Running with the Wolves | Ankara

Running with the wolves

Il n'y a plus de place pour les regrets

Enfin, il n’y avait pas eu meilleure opportunité depuis leur arrivée sur cette Terre source de mystères. Il ne restait plus qu’une chose à faire ; foutre le camp d’ici avant qu’on ne vienne lui mettre une corde autour du cou. Si une personne avait le malheur de connaître la nature de ses plans, la mort l’accueillerait les bras ouverts. Or, la brune n’était en rien décidée à rejoindre ses parents, au contraire, elle souhaitait profiter de la vie comme ils n’avaient pu le faire. Ici, tout était signe de renouveau et de nouvelle chance, elle ne laisserait pas ce paradis lui filait entre les doigts. Ava attendait que le soleil se fasse dévorer par la nuit depuis quelques longues heures déjà, un sourire se dessina sur ses lèvres quand son regard rencontre l’obscurité maîtresse.

Elle glissa son sac sur son dos et rangea soigneusement le revolver de mauvaise qualité qu’elle avait réussi à prendre. Son cœur battait dangereusement dans sa poitrine et son souffle se faisait irrégulier. L’adrénaline et la joie de fuir cette prison animaient le moindre de ses sens. Elle quitta sa couche pour se glisser à l’extérieur, se liant aux ombres pour ne pas se faire attraper par le fuseau des lampes torches. Elle serra les poings et son regard se tourna dans la direction de sa fuite. Ava ne possédait qu’une poignée de minutes pour prendre son envol, il n’y avait pas de temps pour le doute. Si elle quittait le camp, aucun retour en arrière ne lui serait proposé. Pas d’hésitations, elle ne pouvait rester ici, elle le savait, elle deviendrait folle.

Alors, ses pieds s’enfoncèrent dans le sol et dans un souffle, l’archéenne s’élança à travers le camp. Elle put entendre l’exclamation d’un garde qui faisait sa ronde, mais elle ignora superbement. Sa course se faisait plus rapide et assurée, son cœur manquait d’exploser dans sa poitrine et pendant une fraction de secondes, elle crut bien voir la Faucheuse lui faire face. Non. Non elle devait y arriver. Et avec la force du désespoir, Ava tenta le tout pour le tout.

Ses yeux s’ouvrirent lentement sur le nouveau monde, Ava prit appui sur ses coudes pour faire face à la nature. Un sourire étira lentement ses lèvres et dans un grognement, elle se remit sur pieds. Elle fut noyée par la beauté de l’instant et portée par la légère brise qui agitait les branchages. Elle avait réussi, enfin la voilà libre de tout recommencer à zéro. Elle souhaitait hurler sa joie et faire comprendre au monde qu’il n’y avait pas plus beau jour dans sa misérable existence. Mais un bruit attira son attention et son cœur se serra dans sa poitrine. Sa main attrapa son sac et son regard perdit de sa superbe lorsqu’elle fit face à une troupe d’animaux. Leurs babines étaient retroussées, la bave leur coulait le long de la gueule et leurs yeux criaient famine. Ava retint son souffle.

Elle n’avait pas le choix, il fallait faire vite. Et sans réfléchir le moindre instant, l’archéenne s’enfonça dans la forêt dans un rythme effréné. Les branches lui fouettaient les bras et le visage, mais elle ignorait les zébrures sanguinolentes pour se concentrer sur sa course. Les cris bestiaux lui donnaient l’envie de se perdre dans les bois et le bruit de leur course lui faisait comprendre qu’elle perdait du terrain. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et jura entre ses dents. Il n’y avait aucune chance qu’elle s’en sorte.

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La nuit commençait à tombée alors que j'étais en pleine chasse. Nyrne, ma jument blanche pommelée en contrebas, une lance à double tranchant dans la main, il fallait du gibier. Assez pour un bon repas. Je marchais parmi les hautes herbes. Me faisant silencieuse, analysant le terrain. Une fois un sanglier géant à cause des radiations en vue, je m'abaissais. Je n'étais pas dans le sens du vent, il ne pouvait me repérer à l'odeur. J'étais immobile alors niveau son, c'était pareil. J'avais toute mes chances avec l'animal. Nyrne serait capable de tirer cette bête, elle était grande mais pas non plus immense. Le sanglier relève soudainement la tête puis commence à presser le pas vers un abris sûr. Je poussais un soupire puis retournais vers ma jument qui s'agitait elle aussi. J'ajustais la fourrure épaisse qui lui servait de selle puis grimpait sur son dos. Des longs hurlements résonnaient dans la nuit. La lune était pleine, ce qui était pratique pour avoir une bonne vision des bois. Ils commençaient à devenir argentés. Je repérais en contre bas, une meute de loups courant après une jeune femme.

