Compétition du plus mauvais karma (Feat Alice)

Alice Worthington & Artyom Azarov

L’eau froide coulait à un débit irrégulier. Plus d’eau chaude, il n’y en avait jamais assez pour tous les prisonniers. Le brouhaha, produit par la dizaine de délinquants présents dans les douches communes, était à la limite de l’insupportable. Ils criaient, s’interpellaient, se racontaient les dernières nouvelles. Dans sa cabine Artyom arrivait à passer outre, il s’habituait même s’il préférait le silence. Il le devait, il était coincé dans la Skybox pour encore au moins cinq ans. Le jeune homme allait quitter la cabine quand ce fut le trou noir.
Il se réveilla, allongé sur le ventre, un mal de crâne presque une migraine prenait progressivement place. Artyom se releva doucement et toucha sa tempe, ses doigts lui revinrent ensanglantés. Une goutte de sang puis une deuxième tombèrent au sol teintant l’eau de rouge. Il s’était abimé également le nez apparemment. Il sortit de la cabine et se rhabilla rapidement. Certains des jeunes présents lui demandèrent si ca aller, il ne répliqua pas, trop paniqué. Il commençait à voir flou. Dehors il trouva Jean-Claude, un des gardes les plus sympathiques avec lui.

« Qu’est ce qui s’est passé ? T’es encore tombé ? On va a la Med Station mon garçon c’est peut être grave. »

Artyom se contenta d’acquiescer, content et soulagé qu’un adulte prenne la situation en main. Il avait craint de ne pas trouver Jean-Claude. Les autres gardes n’étaient pas des plus gentils avec l’adolescent, ils le considéraient comme un voyou, un criminel, ils n’essayaient jamais de comprendre comment les délinquants avaient pu atterrir dans la Skybox.
Sur le chemin de la Med Station Artyom sentit les regards peser sur lui. Il avait les environs de la bouche et des narines ensanglantées, et les cheveux près de la tempe gauche poisseux de sang. Et il portait des menottes évidement, elles n’étaient pas serrées au maximum. Jean-Claude savait qu’il n’avait rien à craindre de l’adolescent. Ils finirent par arriver dans une Med Station bondée avec des médecins et des infirmiers courant partout. Il n’y avait plus qu’un lit vide où Artyom s’assit doucement, avec toujours l’impression d’avoir le crâne coincé dans un étau. A côté il y avait une fille brune, le bras dans un drôle d’angle. Il ne l’avait jamais vu auparavant.

« Bonjour… C’est pas trop grave ce qui t’es arrivé au moins ? »

Il lui sourit gentiment. Malgré le sang sur sa bouche et ses menottes il avait plus la tête d’un chien battu que d’un psychopathe.

Alice Worthington & Artyom Azarov

Le personnel soignant semblait débordé ou sur le point de l’être. La jeune inconnue et Artyom ne seraient pas pris en charge avant un moment. Ça leur laisserait le temps de discuter et de faire un peu connaissance. Le jeune homme ne faisait plus de nouvelles rencontres depuis un moment. Il n’y avait pas de nouveaux prisonniers tous les jours, c’était même assez rare. Même s’il était facile de se faire emprisonner, la plupart des jeune se tenaient à carreaux, connaissant la lourdeur de la sentence qui les attendaient au moindre faux pas. La jeune blessée ne devait pas venir de la station Agro, son visage lui aurait au moins dit vaguement quelque chose. Si elle avait l’habitude de se blesser elle était soit casse-cou soit très maladroite.

« J’ai glissé dans la douche, une mauvaise habitude aussi. Je m’appelle Artyom et toi ? »

Il souleva légèrement ses mains pour lui montrer ses menottes et sourit.

« Ne t’inquiètes pas, je n’ai tué personne. »

Le meurtre, l’une des premières choses auquel les Archéens pensaient en voyant un prisonnier. Ils imaginaient toujours le pire. Pourtant casser une table pourrait presque être passible d’emprisonnement. Si Artyom devait haïr l’Arche ce serait pour ça, sa facilité à emprisonner des adolescents ou des enfants.

