-même prisonnière, avant d'arriver sur Terre.
Les mots lui échappèrent tandis que les souvenirs de son emprisonnement lui revenaient. Chaque jour elle avait dû supporter le manque de ses parents, la douleur de la mort de son père, l'angoisse des jours qui s'écoulaient vers son dix-huitième anniversaire et sa probable mort. Cet anniversaire qui était très proche désormais. Dans quelques jours, elle aura dix-huit ans. Pendant ses mois d'emprisonnement elle avait rêvé de la Terre sans jamais imaginer qu'elle s'y trouverait pour ses dix-huit ans.
Il y avait beaucoup de choses auxquelles elle ne s'était pas attendue. Se retrouver en pleine forêt avec Ankara en était une. Elle prit un petit temps à allumer le feu. Elle n'avait plus de force et il était difficile de trouver du bois suffisamment sec. Mais elle réussit, et elle put se laisser tomber assise à terre. Souffler.
- Tu sais s'il y a un cours d'eau dans le coin ? demanda-t-elle.
Il leur serait bénéfique de trouver à boire et à manger.

Elles avaient toutes les deux des questions à se poser. Issues de deux peuples différents mais baignant dans la même galère, les deux femmes devaient s'entraider pour survivre et rejoindre le camp de la plus jeune. Clarke avait déjà été dans une situation similaire, mais il n'avait alors pas été question de faire réellement connaissance. Ici, Ankara essayait d'en savoir plus sur elle, sur son peuple, mais elle échangeait aussi des informations. Au moins, la conversation était à double-sens.
- Avant mon emprisonnement, j'étudiais la médecine. Je n'ai jamais atteint le statut officiel de médecin, mais mon apprentissage s'est tout de même montré utile ici-bas.
Ankara expliqua connaître déjà la situation des délinquants. Elle résuma même plutôt bien la situation, et Clarke appris alors qu'elle avait rencontré Alice. Alice... Clarke ne l'avait pas vue depuis ce soir-là, juste avant l'attaque du campement. Alice était alors malade et Clarke avait fait son possible pour l'aider. Clarke se contenta de hocher la tête à la réponse de la native qui s'affairait déjà à fouiller la terre. Elle comprit vite pourquoi. C'est ainsi qu'Ankara remarqua la présence d'un point d'eau non loin.

Clarke décida de suivre Ankara jusqu'à ce fameux cours d'eau. Le plus important pour le moment était de s'hydrater et de se nettoyer un peu. Ensuite, elles pourraient essayer de trouver de la nourriture. Mais il faisait déjà sombre et Clarke n'était pas très bonne chasseuse. Elles trouvèrent néanmoins le point d'eau et Clarke s'installa en son bord. C'était à peine le ruisseau qu'elle avait découvert avec la femme des bois, mais cela suffirait. Ce souvenir aviva une lourde douleur dans sa poitrine. Elle s'en voulait d'autant plus depuis cette rencontre que la femme des bois n'était autre que la cheffe ennemie.
- Tu as rencontré Alice dans la forêt, dit-elle amèrement, j'ai rencontré votre cheffe. L'attaque aurait pu être évitée si nous avions su qui nous étions cette nuit-là. Des vies épargnées, ici comme au Mont...
Le pire aviva la colère dans l'esprit de Clarke : les habitants du Mont auraient pu être découverts grâce aux radios de l'Arche. Alors que l'Exodus avait atterri sur Terre avec de nouvelles ressources, un immense bain de sang aurait pu être évité. Mais avec les problèmes causés au Mont, la mort de Joshua, les soldats à leurs trousses... comment pourraient-ils négocier une paix avec le peuple du bunker ?
Clarke plongea ses mains dans l'eau fraîche et s'en projeta sur le visage. Elle avait besoin de se rafraîchir les idées.