Nyrne descend la pente puis commence à galoper après la meute. Je n'étais pas assez douée à l'arc pour tirer sur un cheval au galop avec une distance aussi longue. Et la lance, je n'en avais qu'une seule. Nyrne descendit encore un peu plus bas. La meute et la femme étaient donc sur une corniche un peu plus haut. Je lui tendait la main afin qu'elle puisse la saisir pour monter derrière moi.

« Miya snap ! » (Viens vite !) M'exclamais-je, ignorant encore qu'il s'agissait d'une skaikru.

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Il n'y a plus de place pour les regrets

Son souffle se faisait de plus en plus rare et ses poumons étaient en feu alors qu’elle poursuivait sa course dans les bois. Ses jambes hurlaient de fatigue, elle ne tiendrait plus longtemps et bientôt les crocs de cette meute s’abattraient sur son corps. Il ne resterait d’elle que des os et un désir de liberté inachevé. Elle bifurqua rapidement à droite et esquiva une branche de justesse avant de reprendre sa course. Ce fut à cet instant qu’Ava crut discerner comme de nouveaux bruits. Son regard voyagea de droite à gauche, paniqué et à l’affût de la moindre échappatoire. Là. A travers les feuillages denses de la forêt, elle crut discerner la robe étincelante d’un cheval. Il n’était pas seul, elle avait remarqué la silhouette d’une native. Elle en avait entendu parler au camp, mais c’était bien la première fois qu’elle en voyait une de ses propres yeux.

Le soulagement se mêla à la peur et Ava puisa dans ses dernières ressources pour courir en direction de la monture. Si la mort l'attendait réellement ce soir, elle préférait périr de la main d’un être humain plutôt que d’une meute de bêtes enragées. La main de l’inconnue se tendit dans sa direction et l’archéenne n’hésita pas une seule seconde. Elle se saisit de cette aide, ignorant son langage étranger et à la force de ses bras grimpa à sa suite. Son cœur manquait d’exploser dans sa poitrine et son regard se posa sur les créatures. Elle y avait échappé de peu. « Merci… » Son souffle l’empêchait de parler correctement. « Je ne suis pas armée… Je ne cherche pas à te faire de mal… » Ava ignorait si oui ou non les natifs connaissaient le langage du peuple du ciel.

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Une fois qu'elle saisit ma main, elle put me rejoindre sur Nyrne, tandis que celle-ci galopait se mit à galoper plus vite afin de semer la meute. Pour l'instant, je restais silencieuse, mais c'était bon à savoir qu'elle ne tenterait pas d'attaquer la personne qui lui avait sauvée la vie. Occupée à diriger la jument vers la rivière où le Ver des mers faisait parler de lui. Lorsque l'on traversa à l'endroit le moins profond, l'eau s'agitant sous les sabots, la meute cessa de suivre. Conscients du danger bien plus grand de la zone. Je fis avancer Nyrne au galop quelques mètres puis elle passa au pas, se dirigeant vers une source de lumière dorée à peine visible, mais qui s'intensifiait à mesure que l'on arrivait. La jument finit par s'arrêter.

« Vous, le Skaikru, vous savez toujours vous mettre en danger... » Soupirais-je en descendant et en tendant la main pour l'aider à descendre.

C'était la seconde fois que je sauvais la vie d'un membre du peuple du ciel. D'abord, Murphy qui s'était fait poursuivre par un ours puis elle. J'avais établi un petit campement ici, un feu brulait à l'intérieur d'une cavité dans les rochers. Je l'observe de haut en bas, son visage était marqué de fines coupures à cause des branches d'arbres. Elle ne semblait pas blessée, mais je lui demandais tout de même. Certains prédateurs rendaient les gens malades dans leurs attaques. Je retire ma ceinture qui porte les divers fourreaux d'armes que je pose non loin du feu. Gardant une lame dans ma manche comme d'habitude au cas où.

« Tu n'as pas été griffée ou mordue ? » Demandais-je.