Alice Worthington & Artyom Azarov

La migraine ne partait pas, sans médicaments elle mettrait un long moment à s’en aller. Mais parler aidait Artyom à oublier un peu la douleur. La jeune inconnue s’appelait donc Alice, cela lui fit penser au livre de Lewis Carroll. C’était l’un de ses romans préférés, sa maman lui lisait certains passages, le soir, quand il était tout petit. Alice ne ressemblait pas physiquement à celle du livre, mais peut être avait elle le même caractère. Qu’elle sous-entende qu’il ait menti faillit le mettre en colère. Il détestait qu’on remette en cause son honnêteté, c’était une qualité importante pour lui. Ca ne lui viendrait jamais en tête de mentir, cela lui semblerait lâche, bas et inutile, la vérité faisait déjà suffisamment mal. Mais Alice fit un clin d’œil avant de rire. Elle le taquinait, rien de plus. Artyom se détendit et retrouva un sourire perdu pendant quelques secondes.

« De la station Agro et toi ? »

Il ne pouvait pas connaitre la station d’origine d’Alice. A part aux grands événements où tous les Archéens se rassemblaient, chacun restait dans sa station et se mêlait très rarement aux autres. A part à la Med Station évidemment, mais c’était un lieu où tout le monde était au même niveau, où les blessures et les maladies éclipsaient les privilèges.

« Et ton prénom est très joli. Ça fait penser au livre Alice au Pays des Merveilles, tu l’as lu ? »

Alice Worthington & Artyom Azarov

La station Arrow ? Artyom la connaissait bien. Il n’y était jamais allé, n’ayant pas de raisons ni l’envie d’y trainer, mais sa maman lui en parlait souvent. La station appartenait à la Russie, au pays de ses ancêtres, avant le jour de l’Unité. Maintenant elle servait à entreposer l’armement et à former les gardes. La majeure partie de ses habitants n’avaient pas le sang russe. Si c’était le cas son prénom ne paraitrait pas original à Alice. Mais sa question lui faisait plaisir, il avait l’impression que ça lui faisait plaisir de discuter avec lui. Peut être était ce réellement le cas, sinon elle aurait sûrement mis rapidement fin à la conversation.

« Mes parents étaient russes alors ils m’ont donné un prénom de cette origine. Je parle aussi la langue, enfin juste les bases. »

Il ne se vantait pas même s’il était rare d’avoir une deuxième langue maternelle, il se contentait d’énoncer un fait. Cela l’étonna qu’Alice ne connaisse pas le livre éponyme, Artyom pensait que c’était un roman connu. Il y a longtemps sa maman lui avait même montré des adaptations en film. Mais il était content de pouvoir lui apprendre quelque chose, de partager une histoire qu’il aimait beaucoup.

« Dans le livre une petite fille, Alice, s’ennuie et quand elle voit un lapin elle décide de le suivre. C’est pas un animal comme les autres, il parle et il a une redingote. Alice tombe dans le terrier du lapin et après une très longue chute elle se retrouve dans un monde complètement différent du sien, et elle va rencontrer plein de personnages plus étranges les uns que les autres. Genre il y a un chat qui sourit, une chenille qui fume…. C’est un peu un livre pour enfants mais ça te plairait peut être. »

Si Artyom n’était pas coincé dans la Skybox il aurait essayé de lui en dégoter une version.

Alice Worthington & Artyom Azarov

La classe de savoir parler russe ? Peut être. Ca ne servait pas à grand-chose, peu de personne parlait cette langue. Du coup pour insulter discrètement les gardes ou les professeurs c’était très pratique. En souriant Artyom acquiesça à la demande d’Alice. Il ne savait pas si leurs chemins se recroiseraient un jour, mais il pourrait lui en apprendre un ou deux maintenant. Bonjour ou merci. Quelque chose dans ce genre. De toute manière il ne pourrait pas lui apprendre plus que les bases. Ca faisait un moment en plus qu’il ne pratiquait pas. Personne pour parler russe dans la Skybox.

« C’est pas très facile mais bonjour par exemple c’est : Zdravstvuyte. Et merci : spasibo »

Artyom répéta plus doucement les deux mots. La prononciation était loin d’être facile pour les débutants.
En imaginant la Alice en face de lui dans le monde des Merveilles il faillit rire mais se retint, de peur qu’elle le prenne mal. Il ne la connaissait pas assez pour savoir si elle se vexait facilement. Cela ne semblait pas être le cas mais autant ne pas prendre de risques. Mais il l’imaginait bien converser avec le Chat ou le Chapelier.
La question fatidique débarqua. Artyom s’y attendait. Il ne le prenait pas mal, c’est normal d’être curieux. Au moins elle ne l’accusait pas directement de meurtre ou de choses que seules les vilaines personnes font.

« Ma maman est tombée malade et les médecins arrivaient pas à la soigner. Alors j’ai volé des médicaments, je pensais que ça pourrait l’aider. Mais les gardes m’ont pris la main dans le sac. Ils m’ont même pas laissé lui dire au revoir…. »

Il perdit son sourire en repensant à ces souvenirs douloureux. Il ne lui avait même pas permis de la soutenir dans ses derniers moments.

Alice Worthington & Artyom Azarov

Alice tenta de prononcer les deux mots. Evidemment elle n’y arriva pas du premier coup. Artyom ne put s’empêcher de sourire. Ce n’était pas moqueur bien au contraire. Elle semblait si fasciné et déterminée à dire ces deux mots, si simples pour un russe, correctement. Elle ressemblait à un enfant faisant une nouvelle découverte et Artyom trouvait cela à la fois mignon et touchant. Il reprit Alice à une ou deux reprises avant qu’elle ne sache dire bonjour et merci correctement. Le russe avait une sonorité particulière et très rude qu’il n’était pas toujours facile de bien reproduire.

« Tu veux que je t’apprenne d’autres mots ? »

Cela faisait très plaisir aussi à Artyom de partager un peu de son savoir, de voir que cela intéressait quelqu’un. Cela faisait toujours du bien de se sentir écouté, d’avoir la certitude de ne pas parler dans le vide.

Après avoir parlé du livre la discussion prit un tout autre tournant, plus sensible, plus triste. Mais pour Artyom ce n’était pas grave, il s’y attendait et sentait que la jeune fille pourrait le comprendre. Il vit que sa réponse laissait Alice sans voix. Elle pensait peut être à de la dégradation de locaux ou d’un banal vol, de nourriture par exemple. Alice retrouva la parole. Il esquissa un sourire triste à sa déclaration et posa une main affectueuse sur le genou de la jeune fille. Il ne se sentait pas assez à l’aise pour la prendre dans ses bras. Elle n’était peut être pas du genre tactile. De plus Jean-Claude, même s’il était gentil ne pourrait les laisser avoir un contact physique. Il laissait passer pour cette fois mais continuait de les surveiller.

« Comment ? Si ce n’est pas indiscret et que cela ne te dérange pas d’en parler bien sûr. »

Artyom savait que les « désolés ou « toutes mes condoléances » étaient souvent sans effet ou vides de sens. Pour la soutenir il ne pouvait que lui offrir une oreille attentive.

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Alice semblait vraiment heureuse d’apprendre de nouvelles choses. Les gens ayant soif d’apprendre étaient toujours plus intéressants que ceux préférant rester dans leur ignorance. Artyom appréciait la jeune fille et espérait qu’ils pourraient devenir amis. C’était un espoir utopique. Il était enfermé dans la Skybox pour encore de nombreuses années, s’ils se recroisaient ce serait dans la Med station. Or, plus il s’en tenait loin mieux il se portait. Il y avait trop de mauvais souvenirs ici, Artyom avait accompagné sa mère aux nombreux examens, c’était ici qu’il avait compris que les médecins ne feraient rien. Heureusement pour l’instant Alice lui permettait de faire abstraction et ne pas trop y penser. Quels mots simples il pourrait lui apprendre ? Une idée lui traversa l’esprit et il afficha un sourire malicieux.

« Dans ce cas… si tu veux insulter des gens il y a podonok pour raclure et podlets pour salaud. »

Plus facile à prononcer il les répéta tout de même une deuxième fois plus doucement. Il imaginait déjà Alice insulter un professeur. Oui, la jeune femme avait bien le caractère pour faire une chose pareille. Ca se voyait qu’elle n’était pas du genre à se faire marcher sur les pieds facilement.