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Il n'y a plus de place pour les regrets

Alors que la jument galopait à vive allure à travers la nature, l’estomac d’Ava ne cessait de se retourner, de se tordre et de se plaindre de ce chahut. Elle pinça les lèvres, les secousses qu’avait connues la navette avaient été bien plus brutales que sur ce dos de cheval, pourtant le haut-le-cœur était plus présent que jamais. Alors l’archéenne tint bon et ferma les yeux un court instant pour s’accommoder à la situation. Cela fait, elle inspira profondément avant d’observer la lente progression de la meute qui finit par rebrousser chemin quand l’eau apparut sous eux. Ava admira les reflets agités, elle restait tout de même émerveillée par cette Terre malgré la situation.

Son attention fut attirée par une source de lumière non loin de là où elles se trouvaient, elles s’en approchaient. Ava tenta de se pencher légèrement pour observer avec plus de détails, mais peu habituée à la monture, elle manqua de chuter lourdement sur le sol. Elle préféra donc rester sage et attendre la réponse à ses questions muettes. Toute secousse prit fin et Ava glissa son regard vers la native qui venait de poser pied à terre. Elle ne ressemblait pas à ce que décrivaient les gens du camp, au contraire, il n’y avait rien d’hostile sur ses traits. Ses sourcils se froncèrent à sa remarque. « Il… Il y en a d’autres à l’extérieur du camp ? » L’archéenne pensa aux criminels envoyés plus tôt sur Terre. Il devait s’agir de l’un d’eux.

Elle prit sa main et descendit de la monture, les cuisses en feu. Elle n’avait décidément pas l’habitude, il faut dire qu’elle n’avait jamais monté sur pareille monture dans sa vie. Elle admira une dernière fois l’animal avant de se tourner vers celle qui lui avait sauvé la vie. Les blessures sur son visage et sur ses bras lui faisaient certes mal, mais Ava faisait abstraction de la douleur. Ce n’était pas le moment de se plaindre pour si peu. « Non ils n’ont pas réussi à me toucher. » Elle regarda tout autour d’elle, s’attardant sur la ceinture qui venait d’être posée. « Comment connais-tu notre langue?"

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Je m'assieds contre un rocher près du feu, profitant de sa chaleur en regardant la jeune femme. Je saisis ma gourde remplie d'eau puis la lui tendit. Elle allait peut-être hésiter, ce que je comprenais puisque cela pouvait s'avérer être du poison. Mais non, cela n'était que de l'eau. Mes fioles de poison étaient dans un compartiment de me sac avec les antidotes. Je bois quelques gorgées afin de lui montrer qu'elle ne risquait rien avant de lui tendre à nouveau la gourde. Elle me demandait s'il y avait d'autres personnes hors de leurs camps. Qu'essayait-elle de fuir ?

« J'ai sauvé la vie d'un garçon qui a été bannie des vôtres. Mais cela remonte à longtemps. Sinon, deux filles sont souvent forêt. Je ne les connais pas. Je sais juste que ces trois personnes sont arrivées avant vos renforts. » Déclarais-je.

Le Skaikru ne semblait pas savoir retenir leurs peuples puisque certains tentaient leurs chances seuls. Je l'observe, elle me paraît frêle. Est-ce qu'elle connait au moins assez la nature pour pouvoir la fouler sans se mettre en danger ? J'en doutais. Je sors un bandage propre de mon sac puis me bande la main. Je m'étais blessée un peu plus tôt. Rien de bien grave.

« Seulement les guerriers et les hauts placés connaissent votre langue. » Répondais-je en bandant maladroitement le tour de ma paume de main. « Tu sembles fuir ton peuple, Skaigada. Pourquoi ? » (Fille du ciel).

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Ava ne quittait pas la native du regard, à la fois intriguée et légèrement anxieuse. Après tout, elle ne connaissait pas ses intentions et devait rester sur ses gardes. Certes, elle avait toujours rêvé d’en rencontrer et de découvrir leur façon de vivre, mais connaissant les rapports hostiles entre les deux peuples, elle ne voulait pas servir de proie ou toute autre chose dans ce genre-là. A la vue de la gourde, sa gorge s’assécha et devint aussi rugueuse que du parchemin, l’archéenne se rendit compte qu’elle n’avait pas bu depuis de longues heures déjà et que sa course l’avait assoiffé. La native avait raison, elle se méfiait toutefois du contenu, mais elle fut rapidement rassurée en la voyant boire. Elle la remercia d’un hochement de tête et but de longues gorgées avant de la lui rendre. Il lui serait désormais plus agréable de parler.

Ainsi Ava avait vu juste, il s’agissait bien des criminels envoyés plus tôt. Un sourire en coin étira ses lèvres et la jeune femme finit par s’installer en tailleur sur le sol. Ils n’étaient donc pas tous morts, voilà une bonne nouvelle. Elle se passa la langue sur les lèvres et glissa ses doigts dans sa crinière brune en sale état. Elle était donc face à une guerrière, elle avait intérêt à bien se tenir si elle ne voulait pas avoir la gorge tranchée. « Tu es guerrière ou une haut placée ? » demanda-t-elle, voulant mettre un terme au mystère qui planait au-dessus de cette native. Elle devrait peut-être aussi lui demander son nom, mais elle venait de lui poser une question.

L’archéenne inspira profondément et chercha ses mots durant quelques secondes. « Ils ont tué mes parents quand j’étais une enfant. Et ils tuent les faibles pour s’assurer une survie. Je les hais, je ne pouvais pas rester avec eux. Je préfère crever dans ce monde-là que de leurs mains. » Elle tourna son regard vers la native, examinant sa réaction. « Quel est ton nom ? Je m’appelle Ava. » Au diable le nom de famille, il ne lui serait pas utile ici, clairement pas.

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Je range la gourde qu'elle me rend puis je me saisit de mon épée ainsi que d'une pierre à aiguisée. Je commence à aiguiser ma lame. La jeune Skaigada s'installa en tailleurs puis me demanda si j'étais une guerrière ou bien une haut placée. Elle était bien curieuse comme fille. Mais s'il s'agissait d'une espionne, elle ne serait pas dans la forêt de nuit. Surtout en territoire inconnu. De plus, la meute de loup n'avait pourchassée qu'une seule personne, elle était donc seule.

« Les deux. Je suis guerrière et cheffe de guerre. » Déclarais-je simplement.

Je continue d'aiguiser mon épée tout en écoutant ce que la Skaigada a à dire. Ses parents avaient étés tués et donc pour cette raison, elle fuyait son peuple. Je m'arrêtais un moment dans ma tâche pour la regarder. Elle quittait son peuple pour cette unique raison ? Nos peuples étaient peut-être pas aussi différents que cela. Elle se présenta.

« Ankara. » Je me remet à aiguiser mon épée. « Et ils ont commis un crime tes parents pour mériter la mort, Ava ? »

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L’eau lui faisait un bien fou, sa gorge semblait se réveiller d’une longue agonie et ses pensées se voyaient plus claires, cessant de se débattre dans une bataille qui n’avait aucun sens. Ava laissait libre territoire à ses questions et à sa curiosité qu’elle avait dû trop longtemps dissimulé à cause des siens. Elle espérait que ça ne dérangeait pas celle qui venait de lui sauver la vie. Il ne manquerait plus que cette dernière souhaitât la tuer, la jugeant trop insupportable pour partager son feu et sa gourde. Une cheffe de guerre, l’archéenne retint son souffle. Une femme aussi importante en rang que Marcus et les autres traîtres qui se trouvaient au camp. Mais comparée à eux, elle était bien plus noble et bien plus méritante.

Son regard voyageait du visage de la native jusqu’à sa lame, le cœur serré. La peur était toujours présente dans sa poitrine et elle ne devait pas exclure l’idée d’une mort imminente. Ankara, elle avait l’impression d’avoir déjà lu ce nom dans un livre. L’Arche possédait une bibliothèque plutôt variée, mais il était difficile de pouvoir y accéder. Sa question lui fit l’effet d’une douche froide et elle déglutit difficilement. Ses doigts grattèrent l’arrière de son crâne alors qu’elle cherchait péniblement ses mots. « Le crime de se défendre. Ma mère a aidé un voleur qui tentait de nourrir sa famille. Elle a été jugée complice, elle cherchait seulement à s’interposer. Mon père a défendu ma mère, et selon les supérieurs, ça aussi c’est un crime. » Tant d’amertume dans sa voix, les traits de son visage s’étaient enlaidis sous la haine qu’elle dégageait. « C’est eux les criminels, ils n’ont cessé de tuer des innocents. »

by tris[/quote]

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Si nous, les clans, avions une discipline stricte, on ne tuaient pas pour une interposition. Pour un crime aussi mineur qu'était le vol, je ne comprenais pas pourquoi le Skaikru donnait la mort pour si peu. Je comprenais un peu mieux, cela dit, pourquoi les plus jeunes tentaient de partir de leur propre camps. Je la regarde un long moment tout en continuant de limer mon épée. Puis je la retourne pour m'attaquer au côté inverse de la lame à double tranchant.