Artyom n’était pas sûr de recevoir une réponse à sa question. Certaines personnes préféraient ne pas parler de la mort de leurs proches, pour ne pas remuer de vieux souvenirs ou ne pas avoir l’impression de se plaindre. Mais Alice lui répondit très franchement et sans hésitation. Une crise cardiaque. Au moins sa mère n’avait pas souffert, de ce qu’en savait Artyom c’était quasiment fulgurant. Malheureusement la rapidité empêchait également très souvent de sauver la personne. Alice ne semblait pas avoir eu une enfance très facile également. Le narcoleptique s’y connaissait assez pour savoir qu’une opération du cœur, surtout très jeune, on ne s’en remettait pas aisément.

« Au moins elle n’a pas dû souffrir. En tout cas, ton père est toujours là pour te soutenir, non ? »

Peut être indiscret mais Artyom n’avait pu s’empêcher de poser la question. Perdre un parent était déjà une épreuve, devoir y faire face seul devenait rapidement insurmontable.

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Artyom regarda attentivement Alice prononcer les deux insultes. Il l’aida comme pour les mots précédents. Un avantage de s’être cogner la tête dans la douche, instruire quelqu’un. Si cela lui permettait de faire des rencontres aussi chouette à chaque fois, il se blesserait plus souvent. Il décida d’arrêter la leçon pour l’instant. Si elle retenait ces quatre mots ce serait déjà bien, il ne voulait pas la surcharger d’informations non plus. Artyom était certain qu’Alice utiliserait une des insultes au moins une fois, et il aurait donné beaucoup pour le voir, surtout la tête déconfite du mec en face. Malheureusement, à moins qu’elle n’atterrisse dans la Skybox, ce qu’il ne lui souhaitait clairement pas, il n’y avait aucune chance pour qu’il assiste à une scène pareille un jour . Mais la discussion dériva sur des sujets complètement différents et il oublia vite les leçons et l’image d’une Alice insultant un garde en russe. Les questions sur les parents, sur la Skybox débarquèrent et il fut compliqué de penser à autre chose qu’au passé, qu’aux erreurs.

Artyom vit la grimace et craignit la réponse à sa question. L’idée de la blesser même involontairement ne lui plaisait pas du tout, et il se sentait déjà un peu coupable d’avoir pu faire remonter de vieux souvenirs douloureux. Du genre qu’on préfère laisser dans les abysses de l’esprit, mais qui finissait irrémédiablement par revenir à la surface. Le « non » sortit franchement et Artyom se sentit directement coupable d’avoir lancé le sujet sur les pères. C’était dans la lignée de leur conversation mais il aurait pu trouver autre chose, partir sur quelque de chose de plus léger. Evidemment il respecta le silence d’Alice et pressa gentiment le genou de la jeune fille en signe de soutien. Si elle ne voulait pas plus en parler il comprendrait. Il s’apprêtait d’ailleurs à le lui dire mais elle le devança. Elle ne l’avait pas connu. C’était triste et horrible mais c’aurait pu être pire. Artyom s’en voulut de penser ça, mais, contrairement à certaines personnes elle ne l’avait pas vu se faire éjecter. En ne l’ayant pas connu elle ne pouvait pas souffrir de sa possible perte. C’est ce que le narcoleptique se répétait à chaque fois qu’il pensait à son père. Ce fantôme sans visage.

"Je comprends… Je n’ai pas connu mon père non plus, il a été éjecter avant ma naissance. Il avait tabasser un garde, d’après ma mère il n’était pas violent de base, mais il a pas apprécier de se faire insulter à plusieurs reprises. Tu sais un peu qui il était le tien ? Enfin si ça ne te déranges pas d’en parler."

Alice Worthington & Artyom Azarov

Le sourire d’Alice était tendre, sa main douce et rassurante. Elle comprenait. Cela faisait du bien de se sentir compris. De voir autre chose que la pitié dans les yeux de son interlocuteur, de ne pas entendre les fameuses condoléances et les mots d’excuses. Artyom ne comprendrait jamais pourquoi les gens s’excusaient. Ce n’était pas de leur faute, et si c’était le cas un désolé ne suffirait pas. Peut être ils se sentaient coupables de ne pas savoir quoi faire, comment réagir, comment soutenir celui qui avait perdu un ou plusieurs êtres chers. Alors ils s’excusaient, ne sachant pas qu’un simple geste, une simple présence pouvait changer beaucoup de choses. Alice lui souriait, lui prouvait sa présence. Cela suffisait à Artyom. Il se sentait soutenu, il n’avait besoin de rien d’autre, il ne demandait pas plus.