« Tu ne survivras pas seule ici. D'autres natifs te tueraient. Si ce n'est pas eux, ce sera les animaux ou bien la nature. En vue de ton comportement face à la meute, si tu savais survivre : Tu n'aurais pas bougé, tu te serais abaissé pour ne pas être prise pour une menace et tu aurais pu reculer doucement pour sortir du territoire de la meute... Quand bien même ils t'auraient poursuivis, il t'aurait suffit de grimper dans un arbre. » Déclarais-je simplement. « Tu trahis ton propre peuple en le quittant. Les natifs le sauront et ils ne prendront pas le risque de t'intégrer de peur que tu recommences... »

Je me pince les lèvres puis termine d'aiguiser mon épée, je la range dans son fourreau à ma ceinture. Je sors une dague de ma botte puis commence à l'aiguiser.

« De mon point de vue, tu as deux solutions. » Déclarais-je. « Sois tu retournes chez les tiens, Ava kom Skaikru. Soit tu prouves ta valeur. Avec un peu de chance, tu finiras par devenir une guerrière mais j'en doute. »

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Le bruit du métal que l'on polissait emplissait doucement l'air, faisant disparaître le silence inquiétant de la nature. Ava la regardait faire, sans rien dire, il n'y avait plus d'idées concrètes dans son esprit et la fatigue prenait peu à peu le dessus. Bien sûr qu'elle ne survivrait pas toute seule dans les bois, mais l'archéenne n'était pas pessimiste, elle croiserait bien une âme charitable dans les environs. Sa sauveuse en était déjà une, mais il n'y avait aucune chance qu'elle la prenne sous son aile, et puis la mécanicienne n'avait pas assez confiance pour la suivre aveuglement. "Nous n'avons malheureusement pas la chance d'accueillir des loups dans notre vaisseau." plaisanta-t-elle au risque de se faire réprimander sévèrement. Ne jamais chercher une personne inconnue, armée en plus de ça.

Elle changea d'arme et Ava se remit correctement en position, gardant son sac prêt d'elle. "Il est hors de question que je retourne là-bas. Je ne peux pas, je préfère mourir dans les bois." lâcha-t-elle, le regard brûlant d'un courage qu'elle n'avait pas peur de dévoiler. Elle en avait plus qu'assez d'obéir à ces monstres et à courber l'échine pour ne pas mourir pendue. Elle se redressa, le dos droit, le menton fier. Ne jamais montrer sa faiblesse à qui que ce soit. "Apprends moi à me défendre contre ses bêtes, seulement ça et je me débrouillerai pour prouver ma valeur aux Natifs."

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J'essaie de comprendre véritablement ce que Ava souhaite. Quitter les siens, oui, mais après ? Si elle souhaitait vivre, même en solitaire, elle aurait toujours des comptes à rendre. Au chefs de clans pour les territoires sur lequel elle passera si elle ne veut pas se faire tuer. Elle devra faire face à la nature, aux voleurs et j'en passe. Elle devra savoir chasser, troquer, connaître le terrain... Son sort futur m'inquiète étrangement. Elle a quelque chose qui me rappelle Osana, ma défunte petite-sœur.

« J'imagine, cependant, personne ne t'as appris à survivre ? Le minimum ? » Demandais-je en terminant d'aiguiser ma dague que je range dans ma botte. La conversation devient beaucoup plus intéressante et je préfère y mettre toute ma concentration. « Si tu veux apprendre à te défendre, tu dois apprendre à te battre, Ava. La vie chez les natifs est un combat perpétuel. En ces temps de guerre, la tête de chaque Skaikru est mise à prix. »

Je passe ma main contre ma mâchoire. Mon regard se fait moins dur sur la Skaikru. Sa posture devient soudainement plus assurée, son regard déterminé me prouve largement qu'elle souhaite apprendre plutôt que rentrer chez les siens. Un sourire nait sur mes lèvres pendant quelques secondes. Je me penche un peu vers elle.