La mère d’Alice n’aurait pas dû taire l’identité du père. Alice méritait de le savoir, pouvoir mettre au moins un nom ou un visage sur un fantôme. Comprendre pourquoi il n’était pas resté, pourquoi il avait préféré prendre la fuite, être certaine que ce n’était pas car elle était un accident. Tant de questions auraient pu la perturber, la tourmenter. Mais, apparemment ce n’était pas le cas. Alice semblait très bien le vivre. Son sourire était sincère, elle disait la vérité sans aucun doute. Elle s’en fichait. Tant mieux. Elle devait déjà surmonter la mort de sa mère, elle n’avait pas besoin de questions sans réponses en plus.

Des visites à la Skybox… Bien sûr ils y en avaient. Sauf pour quelques prisonniers vraiment dangereux ou gardés en isolement, mais ils n’étaient pas beaucoup dans ce cas. Artyom ne savait pas comment fonctionnait le système de visites, savait juste qu’il existait. Personne ne venait lui rendre visite, ses amis de la station Agro l’avaient sûrement déjà oublié ou ne voulaient pas être vu avec un délinquant. La pensée qu’Alice vienne le voir le fit largement sourire.

« Si bien sûr ! Ce serait chouette qu’on se revoie même si c’est dans la Skybox. Enfin attention je pourrais finir par avoir une mauvaise influence sur toi. Après tout je suis un dangereux délinquant. »

Artyom lui fit un clin d’œil et retira sa main du genoux de la jeune fille. Le mal de tête reprenait, plus lancinant et, même s’il appréciait grandement la compagnie d’Alice, il espérait qu’un médecin finirait par le prendre en charge.

Alice Worthington & Artyom Azarov

La Med Station… Pas un lieux joyeux en temps normal, pas le genre d’endroit où l’on se précipite pour faire la fête, plus théâtre de larmes que de rires. Jusqu’à aujourd’hui Artyom n’avait aucun souvenir joyeux relié à cet endroit, il ne le voyait que comme un lieu où il ne pouvait se passer que de mauvaises choses, où les bonnes nouvelles n’avaient pas leur place, n’auraient jamais leur place. Le jeune homme pourrait presque remercier Alice de lui avoir fait changé sa vision des choses. Peut être un jour. Peut être qu’en réalité elle allait partir de la Med Station, retourner à sa vie et l’oublier. Il ne l’espérait pas, cette perspective l’effrayait. Mais, malgré sa naïveté, il avait conscience du fossé entre eux deux, il était un délinquant coincé dans la Skybox pour un moment. Pas le genre de relations à entretenir. Mais Alice semblait en avoir rien à fiche, cela le rassurait un peu. Puis le destin ne pourrait pas être aussi cruel, si ? Il avait déjà fait assez son bâtard comme ça, ce serait bien qu’il apporte du positif pour une fois. Le rire d’Alice faisait plaisir à entendre. Elle tira la langue à un infirmier et Artyom laissa échapper un rire. Il appréciait vraiment cette fille. Certaines se seraient confondus en excuses, elle, elle tirait la langue.

Un médecin s’approcha d’Alice pour enfin s’occuper du bras blessé de la jeune fille. Ca devait lui faire atrocement mal. Artyom aurait aimé la réconforter, la distraire quand le docteur remettrait l’os en place. Mais il fut distrait par un médecin.

« Azarov ! Qu’est ce que t’as encore foutu ? C’est pas possible, tu vas vraiment te faire mal un jour. Oui je sais ce n’est pas de ta faute mais quand même ! Allez, examen rapide. Tu connais le délire maintenant. »

Examen rapide pour vérifier que le cerveau n’était pas gravement touché et le médecin s’éclipsa pour récupérer des médicaments. Alice, de son côté, était de nouveau sur pied, elle l’embrassa sur la joue, il lui adressa un dernier sourire.

" Merci. Prends soin de toi et évite de te refaire mal. C’était cool de te rencontrer. "

Et elle partit. Artyom récupéra ses médicaments, écouta les conseils habituels et s’en alla à son tour. Retour à la Skybox.