« Que souhaites-tu réellement, Ava ? » Demandais-je. « Être une guerrière ? Une nomade ? Explique moi ce que tu cherches et je serais peut-être en mesure de t'aider. »

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Survivre, il y avait certes eu les quelques cours sur la faune et la flore, mais cela remontait à si loin. Puis la théorie était extrêmement loin de la pratique, elle devait l'avouer. Tout avait semblé si simple avec l'explication de leur professeur, mais confronte à la réalité, l'archéenne se rendait enfin compte de la dangerosité de son nouveau monde. Pourtant, elle refusait l'idée d'abandonner et de rebrousser chemin, elle préférait s'éclater le crâne contre un rocher plutôt que de céder à la facilité et à la soumission. Elle braqua un regard brûlant de détermination et de courage en direction de la native, se redressant, effaçant la moindre trace de faiblesse de son visage. "Je sais me nourrir de plantes, mais jamais l'art de la chasse nous a été appris non. Il est trop dangereux d'apprendre aux archéens de se battre, ils pourraient se rebeller après tout." Jamais elle n'abandonnerait son amertume envers eux.

Les informations données par Ankara ne l'effrayèrent pas, la mort était surfaite et les combats ne lui donnaient aucune angoisse, pas maintenant en tout cas. Elle ne pouvait jurer de faire face à l'ennemi le jour venu, mais encore une fois jamais elle n'abandonnerait. "Je veux vivre, je veux être libre." Elle inspira profondément et détourna le regard un instant, l'éclat obscur de la nature lui fit comprendre l'abysse qu'était son destin. "Je veux me sentir utile, intégrée et surtout me venger de ceux qui ont causé mon malheur." Ses doigts se crispèrent sur ses genoux. "Et je suis prête à tout pour ça. Oublier mon nom, oublier mes principes et mes valeurs, je veux renaître."

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Ava semblait vraiment ne pas vouloir retourner chez les siens. Comment l'en blâmer si elle avait été aussi injustement condamnée. Je passe le dos de ma main contre mon front tout en l'écoutant afin de retirer un peu de poussière de mon visage. Elle est plus que décidée et la détermination est une qualité rare à trouver de nos jours. Apparemment, les "Archéens" comme elle les appelaient, ne leurs apprenaient pas à se battre. La jeune femme possède une envie d'être libérée de ses chaînes. Semblable à un louveteau prit dans un piège Trikru. Je pouvais l'aider à se libérer et à devenir une louve.

« Je peux t'aider à te délivrer de tes chaînes, Ava kom Skaikru. » Déclarais-je d'une voix démontrant du respect. « Si tu le souhaite, tu peux devenir ma seconde. »

Je n'avais jamais pensé proposer cela à une skaikru, mais Ava était différente. Je sentais une force d'esprit en elle.

« Un second est une personne en apprentissage. Il apprend de son mentor. Il se consacre pleinement à sa nouvelle éducation. » Expliquais-je. « Si tu deviens ma seconde, je t'apprendrai à te battre, à te défendre, à connaître le terrain. Mais je t'apprendrai aussi à parler notre langue, à chasser et à survivre. Cependant, je dois t'avertir qu'il ne s'agit pas d'une décision à prendre à la légère. Tu dois être certaine de le vouloir. »

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Une aide tombée du ciel, enfin façon de parler bien entendu, Ava avait du mal à croire que tout ceci était bien réel. En à peine une poignée d'heures, elle avait su délivrer ses ailes de ses chaînes et rejoindre l'envole d'un oiseau protecteur. Etait-ce un piège pour l'enfermer de nouveau dans une société qui ne l'intéressait guère? L'archéenne resta longuement muette, son regard ne quittait pourtant pas la guerrière. Elle avait peur qu'un refus entraînât une mort certaine et ses jambes n'avaient plus la force de la porter loin des dangers, et puis face à un cheval, elle n'avait aucune chance.

Seconde, le mot la fit presque sursauter et elle tendit l'oreille pour gagner de nouvelles informations cruciales à sa réponse. Un lourd poids s'abattit sur ses épaules et ses doigts se crispèrent sur ses genoux. La responsabilité était élevée et son cœur s'affolait de ce choix dans sa poitrine fatiguée. N'avait-elle pas le droit à quelques jours de réflexion avant de s'engager ainsi pour la vie? Elle venait à peine de goûter à la liberté qu'on la lui arrachait déjà de la bouche. "Je..." L'offre était pourtant tentante, faire d'elle une guerrière lui permettrait de s'affirmer dans ce nouveau monde et d'acquérir de précieux droits. "Je... Je ne sais pas. C'est une décision lourde à prendre et je suis trop épuisée pour vraiment y réfléchir." Son regard était hésitant et sa gorge se nouait au fil de son discours. "Ne pourrais-je pas avoir plus de temps?"

by tris

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